ESCP ALUMNI magazine - #204 - Novembre 2023 - 28

Carrière ❙ Parcours singulier
Par Hervé MARQUEZ
Les pieds sur le tarmac
Diplômée en 2020, Louise CABIAC s'est finalement orientée vers une reconversion comme
pilote de ligne dès sa sortie de l'école. Logique puisque voler fait partie intégrante de son ADN.
Louise CABIAC (MiM 20)
Pilote de ligne
ribambelle de boutons l'intrigue, les paysages
vus du ciel la fascinent, l'uniforme de
travail l'impressionne, alors la petite Louise
se met en tête d'imiter son son père. Et tant
pis si la profession est historiquement phagocytée
par les hommes, à 90%. « J'ai le sentiment
que les mentalités ont changé. D'une part,
il y a de plus en plus de femmes qui candidatent,
et d'autre part, je n'ai jamais senti une quelconque
différence de traitement par rapport à
mes collègues ou mes camarades de promotion. »
«
Quand je serai grand, je serai cosmonaute.
» Marche aussi avec footballeur,
pompier, vétérinaire, ou agent secret.
Mais dans les faits, rares sont ceux qui, une
fois adultes, embrassent une carrière professionnelle
conforme à leurs rêves d'enfant.
Louise Cabiac (MiM 20), 27 ans, fait partie
de ceux-là. Originaire de Fontainebleau, la
jeune femme exerce depuis juillet dernier
comme pilote de ligne pour le compte de la
compagnie Transavia, filiale du groupe Air
France-KLM, comme elle en a toujours eu
la volonté. Il faut dire qu'elle baigne dans
le milieu de l'aviation depuis toute petite.
« C'est une affaire de famille » indique celle
dont le grand-oncle fut pilote de chasse
dans la RAF pendant la seconde guerre
mondiale et l'arrière-grand-père, pilote
de chasse sur Blériot 11 pendant la guerre
14-18. Quant à ses parents ? La mère de
Louise était hôtesse de l'air chez Air France,
le père pilote de ligne pour la même compagnie
: « Dès mes 9 ou 10 ans, mon père m'emmenait
avec lui régulièrement, sur des moyens
courriers. C'est vraiment grâce à ces expériences
privilégiées que j'ai pris goût au métier très tôt. »
Logique qu'avec un tel pedigree familial, la
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Pourtant, bien qu'elle ait eu le cockpit en
ligne de mire depuis toujours, le parcours de
Louise Cabiac n'a rien d'un vol linéaire sans
turbulences. En 2020, elle décrochait son
diplôme à ESCP Business School s'apprêtant
à débuter une carrière dans le monde des
affaires, à l'image de tous ses congénères
sortant d'écoles de commerce.
Des stages pour substitut
La faute à une filière très versatile, et dont
les vagues d'embauche varient au gré de la
conjoncture et des diverses crises. « Lorsque
j'ai voulu me diriger vers le métier de pilote dès
la fin du bac, c'était une très mauvaise période
pour postuler. L'aéronautique, c'est très cyclique,
pointe Louise Cabiac. Nous étions en 2013,
en plein milieu de la crise de 2008, qui a duré,
pour le secteur aérien, jusqu'en 2018. Pendant
dix ans, les recrutements de nouveaux pilotes ont
quasiment été gelés. » De la même manière,
les places d'apprentis dans les écoles de
pilotage - accessibles sur concours - ont
été drastiquement réduites sur la période.
« À l'ENAC de Toulouse, dans les meilleures
années, on a parfois vu des classes de quarante
ou cinquante élèves. Pendant la crise post-2008,
c'étaient plutôt des promotions d'une dizaine
de places », insiste-t-elle. En conséquence,
ESCP Alumni Magazine numéro 204 ❙ NOVEMBRE 2023
au moment de choisir ses études, la Seineet-Marnaise
tire un trait sur le schéma classique
des aspirants aviateurs (Maths sup/
Maths spé puis concours de l'ENAC), qui
permet aussi, en cas d'échec, de se rabattre
vers une carrière d'ingénieur aéronautique.
« Je n'avais pas vraiment envie d'être ingénieure
par défaut, cette perspective ne me plaisait pas
trop, je ne voulais pas me fermer des portes avec
cette formation trop spécifique. »
Louise Cabiac opte plutôt pour des études
généralistes, avec une approche davantage
orientée business, tout en gardant son rêve
d'enfant dans un coin de sa tête. À la suite
d'une prépa économique et scientifique, elle
intègre ESCP avec l'ambition de « [se] rapprocher
des avions à travers [ses] stages. » Ces
diverses expériences feront office de substitut
à son désir de vie dans les airs. En guise
de job d'été, elle travaille en tant qu'agent
d'escale à Orly - « J'étais au guichet des enregistrements
et à l'embarquement ». Lors de
son cursus à ESCP Business School, qu'elle
débute en 2015, elle effectue un premier
stage de six mois chez Air France au service
marketing et expérience client sur le moyen
courrier. L'année suivante, elle garnit son CV
d'un stage chez Airbus, « plutôt côté qualité
et chaîne d'assemblage sur l'A330 », préciset-elle.
Enfin, elle conclut son apprentissage
par un passage de six mois chez SkyTeam
à Amsterdam, en marketing digital. « Mes
professeurs ont vraiment dû réaliser que j'avais
un tropisme avec l'aviation civile », s'amuse la
jeune femme.
Soupape de sécurité
À tel point qu'elle entamera une reconversion
professionnelle à peine son diplôme
ESCP en poche. Il faut dire que son

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