ESCP ALUMNI magazine - #204 - Novembre 2023 - 25

Carrière ❙ Grand entretien
Les animaux
de compagnie
sont vraiment
entrés dans la
maison et sont
devenus des
membres de la
famille à part
entière.
jamais démenti grâce à l'innovation qui est
au cœur de notre succès et à la conviction
que la nutrition individualisée et recommandée
peut transformer la santé des animaux.
Comment définiriez-vous la
mission de la marque, sa promesse ?
C.C. : Notre mission, c'est vraiment celle-ci :
transformer la santé des chats et des chiens
par le biais de la nutrition individualisée.
C'est une mission qui n'a pas changé
depuis la création de cette marque. Ce qui
a changé, c'est notre force de frappe et notre
capacité d'innover au service de cette mission
centrale. Nous nous sommes étendus
géographiquement mais aussi en termes
de métiers et d'animaux. Royal Canin a su
évoluer avec la science et l'observation afin
de répondre au mieux aux besoins des chats
et des chiens . Désormais, nous avons énormément
de gammes spécifiques en fonction
des races, des âges et des sensibilités. Et il
reste encore beaucoup de travail à faire en ce
qui concerne l'alimentation des populations
sensibles, notamment au niveau du soin sur
les premiers âges de la vie. Les jeunes animaux
sont encore bien trop souvent traités
comme des animaux adultes.
À quels défis êtes-vous confrontée
en tant que présidente de Royal
Canin ?
C.C. : L'entreprise a grandi énormément et
très vite. Une entreprise qui continue de se
développer dans le monde entier doit mettre
en place une infrastructure pour changer
d'échelle tout en continuant à engager ses
8500 collaborateurs à sa vision et à la culture
de l'entreprise. Il faut s'assurer que tout le
monde, quel que soit son métier, et l'endroit
où il l'exerce, comprenne ce que l'on
fait et où l'on va. L'autre enjeu, c'est celui
de la durabilité. Nous devons continuer à
faire des produits précis qui répondent aux
besoins de chaque animal mais nous devons
le faire de manière responsable avec entre
autre une empreinte carbone qui préserve
les ressources de la planète. Nous avons
d'ailleurs l'ambition d'être neutre en carbone
d'ici fin 2025. Le groupe Mars lui
ambitionne d'être net zéro en 2050. C'est
donc un enjeu de transformation critique
ainsi qu'un enjeu d'innovation totale.
Royal Canin est devenue une
marque internationale, mais elle l'a
fait sans quitter ses attaches ?
C.C. : La marque est implantée dans le Gard
depuis ses origines. Le site d'Aimargues est
d'ailleurs le plus gros site de la marque.
1200 salariés de près de 50 nationalités
différentes y travaillent. Notre centre de
recherche mondial, notre siège international
ainsi que trois laboratoires et une usine y
sont installés. Ce site permet à Royal Canin
d'avoir une emprise mondiale depuis une
petite ville du Gard. C'est vrai que ça n'est
pas banal.
Comment fait-on pour conserver une
vision et pour fédérer 8500 salariés
tout en changeant d'échelle ?
C.C. : Cela passe par la stratégie mais vous
connaissez l'adage : « culture eats strategy for
breakfast ». La culture d'entreprise est essentielle.
Chez Royal Canin, la culture, c'est de
penser chats et chiens d'abord. Quand on
conçoit un projet, on en revient toujours
à l'animal et à ses besoins fondamentaux.
Récemment je visitais une usine en Inde.
A chaque fois qu'ils démarrent une production,
le chef d'équipe lit un témoignage
consommateur et explique l'intérêt du produit.
Ainsi, chaque personne sait ce pourquoi
elle travaille et comprend l'importance
de son métier. C'est essentiel pour réaliser
notre vision.
L'économie liée aux animaux de
compagnie est un secteur en plein
boom, comment expliquez-vous
cette croissance ?
C.C. : Je crois que les animaux ont changé de
statut. Quand j'étais enfant, je voyais beaucoup
de chiens qui vivaient à l'extérieur de
la maison. Désormais, ils sont plutôt dans la
chambre à coucher que dehors. Les animaux
de compagnie sont vraiment entrés dans la
maison et sont devenus des membres de la
famille à part entière. D'ailleurs avant, on
prenait souvent un animal de compagnie
une fois qu'on avait des enfants. C'était un
peu un « complément de famille ». Maintenant,
ESCP Alumni Magazine numéro 204 ❙ NOVEMBRE 2023
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