ESCP ALUMNI magazine #202 - Juin 2023 - 27

Carrière ❙ Grand entretien
Le fil rouge de
mon parcours
a probablement
été la soif de
découverte et la
curiosité qui m'ont
emmené à travailler
dans des industries
différentes, à
faire des métiers
différents.
En arrivant à ESCP, pour gagner ma vie, j'ai
été serveur au bar de la cafétéria. Ensuite ma
première expérience internationale grâce
à l'école a été cette mission en Inde pour
les Fromageries Bel, en 1991. Il s'agissait de
faire une étude de marché pour analyser si
l'entreprise devait s'implanter dans le pays,
et y produire notamment son produit phare :
la Vache qui rit. J'ai gardé de cette aventure
un surnom qui m'a longtemps suivi : « the
smiling cow ».
Quel a été votre parcours à la sortie
de l'école ?
B.D : J'ai démarré ma carrière chez Bain &
Company, un cabinet de conseil en stratégie,
en travaillant pour des clients à Paris,
à Milan, à Londres et enfin à Los Angeles.
Cela a été un déclic pour ma carrière car
j'y ai acquis le gout de l'ambition collective
et un haut niveau d'exigence. Ensuite,
j'ai repris des études pour faire un MBA à
Harvard Business School. Deux années très
riches, complémentaires de celles passées
à l'ESCP, qui m'ont permis de prendre le
temps de réfléchir à ce à quoi j'aspirais. A la
suite de ce MBA, j'ai recommencé à travailler
à San Francisco puis à Paris, pour le fonds
d'investissement BC Partners, avant de me
lancer dans l'aventure de l'entrepreneuriat
en montant Constructeo, une société qui
faisait de l'ingénierie simultanée en ligne et
a été rachetée par un acteur nord-américain.
J'ai ensuite travaillé chez Neopost pendant
neuf ans, notamment en tant que directeur
du marketing et de la stratégie du Groupe,
Président-directeur général de l'entité française,
puis directeur financier du Groupe.
En 2011, je suis devenu Président-directeur
général de Deutsch, leader mondial des
connecteurs haute performance. Enfin,
j'ai rejoint les équipes de Materis (devenu
Cromology) pour en devenir le Présidentdirecteur
général avant d'être nommé
Président-directeur général d'Edenred fin
2015.
De Bain à Edenred. Quel est le fil
rouge de votre carrière ?
B.D : Le fil rouge a probablement été la
soif de découverte, la curiosité. Celle-ci
m'a amené à travailler dans des industries
variées et à exercer des métiers différents.
Par ailleurs, le plus important pour moi a
toujours été de travailler avec des gens avec
qui j'avais envie de travailler. J'ai été guidé
par des histoires humaines.
Quelle est votre vision du rôle de chef
d'entreprise ou de dirigeant ?
B.D : Je n'envisage pas du tout le métier
d'entrepreneur, de dirigeant ou de chef
d'entreprise, comme celui d'un homme solitaire
qui réfléchirait depuis sa tour d'ivoire à
une idée géniale et que tout le monde suivrait.
Un dirigeant doit avoir la capacité de
ESCP Alumni Magazine numéro 202 ❙ JUIN 2023
créer un collectif derrière un projet. J'ai une
vision très biologique de l'entreprise : il me
semble que le rôle de l'équipe de direction
consiste à créer les conditions de température
et de pression qui vont permettre à
chacun de donner le meilleur de lui-même,
permettre une optimisation des réactions
chimiques tous les jours. Une entreprise,
ce sont des femmes et des hommes qui se
lèvent le matin avec l'envie de créer des
choses ensemble, de faire bouger les lignes
collectivement, et de marcher un peu plus
vite et plus loin que les concurrents. Notre
rôle de dirigeants est de faire en sorte que
cette magie-là se mette en œuvre.
C'est cette vision qui vous guide chez
Edenred ?
B.D : Tout à fait. Chez Edenred, nous
sommes 12 000 collaborateurs pour un
volume d'affaires de près de 40 milliards
d'euros. Nous opérons dans une industrie
à très forte valeur ajoutée et sommes en
forte croissance tout en étant présent dans
45 pays. Ce chiffre est important puisqu'en
réalité, 12 000 personnes dans 45 pays, cela
veut dire que nous sommes un chapelet
de moyennes entreprises locales. Pour que
l'alchimie fonctionne, il faut s'assurer que
les équipes soient dument sélectionnées.
Parmi les critères de sélection, le principal
à mes yeux est la capacité de chaque équipier
d'Edenred à allier humilité individuelle
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