ESCP ALUMNI magazine - #201 - Mars 2023 - 67

Culture ❙ Si Seniors !
dans une entreprise d'exportation de verre,
installée pas très loin des Champs-Élysées.
Pourtant, Roland a vite des envies d'ailleurs.
1947. Dans le Paris de l'après-guerre Roland
Collin prend une décision qui va changer
sa vie. Celle de traverser l'Atlantique et de
tenter sa chance dans un pays ensoleillé. Un
eldorado tropical où tout est possible : Le
Brésil : « Quand je suis arrivé à Rio de Janeiro.
Il y avait de l'argent, c'était facile de trouver
un travail dans de bonnes conditions. La ville
était une fête, il y avait des bals partout ». Le
jeune français se lie d'amitié avec d'autres
étrangers récemment arrivés, des portugais,
des italiens, des suédois, des néerlandais et
commence à travailler pour la Cofermat, une
entreprise d'import-export de produits et
matériaux de constructions et s'installe à
Copacabana : « En sortant du travail, on enfilait
nos maillots de bain, on jouait au volley-ball
et on allait se baigner. Le week-end, on allait
au casino d'Urca, au pied du pain de sucre.
C'était la belle vie ». Une vie qui n'est pas
sans rappeler le second volet d'OSS 117 « Rio
ne répond plus ». Mais à l'image d'Hubert
Bonnisseur de la Bath, Roland n'est pas uniquement
au Brésil pour s'amuser. Dans les
années 50, le français débute une nouvelle
mission. Il organise la distribution de magazines
de mode en coopération avec le groupe
Hachette : « C'était la première fois qu'on vendait
des revues de mode au Brésil, j'ai monté tout
le système de distribution » raconte-t-il. C'est
même lui qui est à l'origine du lancement du
magazine Manchete, très renommé au Brésil.
Roland Collin et Jean Gohin (ami d'enfance et membre de la résitance)
Puis vient le temps des nouveaux défis,
Roland épouse une brésilienne et déménage
à Sao Paulo où il dirige la filiale d'un groupe
suisse spécialisé dans la bonneterie et la
commercialisation de machines à imprimer
pendant 10 ans. Il travaille ensuite pour une
grande entreprise française « La Lainière de
Roubaix » pour le compte de laquelle, il est
chargé de développer un réseau de magasins
de modes et d'usines de textile. Il y
restera pendant 18 ans. Quand l'heure de
la retraite sonne, le français décide quand
même de continuer à travailler. Il se lance
alors dans un nouveau business, celui des
herbes médicinales : « Il y avait un marché
dans ce secteur mais les produits étaient de très
mauvaise qualité. J'ai alors décidé de faire de
l'import-export de plantes médicinales destinées
aux fabriquants de médicaments. J'avais envie
de continuer à travailler et en même temps de
me balader et de faire du tourisme. Cette activité
me le permettait, car je voyageais régulièrement
pour assister à des congrès, rencontrer des producteurs
». Depuis qu'il a bel et bien pris sa
retraite, Roland continue de profiter de la
riche vie culturelle de Sao Paulo, depuis le
quartier d'Higienopolis où il réside. Malgré
les 9397 kilomètres qui le séparent de Paris,
il n'oublie pas pour autant ESCP. Il participe
régulièrement aux réunions d'alumni
du Brésil qui se tiennent souvent dans une
crêperie. Toujours bon pied bon œil et le
regard malicieux à 100 ans. « C'est le genre de
vie que j'ai eu » conclut-il.
❙
ESCP Alumni Magazine numéro 201 ❙ MARS 2023
❙ 67
ESCP ALUMNI magazine - #201 - Mars 2023

Table des matières de la publication ESCP ALUMNI magazine - #201 - Mars 2023
