ParaMag - n°318 - Novembre 2013 - 51

Jacques Chalon de retour d'un saut à Frétoy
Le Château, dans les années 2000.
Photo Guy Sauvage

Un long,
un très long CV...
Résumer en une colonne la carrière
de ce pionnier aux 5 000 sauts
est mission impossible.
Alors en voici quelques extraits.

En 1952, c'est le stage para d'essai
pendant 8 mois au Centre d'Essais en
Vol de Brétigny. "J'ai eu la chance de
rentrer chez Aviorex, mettant ma formation d'ingénieur automobile au service
de l'aéronautique".

On faisait des 2 000 ou 2 500 mètres
de Farman et Dragon de Havilland,
ce bimoteur biplan qui permettait de
monter sur l'aile et d'assurer la sortie,
et puis on a commencé à avoir
des plumes".
À une époque où les parachutes
n'étaient pas aussi aboutis qu'aujourd'hui,
Jacques a effectué 1 530 sauts d'essai
avec tout type de matériel :
parachutes de secours des équipages
d'avions de transport et d'hélicoptères,
parachutes de secours de divers sièges
éjectables français et étrangers,
parachutes d'armes pour troupes
aéroportées françaises et étrangères,
parachutes de compétition de tous types,
nouvelle génération des parachutes
planeurs, parachutes pour charges
lourdes, essais et mise au point des
vêtements E.F.A. stratosphériques
français pour vol haute altitude, etc.
"Ils sont sympas les jeunes aujourd'hui,
ils respectent mes vieilles douleurs,
ils me laissent toujours la meilleure place
dans le Pil".
Ces vieilles douleurs-là ont une histoire :
En décembre 1974, au CEV de Brétignysur-Orge, Jacques Chalon procédait à
des essais du Paraplane, un des

premiers modèles de "parachute aile".
Poignée dure. Il s'acharne des deux
mains, la position le fait basculer en
avant, le sac finit par s'ouvrir, l'extracteur
file entre ses jambes, et la voile s'ouvre
d'un seul coup alors qu'il est encore en
piqué. Les élévateurs s'écartent
violemment, et les deux énormes
maillons de liaison viennent lui
fracturer les deux plateaux tibiaux.
Bien sûr Jacques ressautera,
mais plus tard.
De nos jours, on entend beaucoup parler
des "paras-pros"....
Les " jeunes" paras-pros n'ont qu'à bien
se tenir, Jacques est titulaire du Brevet
de Parachutiste Professionnel n° 0005
du 5 décembre 1959 !
De nos jours, on comptabilise non
seulement ses sauts, mais aussi ses
heures de vol en soufflerie.
5 000 sauts en autant d'années ça peut
paraître peu, mais à cette époque,
c'était énorme, on sautait peu et bas,
car les avions ne "grimpaient" pas
comme aujourd'hui (parfois 45 minutes
de montée avant de sauter).
Et les pros comme Jacques devaient
même compter leurs heures de vol
en avion : lui en totalise 2 671 h
et 40 mn. Et vous ?

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Novembre13:318
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C'était l'époque du boulot sérieux
en semaine et des week-ends débridés
entre copains : "On était une bande
de joyeux lurons de la chute,
c'était d'abord les copains, des rendezvous à Gisy pour sauter le matin,
bien manger, ressauter et se préparer
à bien dîner le soir...

L'appel aux surfaces additionnelles ne date pas
d'hier ! Dans les années 50, les jeunes tâtent de la
combinaison ailée. Parmi ceux-là, Mas, Violin,
Chasac, Deforges, Sauerbach, Cledassou,
et bien entendu Jacques Chalon.
Photos collection privée. D.R.

HISTORIQUE

Jacques enchaîne stage sur stage,
au centre national de Saint Yan,
pour maîtriser la chute stable.
Départ en position "banane",
bras croisés sur la poitrine, cambré à
mort, jambes tendues et serrées,
nuque effacée... Et en route pour les
O.C. (ouvertures commandées) puis les
O.R. (ouvertures retardées) 3, 5, 8, 12
secondes qu'il fallait compter pour faire
jaillir l'extracteur pile dans le temps
prévu sous l'œil féroce du moniteur !
"Quelle châtaigne à l'ouverture, on avait
les "dès" métalliques imprimés
dans les épaules en fin de journée !"

Jacques Chalon embarque dans un Stamp piloté par
Albert Gaulard, figure incontournable du parachutisme des années 50. Avec l'encombrement du
parachute, il était déjà difficile de rentrer dans l'avion
au sol, on peut imaginer comment c'était pour en
sortir en plein vol, avec le vent relatif et le froid !

Dans les années 40, c'est la tour de
sauts de Choisy, en région parisienne,
qui servait d'appât pour les prétendants
au grand frisson. Son premier saut fut un
O.A. de 400 mètres, le 16 octobre 1949,
du côté de Mitry Mory : "Un Dakota DC-3,
un parachute rond T5 et mon vieux, on
se posait où on pouvait, parfois sur le
terrain quand on était bien largué".

Un des nombreux parachutes testés par Jacques
Chalon : le Transplane, à mi-chemin entre
le parachute à tuyère et l'aile.

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