ESCP ALUMNI magazine - #201 - Mars 2023 - 64

Culture ❙ Green is good
Propos recueillis par Adrien Candau
Un Carray de verdure
En 2021, Juliette CARRAY (ESCP 96) a décidé de laisser dans le rétroviseur ses 15 années
d'encadrement au sein du groupe Pierre Fabre pour se frotter au grand défi de l'entrepreneuriat
vert. Sa start-up, Growgood, développe des jardins collaboratifs et connectés, portés par des
salariés. Une initiative qui répond à la nécessité de renouer des liens en entreprise, comme à une
volonté de participer à la végétalisation de l'espace urbain.
Growgood officie à quelle échelle ?
J.C : Aujourd'hui, nous sommes basés à
Toulouse, donc on travaille essentiellement
avec des entreprises de Haute-Garonne.
Mais on veut pouvoir s'adresser bientôt
à l'ensemble de la région Occitanie, voire
au-delà. Il faut voir comment on peut
évoluer.
Juliette CARRAY (ESCP 96)
fondatrice de Growgood
Juliette, en premier lieu, pouvezvous
nous esquisser le concept de
Growgood ?
Juliette Carray : Bien sûr. Growgood initie
la création de jardins partagés sur les
lieux de travail des entreprises qui nous
sollicitent. Concrètement, on va déterminer
quel espace on va utiliser, si et comment il
faut l'aménager etc... Ensuite, on fournit
aux salariés tout ce qu'il faut pour débuter
le projet - les outils, la terre, les carrés potagers,
les graines à planter... Néanmoins, ce
sont eux qui font tout par eux même. Nous
on aide, on supervise, mais on veut mettre
en place un esprit de co-création, pas fournir
clé en mains un produit fini. Puis, sur
l'année, on va animer 6 à 8 ateliers, où on
va expliquer aux gens comment précisément
s'occuper du jardin et mettre la main
à la terre. On met également en place des
activités plus théoriques sur la biodiversité,
la permaculture, le cycle du vivant, où les
gens peuvent déterminer leur bilan carbone
personnel, questionner leurs habitudes alimentaires
etc...
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Vous entendez quoi par « jardins
connectés », exactement ?
J.C : C'est la seconde étape de notre développement.
Pour l'instant, les salariés
arrosent, enlèvent les mauvaises herbes,
récoltent et peuvent nous solliciter via des
boucles WhatsApp partagées. Mais en 2023,
on va lancer notre propre plateforme dédiée
à centraliser l'entièreté du suivi. On développe
actuellement cette application avec la
BPI. Les utilisateurs pourront y faire part de
leurs interrogations, et on leur prodiguera
chaque semaine des conseils, des contenus
ciblés, les indicateurs d'impact de leur projet...Via
des pushs, on pourra également
leur indiquer quand il pourrait être approprié
de récolter par exemple. Très souvent,
sur des projets comme cela, tout va bien au
début, mais, au bout de quelques mois, soit
le jardin devient un carré de boue, soit une
personne prend le pouvoir. La technologie
nous permettra d'améliorer l'expérience
utilisateur, en préservant la dimension collaborative
du jardin.
Est‑ce que vous êtes confrontés à
des problématiques techniques et
de gestion de l'espace, propres à
l'agriculture urbaine ?
ESCP Alumni Magazine numéro 201 ❙ MARS 2023
J.C : Parfois, certains de mes prospects me
disent : « J'aime ce que vous faites, mais je ne
suis pas propriétaire de mes bureaux, je ne peux
rien faire. » En réalité, l'immense majorité du
temps, on peut discuter avec les bailleurs,
pour trouver des solutions idoines. On travaille
sur de petits espaces, qu'on peut facilement
adapter. Sinon, en termes de récolte,
tout est faisable en fait ! Des tomates, des
salades, des fraises, des courgettes...Le tout,
en répondant aussi aux problématiques liées
à la gestion de l'eau : en ce moment, on
teste des engrais verts avec certains clients,
pour que la terre ne sèche pas trop. Ça permet
de maintenir la fraîcheur et l'humidité
du sol, et donc de limiter les arrosages.
Vous vous définissez comme « une
fille des villes et de la publicité. »
Avant de créer Growgood, vous avez
œuvré 15 ans chez Pierre Fabre, dans
le marketing et la communication.
Qu'est ce qui vous a incité à changer
de filière ?
J.C : En fait, à Pierre Fabre, j'ai souvent
bossé sur des projets liés à la responsabilité
sociale des entreprises. J'ai notamment travaillé
pour Klorane, une marque du groupe
qui est très éco-conçue. Elle a été le précurseur
d'une réflexion assez importante sur
les cosmétiques solides, qui, dans leur transport,
leur élaboration et leur utilisation, sont
beaucoup moins consommateurs en eau.
J'ai pu notamment participer à la Cop 21. A
cet effet, on avait fait un travail sur l'analyse
du cycle de vie de l'un de nos produits. On
démontrait ainsi l'impact environnemental
moindre d'un cosmétique solide, par rapport

ESCP ALUMNI magazine - #201 - Mars 2023

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