ESCP ALUMNI magazine #202 - Juin 2023 - 16

Dossier ❙ Femmes, hommes : Au bureau, tous égaux ?
«
Who runs the world? Girls ! », tranchait
Beyoncé en 2011. Paroles prophétiques
? Possible. Presque dix ans
plus tard, alors que le monde lutte contre
une pandémie, une photo fait le tour du
Web. Cette dernière réunit les dirigeantes
de Nouvelle-Zélande, Allemagne, Taïwan,
Norvège et Finlande et est accompagnée
d'une étude du Centre for Economic Policy
Research, portant sur 194 pays. La conclusion
est sans appel : en matière de crise sanitaire,
les pays gouvernés par des femmes
présentent des résultats « systématiquement
et significativement meilleurs », que ceux dirigés
par des hommes. Mesures de confinement
plus rapides, meilleure gestion des
impératifs logistiques mais surtout, une plus
grande communication. Tout au long de la
pandémie, ces cheffes d'État ont fait preuve
de bienveillance, de calme, de sérieux, de
prévoyance et d'efficacité. Des qualités ou
« soft skills » précieuses par temps de crise,
qui ont désormais le vent en poupe auprès
des recruteurs.
Bien qu'elles soient encore moins
présentes que les hommes aux fonctions
de pouvoir - que ce soit dans les entreprises
du secteur privé ou dans la fonction
publique - l'inclusion progressive des
femmes aux postes de responsabilité est
indéniable. C'est ainsi qu'au début des
années 2000, l'expression « management
au féminin » commence à apparaître.
L'idée : douées de certaines valeurs, les
femmes managers ouvriraient la voie à une
autre - et meilleure - manière de diriger.
Empathie, sens de l'écoute, souci des autres
et collaboration... Autant de qualités dites
« féminines », qu'Agnès Arcier détaille
dans son ouvrage Le quotient féminin de
l'entreprise, publié en 2002. « Ce sont des
qualités que la société conduit à considérer
comme féminines », écrit-elle. Par exemple :
le partage d'informations, la mise en avant
des collaborateurs, la capacité à persuader
et à former un consensus. « Elles peuvent
être utiles dans une organisation, aux côtés de
qualités plus traditionnelles de type masculin »,
analyse-t-elle. Traditionnellement, la
femme est celle qui donne la vie, et qui la
préserve : « Si vous remontez aux premiers
éléments de division sociale du travail, c'était :
les hommes chassent et les femmes cueillent,
sourit Véronique Tran, professeure de
comportement organisationnel, doyenne
et rectrice de ESCP Business School
du campus de Berlin. Et les femmes sont
responsables de la famille, de la nourriture et
de la communauté. En ce sens, elles seraient
plus enclines à encourager la collaboration. »
Tout sauf une histoire de genre
Attention, pas question de faire une
généralité. Toutes les femmes ne sont pas
maternelles, à l'écoute ou diplomates.
Certaines peuvent être dures, rigides et
obnubilées par les luttes de pouvoir. Idem
chez les hommes : tous ne sont pas des
bourreaux autoritaires, certains savent être
bienveillants, inspirants et encourageants.
« On connaît tous des femmes qui exercent le
pouvoir différemment,selon des stéréotypes
Dans les cultures
où le " care " est
partagé entre
les hommes et
femmes, les styles
de management
sont de facto plus
collaboratifs et
collectifs.
Véronique TRAN,
professeur, doyenne et
rectrice de ESCP Business
School (campus de Berlin)
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