ESCP ALUMNI magazine #202 - Juin 2023 - 58

Culture ❙ Green is good
Notre ambition
est de toucher des
écoles publiques.
L'enjeu
d'éducation
des enfants à
l'alimentation et
à la saisonnalité
concerne tout
le monde.
Comment les recettes des Marmites
Volantes ont débarqué dans les
cantines scolaires ?
A.D. : Par opportunisme, dans le bon
sens du terme. Une école privée a ouvert
à côté de notre premier restaurant dans le
XIXe
arrondissement de Paris nous a dit: « les
petites marmites que vous livrez à vélo, avec
des recettes simples et bonnes, vous pourriez
nous en livrer à la cantine de l'école ? » On
a commencé par leur envoyer les mêmes
recettes que celles que l'on envoie aux
entreprises. Puis, on a adapté les recettes
aux enfants sur le plan nutritionnel. Très vite,
on a été débordés par les demandes. On a
commencé à 80 repas par jour. Au bout de
deux ans, on en faisait 200. On a dû sortir
de notre cuisine de Jaurès et aujourd'hui on
est à 1200 repas par jour, avec un objectif
de 10 000 en 2025. Notre ambition, c'est
de toucher désormais des écoles publiques.
L'enjeu d'éducation des enfants à l'alimentation,
aux produits de saison, concerne tout
le monde.
Ces écoliers sont sensibilités à
l'alimentation durable ?
A.D. : Oui, et c'est indispensable. Parce que
l'année scolaire se passe pendant la période
hivernale. La saison sympa des melons et
des tomates, c'est l'été, c'est les vacances.
Alors, si vous n'expliquez pas à un enfant
pourquoi pendant cinq mois il faut manger
de la courge, de la lentille, ça ne marche
pas. On fait des ateliers dans les écoles, par
exemple sur les épices et les goûts. Et ça
marche, les enfants ont hyper envie de
comprendre. C'est comme la conjugaison,
il faut l'apprendre aux enfants et persévérer.
Et quand on sait, on ne peut plus ne plus
savoir. Un enfant qui a goûté à une poire
mûre, la prochaine fois qu'on lui présentera
une poire qui ressemblera à une batte de
baseball, il dira : « ça c'est pas très bon ».
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ESCP Alumni Magazine numéro 202 ❙ JUIN 2023
Vous avez souligné l'engagement
social de votre entreprise à travers
l'embauche de personnes qui ont un
parcours de vie difficile. Pourquoi
est-ce important ?
A.D. : En tant que dirigeant d'un acteur
économique, je me sens en responsabilité
de créer de l'emploi. Et créer de l'emploi
pour tous ceux qu'y en cherchent. Pour
moi, quelqu'un qui montre qu'il est motivé,
qu'il a soif d'apprendre, c'est suffisant, il
est capable d'apprendre tout ! A condition
qu'il y ait des gens qui soient capables de
l'accompagner et aient envie de l'aider. Là,
on a quelqu'un passé par la case prison, il y
a des jours où c'est difficile mais cet emploi
a tellement structuré cette personne ! La
société est capable d'insérer ces gens-là,
elle est capable de les accompagner pour
qu'ils retrouvent une forme de stabilité.
Forcément, si vous êtes animé seulement
par la rentabilité et la profitabilité et combien
de dividendes vous allez verser à vos
actionnaires, ces gens-là vous ralentissent.
Nous, on a très peu de turnover dans notre
entreprise, et je pense que c'est parce qu'on
traite bien les gens.
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