ESCP ALUMNI magazine - #203 - Septembre 2023 - 18

Dossier ❙ Une idée européenne
progressivement, reprend Éric Davoine. Par
exemple, la globalisation des enseignements
en anglais dans les écoles européennes, qui
inspire naturellement à enseigner des concepts
et notions de management inspirés des modèles
américains. « En outre, des sociétés de conseil
type Mckinsey ou le BCG ont mis en place dans
les multinationales des modèles d'identification
des talents qui mettent l'accent sur les
compétences sociales et de leadership, complète
Davoine. Ces caractéristiques sont également
valorisées dans les bilans de compétences : on
ne va plus seulement évaluer la bonne tenue des
objectifs, mais aussi sonder les collaborateurs des
managers, pour savoir s'ils ont du leadership, de
l'esprit d'équipe, s'ils savent communiquer...
Ces instruments de pilotage relatifs à la
culture d'entreprise viennent typiquement du
monde anglo saxon. » Illustration au sein
du cabinet de conseil Arthur D Little, où
Ignacio García Alves explique que 40% de
l'évaluation annuelle des partenaires est
basée « sur des critères de comportement »
(leadership, solidarité, esprit d'innovation
etc..). Pour Christophe Leyssieux, l'influence
grandissante des pratiques anglo-saxonnes
ne fait ainsi aucun doute : « Il y a une
prédominance des concepts de business qui
viennent d'outre atlantique, c'est certain.
Tout le monde parle un peu la même langue,
s'inspire des mêmes pratiques managériales. »
Le management typé européen peut-il dès
lors résister à cette standardisation des
pratiques de leadership? » Les habitus de
management restent hybrides, nuance Eric
Davoine. Dans les contextes nationaux,
on va adapter ce modèle anglo-saxon à
un cadre local. Une solution médiane,
pour laquelle a précisément opté Arthur D
Little. « On ne veut pas que tout soit dicté par
le global, appuie Ignacio García Alves. Nos
collaborateurs effectuent des tâches uniformes
à tous nos bureaux, mais, localement, les gens
ont aussi un rayon d'action propre à leur pays :
par exemple, ils peuvent choisir sur quel secteur
ils veulent localement davantage s'investir,
comment ils vont recruter les consultants
etc... » La pérennisation du management
européen semble ainsi liée à la nécessité
de trouver un juste point d'équilibre, entre
un modèle globalisé de leadership et des
cultures du travail spécifiques à chaque
nation. « Les entreprises européennes doivent
continuer à être pragmatiques sur cette question
de l'hybridation, conclut Éric Davoine. La
question qu'elles doivent impérativement se
poser, c'est : est ce que ça fait sens, chez moi,
dans mon entreprise, dans mon environnement,
de copier le modèle anglo-saxon ? Ce n'est pas
nécessairement toujours le cas, loin de là. » ❙
Casting
Éric DAVOINE (EAP 91),
Hemisha NEWAJ (BSc 21),
professeur en Ressources Humaines de
l'Université de Fribourg (Suisse)
vice-présidente de l'association
étudiante Agora
Ignacio GARCÍA ALVES (EAP 92),
CEO du cabinet de conseil Arthur D. Little
Christophe LEYSSIEUX (ESCP 95),
chef de projet à Chint Solar
Marc SCHEER (EAP 93),
conseiller au ministère de l'économie
du Luxembourg
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ESCP Alumni Magazine numéro 203 ❙ SEPTEMBRE 2023
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