ParaMag - n°336 - Mai 2015 - 27

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AVENTURE

binaisons techniques conçues pour ce
genre d'expédition, plus deux ou trois
"couches" de vêtement chaud, et technique également. Pour le visage et la tête,
nous avions une cagoule, un masque
anti-froid, une chapka, un deuxième
masque anti-froid, la capuche et un gros
masque de snowboard. Le mien comportait
deux écrans en verre superposés
et enduits, dans l'intervalle, d'un film
spécial et gras antigivre."
Vers 6 heures du matin, l'Iliouchine
approchait de la zone la plus septentrionale
du globe, visant son point géographique
le plus extrême. L'avion devait d'abord
effectuer plusieurs passages bas, un premier
à 300 mètres, afin que les parachutistes
règlent leur altimètre, puis deux autres à
600 mètres pour larguer les chenillettes
et les palettes de matériel, nourriture
et pétrole. Mais l'équipage russe dut accélérer l'opération, car les conditions météorologiques étaient en train de se dégrader.

Mario Gervasi et Xavier le Draoullec en chute audessus du pôle Nord. Le reportage en images
est assuré par trois caméras embarquées.
Photo Mario Gervasi - Les pôles de l'espoir

Top largage

Une vive émotion envahissait les quatre
sautants lorsque la tranche arrière s'ouvrit
à nouveau. C'était à leur tour. Pour Mario,
ça allait être un retour à des sensations
fortes qu'il avait déjà connues en sautant
quatre fois au pôle Nord et deux fois au
pôle Sud. Des sensations très vives attendaient aussi Xavier, parfaitement capable
de gérer les puissantes montées d'adrénaline qu'il avait déjà connues au cours de
ses carrières militaire et sportive. Quant à
Raphaël, le journaliste, il allait très certainement être submergé parce qu'il allait
vivre, harnaché au buste de Sylvain qui,
lui, savait que l'instant magique se trouvait
là, après le passage de la tranche.
Un tandem russe et un solo sautèrent en
premier afin d'aller compléter l'équipe déjà
au sol. Puis Mario et Xavier s'avancèrent
vers la tranche arrière. Dans ce type de
largage, les conditions sont si froides que
l'équipage de soute doit assister la mise en
place des tandems, pour les aider à garder
leur équilibre sur le bord de la tranche
givrée. Durant ce passage délicat,
la prothèse de Xavier glissa, se mit de
travers et se déclipsa.

Avec une vitesse de largage de plus de 300
km/h, les pilotes tandems ne sortent pas le
ralentisseur immédiatement. En pleine accélération, la prothèse flottant dans la combinaison créa une traînée latérale
importante qui engendra quelques tours
difficiles à contrôler. Comme un éclair, les
premières craintes traversèrent l'esprit de
Xavier et de Mario : le posé sans prothèse
d'abord, et puis le risque qu'en chute la
pièce métallique désolidarisée déchire la
combinaison. Avec une température extérieure allant de -80 à -60 degrés, une telle
situation pourrait avoir des conséquences
regrettables. Mais grâce à son expérience,
Mario parvient à déployer le RSE dans de
bonnes conditions. Et grâce à son sang
froid et sa ténacité, Xavier parvint à refixer
sa prothèse en chute.

Vives sensations

Quant à Sylvain et Raphaël, ils avaient
rapidement sauté derrière Mario et Xavier.
Il fallait peu d'écart entre les deux tandems
pour se regrouper sous voile et se poser
proches les uns des autres. En effet,

27
Mai15:336
paramag.fr

"Ces largages de containers furent
très impressionnant, explique Sylvain,
je n'avais jamais vu ça auparavant !
Les palettes furent extirpées hors du ventre
de l'avion par un système d'extracteur
qui ensuite déclenchait l'ouverture des
parachutes. Deux minutes plus tard,
les lourdes charges se posaient sur la
banquise tout proche du point géogra-

phique du pôle Nord. Puis l'Iliouchine
attaqua immédiatement son ascension
vers les 4 500 mètres d'altitude..."

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