ESCP ALUMNI magazine - #205 - Mars 2024 - 34

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Dossier ❙ Portrait
Par Fabien Palem
Alexandre LEFEVRE (MiM 11),
sa cabane au Canada
Alexandre LEFEVRE (MiM 11)
Vice President Network Planning,
Strategy and Scheduling Air Canada
L
es températures négatives, une offre
gastronomique disons-le réduite,
la distance avec sa Normandie
natale... Tout semble couler sur lui telle
une goutte de pluie sur une feuille d'érable.
Stoïque, face aux tentations nostalgiques de
la vie en France. Toujours détendu, Alexandre
Lefevre affiche un sourire en coin quasi
constant, qui amorce sa prochaine blague.
À 37 ans, notre homme se sent chez lui au
Canada. Alors, il faudra se lever tôt pour l'entendre
râler sur son pays d'accueil. Preuve
qu'après dix ans à l'étranger, on est déjà un
peu moins Français qu'un Français de France.
« Oui c'est vrai, il y a peut-être le foot. Ça manque
un peu... concède finalement ce fanatique de
l'Olympique de Marseille, comme s'il fallait bien
trouver quelque chose. Quand j'ai essayé de leur
expliquer, au bureau, que la Champions League,
c'était plus important que le boulot, ils m'ont tous
regardé bizarrement ! » Pas de quoi déstabiliser
cet Alumni, qui pourra toujours compenser
en lisant L'Équipe, à l'abri des regards de ses
collègues. Selon nos informations, en 2023,
Alexandre aurait passé 227 heures à s'égarer
dans les colonnes de son quotidien favori.
S'il n'est pas devenu adepte de hockey, le
sport national, Alexandre a intégré toutes
les caractéristiques de la vie locale, à
commencer par cette relation si particulière
que les Canadiens entretiennent avec leur
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territoire. « Ici, les distances sont très longues
et de nombreuses communautés dépendent
des ponts aériens », analyse celui qui est
aujourd'hui responsable de la planification
du réseau d'Air Canada, la plus grande
compagnie aérienne du pays nord-américain.
Emmitouflé dans une polaire (il fait moins dix
dehors !) Alexandre revient sur son parcours,
depuis son bureau. Cet Alumni nous explique
en visio les trois facettes de son métier : la
gestion de la flotte, le développement de
nouvelles routes et la gestion opérationnelle
des objectifs commerciaux sur chaque
itinéraire. Parmi les grands enseignements
qu'il tire de sa scolarité à ESCP Business
School, il cite l'art de la négociation, acquis
lors de cours dont il garde « des souvenirs assez
clairs ». Celui qui avoue avoir « bien profité des
années étudiantes » se rend compte, avec le
recul, qu'avoir été président du Bureau des
étudiants (BDE) lui a aussi beaucoup apporté.
Ressources humaines, gestion d'un budget,
stress... Le BDE, c'est une peu l'école de
la vie !
Ayant atterri chez Air Canada il y a cinq
ans, Alexandre a vécu la crise historique
du secteur, provoquée par la pandémie de
Covid. « L'aéronautique a été durement touchée,
se rappelle-t-il. Ça été très difficile d'accepter
de voir son travail empêché. Au Canada, les
mesures on été très strictes. Il y a eu des hôtels
de quarantaine. Cependant, professionnellement
parlant, c'était une expérience très enrichissante.
C'est rare dans une industrie comme celle-là
d'avoir à repartir de zéro, de devoir se pencher
devant une feuille blanche pour redémarrer. »
Le plus dur semble passé pour Air Canada et
l'ensemble du secteur, qui s'attend à récupérer
cette année la capacité de 2019. « Nos clients
sont les mêmes mais les comportements ont
changé, analyse-t-il. Avant, de nombreux clients
faisaient un aller-retour Montreal - New York
pour un déjeuner. Ça, c'est du passé et ce n'est pas
plus mal ! »Alexandre espère que la production
de carburants durables d'aviation (SAF en
ESCP Alumni Magazine numéro 205 ❙ MARS 2024
anglais) augmentera durant les années à venir
car « c'est la seule solution pour la décarbonation
du secteur aérien ».
Aujourd'hui conquis par le modèle
migratoire canadien, Alexandre n'en est pas
à sa première expérience américaine. Avec
sa femme Emma Lefevre (MiM 11), qu'il a
rencontré sur les bancs de ESCP Business
School, ils ont précédemment vécu à Sao
Paulo puis à Santiago. C'est dans la capitale
chilienne qu'est née leur fille aînée, Olivia,
qui vient de fêter ses 6 ans. La famille s'est
agrandie avec la naissance de Julian, « un petit
Canadien », en juillet 2019. « Dans chaque pays,
avec Emma, nous avons voulu nous intégrer à
la culture locale, nous ne nous sommes jamais
sentis des Français expatriés », résume-t-il.
Cette famille cosmopolite a bien-sûr gardé
des liens forts avec la France, mais lors des
visites annuelles à la famille, Alexandre et
Emma, qui inculquent à ses rejetons leur
passion pour le voyage, ne disent jamais
« nous rentrons en France ». Logique : « leur
pays, notre pays, c'est le Canada ».
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C'est rare dans
une industrie
comme celle-là
d'avoir à repartir
de zéro, de devoir
se pencher
devant une feuille
blanche pour
redémarrer.
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