ESCP ALUMNI magazine - #205 - Mars 2024 - 42

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Dossier ❙ Portrait
L'engagement panafricain
de Roselyne Chambrier
Elle mise tout sur l'industrialisation en Afrique. Elle, c'est Roselyne CHAMBRIER (MiM 09).
Depuis six ans, à Abidjan, cette jeune Gabonaise dirige d'une main optimiste le groupe Arise
Ivoire, convaincue du potentiel du continent africain. Une terre d'avenir.
Roselyne CHAMBRIER (MiM 09)
PDG de Arise Ivoire
C
'est depuis l'aéroport d'Abidjan
en Côte d'Ivoire que Roselyne
Chambrier décroche.
Pour la PDG de Arise Ivoire, groupe
spécialisé dans le développement
d'infrastructures et d'écosystèmes
industriels, pas le temps de sortir son
ordinateur. Enchaînant les appels de
ministres, la jeune femme de 38 ans est
toujours en mouvement. Rien de très
surprenant, lorsque l'on découvre le
parcours international de ses parents. Née
d'un père, basé pendant plus de dix ans
à Washington comme administrateur au
Fonds Monétaire International (FMI), et
d'une mère attachée douanière à Londres,
Roselyne était conditionnée d'avance à
un avenir planétaire. « On voyageait tout
le temps, se remémore-t-elle. Avec mon père,
c'était toutes les six semaines, dès qu'il y avait
des vacances. Ça participe forcément à une
ouverture d'esprit, à une maîtrise des langues,
et tu réalises très jeune que tu peux prétendre
à une carrière internationale. » La pomme
n'est donc pas tombée loin de l'arbre. Dès
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la primaire, l'écolière enchaîne les allersretours
entre Paris et Libreville (capitale
du Gabon, son pays de naissance, ndlr).
Ça n'est qu'en terminale, qu'elle s'installe
au pays de l'Union Jack pour intégrer le
prestigieux lycée français Charles de Gaulle.
À cette époque, l'établissement est mené à
la baguette par l'ancien proviseur du lycée
Henri IV. « Je ne vous raconte pas la pression
au niveau des résultats, sourit-elle. Ils faisaient
venir des boursiers de France, des élèves qui en
général sortaient avec 20 au bac, histoire de
tirer toutes les classes vers le haut. Ça te mettait
dans l'ambiance, on devait constamment être
sur les starting-blocks. Une émulation que je
n'avais pas connu au Gabon. »
De Londres à Douai
À sa majorité, changement de décor : c'est
entourée du beffroi de Douai et d'une
montagne de maroilles que Roselyne passe
ses deux années de prépa à Saint-Jean.
Si passer de Londres à la cité des géants
pourrait en effrayer plus d'un, la jeune
femme est déjà rodée. Certes, la distance
entre elle et ses proches se creuse un peu
plus, mais très vite, elle comble ce manque
par les valeurs familiales dont font preuve
les « gens du Nord ». « Bon, je suis quand
même passée par une petite phase d'adaptation,
reconnaît-elle. Moi qui, jusqu'alors, n'avais
vécu que dans des grandes villes ou capitales,
atterrir à Douai m'a fait un peu bizarre. » Si
l'arrivée à ESCP Business School signifie
un retour en France, ça n'est jamais pour
très longtemps. Bien classée à la sortie de sa
prépa, l'étudiante est tout de suite séduite
par la dimension paneuropéenne de l'école,
ESCP Alumni Magazine numéro 205 ❙ MARS 2024
oscillant donc entre Paris, Londres, et
Berlin. Avoir la bougeotte, détenir plusieurs
nationalités, être plurilingue comporte de
nombreux avantages, mais lorsqu'il s'agit
de s'identifier à un pays, une ville, une
terre d'attache, c'est plus compliqué. Elle
raconte : « Je suis partie faire un stage de trois
mois en Afrique du Sud. J'étais donc française,
venant de France, mais noire et ayant quand
même vécu au Gabon. Résultat : les noirs SudAfricains
me prenaient pour une Africaine et
les blancs Sud-Africains me prenaient pour
une Française. Une dualité qui ne m'a jamais
quittée. » Malgré tous ses déplacements,
Roselyne ne peut s'empêcher d'avoir une
pensée toute particulière pour le Gabon
- son pays natal - et plus largement pour
l'Afrique. Elle a beau parcourir le monde,
elle garde dans un coin de sa tête - et son
cœur - l'envie de revenir un jour sur le
continent africain. La question n'était donc
pas tant de savoir si, mais quand : « J'ai
toujours su que ça arriverait, répond-elle. Je
n'anticipais juste pas que ce soit tout de suite
après ESCP. »
Back to Africa
On est en 2009 : diplôme en poche - un
Master en administration des affaires - ,
Roselyne voit son avenir tout tracé à
HSBC, chez qui elle avait réalisé plusieurs
stages. La crise financière a finalement
eu le dernier mot, le projet tombe alors
à l'eau. Mais au même moment, elle est
approchée par le PDG du groupe bancaire
BGFIBank, lui aussi originaire du Gabon.
« Il cherchait à développer une banque de
financement et d'investissement et m'a proposé
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