ESCP ALUMNI magazine - #205 - Mars 2024 - 70

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Portrait de donateur
A travers son don, chacun exprime une histoire singulière avec ESCP Business School. Découvrons
le témoignage de Leonid GONCHAROV (MiM 13), premier entrepreneur alumnus à avoir integré
la philanthropie dès l'origine de son projet de start-up
Léonid GONCHAROV (MiM 13)
co-fondateur & CEO Work & Go
Peux-tu te présenter et retracer les
grandes étapes de ton parcours ?
Je suis Ukrainien d'origine. J'ai été entrepreneur
quasiment toute ma vie. J'ai lancé ma
première boîte quand j'avais 17 ans, pendant
ma première année d'études à l'université :
un magazine pour les étudiants, sur le modèle
de « 20 Minutes » du Métro, payé par les
publicités. Ça s'est développé dans 6 villes
en Ukraine avec une équipe de 50 personnes,
plus des volontaires.
J'ai lancé un autre projet, de la vente en gros
de montres Suisse, toujours en Ukraine, juste
avant la crise financière de 2008. J'ai pu le
développer, mais pas comme je le souhaitais.
C'est en partie ce qui m'a conduit en France,
à ESCP. Je me suis dit que j'allais vraiment me
concentrer sur mes études cette fois-ci. J'ai
découvert le Master in Management de ESCP
dans le Financial Times. L'Ecole était déjà classée
parmi les meilleures business schools du
monde. Je ne connaissais pas la France, je ne
connaissais pas ESCP, je ne parlais pas français
mais je trouvais cela intéressant, donc je
me suis dit, pourquoi ne pas tenter ? J'ai postulé
à ESCP et à HEC, j'ai été admis aux deux
et j'ai choisi ESCP qui était en plein centreville,
avec un beau campus et surtout, fondée
par l'économiste Jean-Baptiste Say que j'avais
étudié à l'Université. J'ai pu suivre l'option
Entrepreneuriat et j'ai rencontré les professeurs
Jacqueline Fendt et Sylvain Bureau, les
camarades de l'option et j'ai été clairement
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convaincu que j'avais fait le bon choix.
Je me souviens qu'en 2010, l'entrepreneuriat
n'était pas très reconnu. ESCP était l'une des
seules écoles qui proposait des cours. De
manière générale, j'avais l'impression que
les entrepreneurs étaient perçus comme des
« loosers » qui n'avaient pas trouvé un bon
CDI. Aujourd'hui, ça a complétement changé
et je pense que ESCP a joué un rôle dans
cette évolution. J'ai vraiment vu ce changement
qui s'est opéré entre 2010 et 2018 et
qui continue avec aujourd'hui la notion de
« start-up nation ».
Comme beaucoup de camarades faisaient
des stages dans de grosses entreprises, je
me suis dit que c'était peut-être moi qui
ratait quelque chose. J'ai fait du conseil chez
BCG où j'ai beaucoup appris mais ce n'était
définitivement pas fait pour moi. Une fois
diplômé j'ai lancé « Anticafé ». J'aimais les
endroits où on pouvait se rencontrer, travailler,
collaborer et on n'en trouvait pas suffisamment
à Paris. J'en ai ouvert un, puis deux
et c'est devenu un réseau. Au bout de dix
ans, on avait 14 établissements, dans 2 pays,
6 villes différentes et un million de clients.
J'ai créé en parallèle une petite boite d'Escape
Game. J'ai revendu les deux en 2022. En
2023, j'ai créé « Work&Go » qui a pour ambition
d'amener le co-working dans les petites
et moyennes villes, car ce marché n'existait
jusque-là que dans les grandes villes.
Comment est né ton engagement au
sein de la Fondation ESCP ?
Au début de la guerre en Ukraine, j'ai rejoint
le milieu des ONG. J'ai pris la présidence de
l'association « Ensemble Ukraine » à l'automne
2022. C'est un peu comme ça que j'ai
découvert le monde du mécénat et des dons.
Quand j'ai vu que beaucoup de gens nous
aidaient, alors qu'ils n'avaient rien à voir avec
l'Ukraine, ça m'a beaucoup touché. Quand
la Fondation ESCP m'a contacté en 2023, je
ESCP Alumni Magazine numéro 205 ❙ MARS 2024
me suis dit ok, si j'ai la possibilité de donner
aussi et d'être utile, je le ferai avec plaisir
car je suis très reconnaissant envers ESCP
Business School, pour ce qu'elle m'a apporté.
Mais faire un don en tant que jeune entrepreneur
peut être compliqué, car nous
sommes tout le temps en train d'investir
notre argent et n'avons jamais de moyens
libres. Par contre, donner des parts partagées
de l'entreprise que nous sommes en
train de construire, est un mécanisme très
judicieux. Si la start-up réussit, on réussira
ensemble et nous partagerons les bénéfices
dans plusieurs années. C'est le premier don
de ce genre à la Fondation ESCP et même
au-delà de l'École, c'est un mécanisme novateur.
Du point de vue du donateur-entrepreneur
et de la Fondation, c'est une idée smart,
gagnant-gagnant.
En 2023, la Fondation ESCP a lancé
un nouveau mécanisme de dons
dédié aux créateurs d'entreprises,
souhaitant soutenir leur École mais sans
trésorerie disponible, qui s'appuie sur
des dons d'actions. Le mécanisme est
astucieux : en tant qu'entrepreneur, le
créateur dédie ses fonds disponibles
au développement de son entreprise
et en même temps soutient la
Fondation en la faisant participer à
l'éventuelle réussite de sa startup.
Leonid Goncharov (MiM 13),
co-Président de Work&Go, a été
approché par le Président de la
Fondation, Jean-Stéphane Arcis
(EAP 85), lors de la première levée de
fonds de sa startup, à l'été 2023. Il est
le premier entrepreneur Alumnus à
avoir fait un don d'actions de sa startup
à la Fondation ESCP. Aujourd'hui,
Work&Go a ouvert un premier espace
dans la station-service électrique
Total Energie à Limours, et compte
en ouvrir une centaine d'ici fin 2026.

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