ESCP ALUMNI magazine - #205 - Mars 2024 - 83

Les métiers de la banque et de la finance Vie des entreprises
métiers : finance, risques, marketing,
commercial bien sûr, mais nous sommes
friands aussi des profils technos. Saviezvous
qu'Arkéa gère l'informatique d'Axa
Banque ou du CCF (ex HSBC) ? De
plus, nous sommes un des principaux
investisseurs dans les fintechs.
Votre banque, tournée vers
l'avenir, n'en demeure pas moins
attachée à ses racines et ses liens
avec les territoires français.
La France est immense par la diversité de
ses régions. L'uniformisation des moyens
de communication donne le sentiment
d'un standard valable du nord ou sud et
de l'est à l'ouest, mais les territoires ont
leur histoire, leur climat, des modèles
économiques, des réseaux d'influence
qui leur sont propres et font le sel de notre
métier. J'ai eu la chance dans ma carrière
bancaire de travailler dans le Nord, le SudOuest,
l'Ile-de-France, la Champagne
et l'Alsace. Et je peux attester de cette
variété. La revitalisation des territoires,
qui est l'un de notre leitmotiv, s'inscrit
dans une logique à long terme dont les
priorités varient selon la « personnalité »
de ce territoire. Avec les acteurs privés et
publics de ces régions, nous pouvons ainsi
mener des projets complexes comme les
réseaux de chaleur, de méthanisation.
En vous appuyant sur votre parcours
personnel, quels conseils
donneriez-vous à nos lecteurs,
étudiants et jeunes diplômés ?
J'ai fait une grande partie de ma carrière
à la Caisse d'Epargne (Groupe BPCE) où
j'ai occupé différents postes de direction
générale. Mon ar rivée chez Arkéa
Banque E&I date de 2015. Elle fait suite
à une discussion lors du congrès HLM de
Rennes en 2014 avec mon prédécesseur
Gérard Bayol puis le Directeur Général
du Crédit Mutuel Arkéa de l'époque,
Ronan Le Moal, et son Président, JeanPierre
Denis. Nous avions une vision
entrepreneuriale commune de la banque,
le courant est bien passé. Tout cela pour
dire que les compétences et la formation
sont importantes, mais cultiver son réseau
l'est tout autant.
J'ai connu les prémices de la microinformatique
et
l'automatisation des
opérations bancaires, il n'y avait alors ni
smartphone, ni internet, les opérations
se faisaient sous forme de papier.
Aujourd'hui, l'IA générative débarque.
Les tâches avec moins de valeur ajoutée
disparaissent. Les menaces progressent
au même rythme : avant on protégeait
les espèces dans des coffres-for ts,
maintenant on doit protéger les données.
L'analyse du risque reste la base à
laquelle s'ajoute la question ESG, c'est
comme de passer de la 2D à la 3D, avec
une profondeur de champ inédite !
Toutes ces mutations rendent nos métiers
passionnants. Mais exigent aussi, ça peut
sembler paradoxal, de la patience.
Je suis
intervenu récemment à un
colloque à l'Hôtel de Région des Hautsde-France,
devant un public de jeunes
diplômés. Ils sont nombreux à considérer
qu'on ne leur fait pas assez confiance,
ils sont pressés d'agir en autonomie.
Croyez-moi, la hiérarchie était bien plus
pesante par le passé, avec des délais
et des échanges rallongés. Aujourd'hui
comme hier, il faut faire ses preuves, oui,
ça reste vrai. J'ai parlé de la formation, du
réseau, mais votre carrière dépend aussi
de votre personnalité. Certains sortent du
lot très vite par leur enthousiasme et leur
qualité de communication. Une petite
dose de patience en plus vous donnera
un regard plus aiguisé, une capacité de
discernement précieuse dans nos métiers.
ESCP Alumni Magazine numéro 205 ❙ MARS 2024
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