ESCP ALUMNI magazine - #201 - Mars 2023 - 65

Culture ❙ Green is good
Je pense
que l'aspect
collaboratif de
Growgood recrée
aussi du lien dans
l'entreprise.
à un cosmétique classique. Donc, j'étais déjà
sensibilisée à ces thématiques-là. Ensuite,
en 2017, je me suis rendue dans le cadre de
mon travail au CES (Consumer Electronics
Show, NDLR) de Las Vegas. Là-bas, j'ai
vraiment redécouvert ce que pouvait signifier
être entrepreneur de nos jours. Ça m'a
donné envie de créer un projet, d'être un
acteur du changement plus proactif, ce que
je ne pouvais pas suffisamment faire à mon
goût en entreprise.
Le jardinage collaboratif, c'est un
bon exutoire au stress ?
J.C : Disons que ça va permettre de remplir
quelques cases de notre bonne vieille pyramide
de Maslow. La première satisfaction,
c'est de remettre tout bêtement les mains
dans la terre. Quand ils plantent, quand
ils récoltent, les gens nous disent souvent:
« On a soufflé. On n'a pensé à rien. » Ils ont
concrètement fait des choses, pas seulement
suivi un PowerPoint de présentation.
D'ailleurs - même si on ne vise pas l'autonomie
alimentaire - ils rentrent chez eux avec
leur basilic, leurs tomates, leur salade. On
retire une satisfaction toute simple d'avoir su
soi-même faire pousser ses propres aliments.
Il y a l'idée de s'extraire - même
momentanément - de l'abstraction
du tertiaire ?
J.C : En un sens, oui. Je pense que l'aspect
collaboratif recrée aussi du lien dans l'entreprise.
J'ai pu remarquer - surtout après le
Covid - que les gens ne se connaissaient pas
vraiment au sein d'une même boîte. Même
dans les firmes de 80-100 salariés, tout est
très fractionné. Le jardin a recréé du liant,
mais via une activité complément décolorée
de toute notion de productivité.
Growgood s'inscrit dans une
démarche d'écologie positive et
collaborative avec les entreprises.
Comment percevez‑vous la gestion
des impératifs écologiques, par le
secteur privé ?
J.C : Ce qu'on reproche souvent aux entreprises,
c'est le greenwashing, ce RSE un
peu facile. Il faut le dire : c'est encore très
majoritaire dans le fonctionnement de beaucoup
de boîtes...Bien sûr, c'est difficile de
réinventer son modèle. Après, quand je vois
que des grands assureurs comme la Maif
ou le Crédit Mutuel vont mettre en œuvre
un dividende écologique valorisé à 10%
de leurs bénéfices, ça me rend assez optimiste.
Aujourd'hui, je vois aussi souvent des
petites entreprises adopter très en amont des
modèles vertueux dans leur développement,
pour produire et fonctionner de façon plus
écologique. Structurellement, c'est beaucoup
plus vertueux. Avant, c'était seulement une
ESCP Alumni Magazine numéro 201 ❙ MARS 2023
fois que l'entreprise avait atteint un certain
stade de développement qu'on pilotait de
petits changements, dans l'optique d'une
croissance plus responsable.
Pour finir, quels axes de
développement sont envisageables
pour Growgood ?
J.C : D'abord, on pourrait ne plus s'adresser
qu'aux entreprises, mais aussi à des cibles
plus institutionnelles comme les écoles, les
universités, des lieux comme les EHPAD ou
les crèches...On peut aussi penser à proposer
nos services dans le cadre d'activités spécifiques,
comme la promotion immobilière :
aujourd'hui, beaucoup d'offres intègrent de
la végétalisation mais, une fois que le bien
est vendu, on ne s'en occupe plus beaucoup.
L'idée, ce serait qu'on soit entre 5 et
10 à pérenniser l'activité de Growgood d'ici
2025-2030. A un horizon assez proche, pas
mal d'options sont donc sur la table. On les
évaluera en restant fidèle à notre idée de
base : re-créer du liant via les jardins partagés
et, à notre échelle, apporter notre
pierre à l'édifice dans la végétalisation des
espaces urbains.
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