ParaMag - N°397 - Juin 2020 - 10

Antoine Alacusos

RÉFLEXION

« DEMAIN EST ANNULÉ PAR
MANQUE D'INTÉRÊT »
Par Yves-Marie Guillaud

« Demain est annulé par manque d'intérêt » avait écrit Guy Sauvage à la fin des années 80.
Ce « slogan désenchanté » était-il prémonitoire alors que toute l'activité parachutiste a été arrêtée en
2020 ? Comment sera le parachutisme de demain ? Faute d'idées neuves, survivra-t-il dans un éternel
et lassant recommencement de l'existant ? Quels sont les mécanismes décisionnaires à mettre en
œuvre si on veut le faire évoluer ?

C'était l'époque, fin 70, du BDC, le Bal
des C..., « un club sectaire doté de
statuts purement oraux dont les membres
sont cooptés en fonction de leur aptitude
à réaliser une très belle c....... »,
rappelait Guy Sauvage avec gourmandise
en l'an 2000 dans un ParaMag horssérie, et du CGV, le Club des Grandes
Vaches, « dont la carte de membre
rappelle le devoir essentiel de l'impétrant :
ne jamais poser le pied sur un carreau».
C'était l'époque des équipes de VR qui
rigolaient avec des noms évocateurs :
GLLOQ, Les Cénobites Tranquilles,
Galoufs, Bizarrius, Panthères roses,
et plus tard Sassarose, avant que la
bien-pensance fédérale interdise ce type
de noms jugés attentatoires à l'image du
parachutisme, alors qu'il en était
peut-être l'essence même.

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Car, «Le parachutisme a la chance
d'être turbulent, mais ce n'est pas un
hasard. Il a été construit par une poignée
d'hommes turbulents, et continue de se
faire aujourd'hui grâce à l'existence de
milliers d'autres hommes de la même
race qui, par le simple fait d'avoir décidé
un jour de passer une porte d'avion,
ont exprimé leur choix d'être autre chose

que des spectateurs béants de leur vie.
Rien d'étonnant à ce que ces gens-là ne
soient pas toujours faciles», expliquait-il
en 1988 dans ParaMag.
Mais revenons à cette période de la fin
des années 70 et du début des années
80, toujours avec Guy Sauvage :
«L'effervescence imaginative est de
règle. L'art de la facétie n'est pas seul
à faire bouillonner les cerveaux.
Car si un dépoussiérage de la parachuterie d'alors s'impose, la structure fédérale
n'apporte pas de réponse satisfaisante.
Il faut faire quelque chose». «C'est la
naissance du Groupement de Travail
et de Recherche. Le GTR se réunit
où il peut, et élabore des projets de
changements à propos de tout.
Tout y passe. On trouve une solution
théorique à tout. C'est vivant, c'est
pagailleur, mais d'une incroyable richesse
inventive. La FFP ne veut pas sortir
de sa sclérose ? Alors créons une
Fédération de la Chute Libre
Indépendante».
«Les révolutionnaires s'imposeront
finalement par la voie élective, et si les
idées parfois radicales du GTR ne verront

pas toutes le jour, certaines d'entre elles
accompagneront Bernard Colas lorsqu'il
parviendra à la présidence de la FFP »,
conclut Guy Sauvage. C'est sous la
présidence de Bernard Colas, élu en
1982, 1985 et 1989, que le parachutisme quittera ses derniers oripeaux
militaires hérités de sa création en 1949
par des militaires (ses présidents étaient
tous colonels de 1950 à 1968, puis de
1997 à 2008), ses dorsaux-ventraux
et ses bottes de saut pour entrer dans
l'ère contemporaine.
Désenchanté, Guy Sauvage écrira
cependant un septennat plus tard en
1989 dans ParaMag : «La situation
politique du parachutisme est désastreuse. Personne il prêche pour l'intérêt
général en dorlotant le sien, personne
il distribue d'honorifiques et impériaux
pincements d'oreilles pour récompenser
les cireurs de pompes, personne
il prétend représenter le parachutisme à
lui tout seul, personne il commet d'abus
de pouvoir, personne il peut critiquer
personne puisque tout il est parfait ».
«Tout cela est d'une tristesse affligeante.
Où sont les empoignades de jadis

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