ESCP ALUMNI magazine - #205 - Mars 2024 - 43

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Dossier ❙ Portrait
D'ici 2050, l'Afrique représentera la
moitié ou du moins 40% de la maind'œuvre
mondiale. Maintenant, il
faut donc accompagner les états, car
bien qu'ils aient souvent la vision et
la volonté, ils n'ont pas les capacités
à mobiliser les financements pour
développer leurs tissus industriels.
Ce qui est sûr, c'est que pour moi,
l'avenir est en Afrique.
de l'accompagner dans la création et la mise
en œuvre du projet. » C'est ainsi que la jeune
active se retrouve au Gabon, à s'occuper
des 150 plus grands comptes de la sousrégion.
« Sachant que lorsqu'on dit « grands
comptes » là-bas, par rapport à ce que
j'avais l'habitude de faire, pour moi, c'était
quasiment des PME », rie-t-elle. Parmi ses
clients, se trouve le groupe Olam Gabon
qui, rapidement, voit le potentiel de la
jeune femme. Il la débauche et lui confie
le poste de directrice du développement
commercial, qu'elle occupera pendant six
ans. 2018, c'est la consécration : d'une pierre
deux coups, Roselyne est nommée à la tête
du Terminal Industriel Polyvalent de San
Pedro (TIPSP) et prend la direction générale
d'Arise Ivoire. Un poste au travers duquel
elle conduit le développement de projets
d'infrastructures - servant à l'acheminement
des matières premières transformées -
dans le cadre d'un partenariat public-privé
avec l'État ivoirien. « Je me suis toujours dit
qu'il y avait énormément d'opportunités en
Afrique, partage-t-elle. Je voulais modestement
contribuer, participer - grâce à ce que j'avais
appris - au développement de nos pays. » C'est
donc quotidiennement, que la jeune femme
négocie des partenariats afin de soulager les
gouvernements et d'amener de l'agilité au
secteur privé : « En termes de potentiel, lorsque
vous regardez l'agriculture, les mines, même
l'énergie... La plupart des ressources sont ici
mais elles ne sont pas exploitées correctement. »
Elle ajoute : « D'ici 2050, l'Afrique représentera
la moitié ou du moins 40% de la maind'œuvre
mondiale. Maintenant, il faut donc
accompagner les États, car bien qu'ils aient
souvent la vision et la volonté, ils n'ont pas
les capacités à mobiliser les financements pour
développer leurs tissus industriels. Ce qui est
sûr, c'est que pour moi, l'avenir est en Afrique. »
La promesse d'une jeunesse
Transformation locale de la matière première,
chômage chez les jeunes, digitalisation,
protection de l'environnement... Des
enjeux désormais au centre des questions
africaines et dont se saisit une jeunesse,
que Roselyne qualifie de « décomplexée ».
Elle rappelle qu'en Côte d'Ivoire, c'est
400 000 jeunes qui, chaque année, entrent
sur le marché du travail - ajoutant que 65%
de la population a moins de 30 ans. « Pour
moi, les jeunes sont incontournables, lancet-elle.
Les pays africains ont certes compris
la nécessité de créer de l'emploi localement,
ce qui passe selon moi par l'industrialisation.
Mais avant cela, il faut s'assurer de la qualité
des systèmes de formation professionnelle qui
nous permettraient d'être aussi compétitifs
que le Vietnam ou le Bangladesh. » Or, pour
la PDG, le continent noir en est encore
très loin. Cette passionnée de la révolution
ESCP Alumni Magazine numéro 205 ❙ MARS 2024
industrielle du XIXe
siècle félicite l'ambition
africaine d'industrialiser mais tient à
rappeler le temps que cela prendra - c'est
bien connu, Rome ne s'est pas faite en
un jour - et l'importance de donner des
moyens aux ressources humaines. « La
chance et l'opportunité de l'Afrique, c'est
paradoxalement d'être en retard, estime-t-elle.
Car elle sait quels sont les modèles éprouvés
ailleurs. Dès le départ, elle a une capacité de
bien faire, de mieux faire. On ne réinventera
pas la roue. » C'est bien parti, lorsque l'on
observe un retour aux sources grandissant
de la diaspora africaine. En effet, selon
l'Agence française de développement, en
2019, 70% des étudiants africains en MBA
voulaient ainsi rentrer en Afrique après
leur diplôme. Un signe prometteur, selon
Roselyne : « Aujourd'hui, on a une jeunesse
qui est formée, qui peut être à la disposition de
son continent, qui aspire à mieux, à de grandes
choses et qui se montre capable que ce soit au
niveau de la formation, au niveau des idées ou
de l'exécution. Bref, on a une jeunesse africaine
qui a envie de prendre son destin en main. » ❙
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