ParaMag - n°336 - Mai 2015 - 26

Le camp de base installé au pôle par les Russes
afin d'accueillir l'équipe de Mario Gervasi.
La température extérieure affiche -35 à -40 degrés.
Photo Raphaël Gues - Les pôles de l'espoir

AVENTURE

une gigantesque ville portuaire située au
bord de la mer des Barents qui, vers le
Nord, se mélange à l'Océan Arctique.
À bord d'un Iliouchine 76, Mario, Sylvain,
Xavier et Raphaël allaient décoller de
Mourmansk pour se rendre directement au
pôle Nord, soit 3h30 de vol pour couvrir
2500 km au-dessus des eaux froides,
puis la banquise. L'Iliouchine ne pouvant
pas se poser sur la glace, l'expédition parachutiste allait devoir sauter directement,
et sans reconnaître la zone. Après le largage,
l'Iliouchine rentrerait à Mourmansk en
laissant tous les parachutistes sur place.

Départ retardé

Pour cette aventure, Mario et son équipe
allaient être assistés par une équipe de six
Russes en charge d'installer le camp de
base sur le pôle Nord. Parachutistes eux
aussi, les Russes allaient sauter et larguer
une partie du matériel la veille du saut de
l'équipe française. Puis l'avion rentrerait à
Mourmansk tandis que les Russes installeraient le camp de base.
Au lendemain du départ des Russes,
l'Iliouchine quitterait à nouveau Mourmansk emmenant cette fois Mario, Sylvain,
Xavier et Raphaël, ainsi que trois palettes
de matériel supplémentaire comptant du
pétrole pour se chauffer, de la nourriture et
deux chenillettes pour que l'équipe russe
puisse préparer une piste d'atterrissage
afin d'assurer la récupération de tout le
monde par avion, deux jours plus tard.

Mai15:336
paramag.fr

"Après que les Russes soient partis pour le
pôle afin d'installer le camp de base,
nous sommes restés en stand by durant
trois jours à Mourmansk pour cause
météo, explique Sylvain de Gorter.
Nous avons eu le temps de découvrir
Mourmansk, une ville du bout du monde
très particulière. Au soir de notre troisième
jour d'attente, à 20 heures, les prévisions
météo devinrent bien meilleures

et on nous donnait le feu vert pour
décoller. Rendez-vous donc au pied
de l'Iliouchine à minuit. Chargement du
matériel, un ultime briefing, puis nous
décollions à 3 heures du matin, direction
le pôle Nord. La pression montait."

Arrivée sur le pôle

Dans le ventre de l'Iliouchine,
les trois grandes palettes de matos étaient
solidement arrimées, engagées sur les rails
le long desquels elles glisseraient pour être
happées dans l'immensité glaciale du ciel
polaire. Pour l'équipe parachutiste,
l'ambiance était très particulière.
Un mélange d'excitation et de tension
engendrait une concentration s'intensifiant
alors que l'instant du largage approchait.

"Mario connaissait le pôle Nord pour y
avoir déjà sauté plusieurs fois. Il savait à

Départ de l'Iliouchine 76 à la verticale du pôle Nord.
Photo DR

quoi s'attendre, raconte Sylvain.
Il m'avait bien briefé, surtout pour la partie
sous voile et l'atterrissage dans des conditions particulières. J'étais prêt. Je savais
que, lorsque la tranche arrière s'ouvrirait,
j'allais brutalement basculer dans un autre
monde. Nous étions équipés de sous-com-

Anecdotes

Il faut plus qu'un parachute égaré et un accident de taxi pour arrêter Mario Gervasi
lorsqu'il est en route vers le pôle Nord... Il n'empêche que l'aventure a failli s'arrêter
avant même de vraiment commencer. À l'arrivée d'un vol commercial pour effectuer le
trajet Saint-Pétersbourg - Mourmansk, Mario n'a pas vu son sac à parachute arriver
sur le tapis à bagage, alors que tous les autres avaient déjà récupéré les leurs. Ceux
qui ont déjà voyagé avec leur parachute en soute sans pouvoir le récupérer à l'arrivée
connaissent ce grand moment de solitude. Cette sensation désagréable est décuplée
par le prix du tandem Sigma et son importance primordiale dans une telle expédition.
Finalement le parachute a été récupéré juste à temps avant le départ pour le pôle,
presque miraculeux.
Après trois jours d'attente à Mourmansk, les prévisions météo se sont améliorées
et le rendez-vous pour décoller était fixé à minuit au pied de l'Iliouchine. À 20 heures,
les quatre Français ont donc sauté deux par deux dans des taxis, afin d'avoir le temps
d'effectuer les derniers préparatifs à l'aéroport et d'assister au dernier briefing.
Mais le taxi dans lequel avaient pris place Mario et Xavier a eu un accident assez
violent. Heureusement que les parachutes ont fait office d'airbag, car personne n'a été
blessé. Ils ont juste eu le temps d'appeler un autre taxi pour ne pas rater leur important
rendez-vous. Certains auraient vu dans ces mésaventures un mauvais présage,
Mario lui y a vu un signe que sa bonne étoile était bien en route avec lui !

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