ESCP ALUMNI magazine - #205 - Mars 2024 - 44

D
Dossier ❙ Grand Entretien
Propos recueillis par Eric Maggiori
« J'aimerais que dans
dix ans, le modèle de
l'entreprenariat social
devienne la norme »
Josephine BOUCHEZ (MiM 14) est la Directrice Générale et co-fondatrice de Ticket for Change,
une association qui a pour mission d'activer les talents de chacun pour contribuer à la résolution
des défis sociaux et environnementaux. Alors que son association vient de fêter ses 10 ans
d'existence, elle retrace son parcours et fait le point sur la décennie qui vient de s'écouler.
si tes enfants te disent qu'ils veulent bosser
dans la sustainability ou dans un projet à
impact, ce n'est pas le drame absolu comme
ça l'était il y a quelques années, tu pourras
en parler à tes parents (rires). Et donc ça,
pour moi, c'est un changement majeur. Je
sais que Ticket for Change a joué un rôleclef
là-dedans, donc on peut en être très
fiers.
Joséphine BOUCHEZ (MiM 14)
directrice générale et co-fondatrice
de Ticket for Change
Ticket for Change, l'association
dont tu es présidente, a fêté en
janvier 2024 ses dix ans. Un pointétape
idéal pour un bilan.
Joséphine BOUCHEZ : Je me souviens
qu'en 2014, quand nous avons créé
l'association avec Matthieu Dardaillon
(MiM 14), nous avions écrit dans les statuts :
« Donner envie aux jeunes générations de
s'engager dans une voie professionnelle qui a du
sens par l'innovation et l'entreprenariat. » Sur
ce point, précisément, un vrai changement
systémique a eu lieu en dix ans. En 2014,
si tu disais que tu voulais t'engager dans
l'entreprenariat social, tu étais un peu vu
comme l'OVNI de ta promo (rires). En 2024,
44 ❙
Tes parents étaient contre ?
J.B. : Je pense qu'ils ne comprenaient
pas. Dans ma famille, ils sont tous dans
la santé, pas du tout dans l'économie ou
l'entreprenariat, donc pour eux, c'était un
territoire totalement inconnu.
Et ton parcours scolaire pouvait
laisser penser que tu allais te
retrouver dans une entreprise plus
« traditionnelle ».
J.B. : Oui, totalement. J'ai suivi un cursus
scolaire classique quand tu es un bon élève
et que ton cerveau est bien 'compatible' avec
ce qu'attend le système scolaire traditionnel.
Après le Bac, je me suis retrouvée à ESCP
presque sans m'être posée la question de ce
que je voulais vraiment faire. Avec le recul,
ça parait dingue parce que c'est une école
ESCP Alumni Magazine numéro 205 ❙ MARS 2024
très sélective, qui demande énormément de
travail. J'étais très heureuse de me retrouver
là-bas, et en même temps c'était un gros
choc social, d'une certaine façon. Moi je ne
venais pas du tout de ce milieu-là, j'ai grandi
dans un petit patelin du Nord Pas de Calais
où il y avait une mixité sociale, culturelle et
économique très forte.
Très vite, tu t'es tournée vers
l'associatif, comme si c'était ancré
en toi.
J.B. : Oui, je me suis beaucoup engagée dans
la vie associative de l'école, et j'y ai appris
énormément de choses. J'ai notamment
rejoint une association qui s'occupait de
l'accueil des personnes sans-abri. J'avais
aussi créé une association avec quelques
amis de ESCP, où l'on organisait un gros
évènement à la montagne accessible à tout le
monde, avec une dimension « sensibilisation
aux questions environnementales ». Créer
ce projet, embarquer des gens, trouver des
fonds, des partenaires, faire la comm, c'était
tout nouveau pour moi. Et l'association
existe encore aujourd'hui, c'est génial de voir
qu'elle passe de génération en génération.
Quant aux stages j'en ai fait dans de grandes
entreprises (Danone, Ben & Jerry's) qui
4
4
R
U
E
N

ESCP ALUMNI magazine - #205 - Mars 2024

Table des matières de la publication ESCP ALUMNI magazine - #205 - Mars 2024