ESCP ALUMNI magazine - #201 - Mars 2023 - 32

Carrière ❙ Grand entretien
Propos recueillis par Arthur Jeanne (MS 13)
Hélène Valenzuela a toujours
un train d'avance
Effectuer la quasi intégralité de sa carrière à la SNCF, ça n'est pas banal. C'est pourtant le
choix qu'a fait Hélène VALENZUELA (ESCP 92). Ce qui ne l'a jamais empêchée de mener une
carrière internationale, ni d'affronter de nouveaux défis. Le dernier en date ? Le lancement de
Ouigo en Espagne. Rencontre avec une Alumna qui a toujours su monter dans le bon wagon.
technique. Ce qui est bien, c'est que j'avais
les armes pour cela car ESCP te forme à
tout, à la logique, à l'adaptation. La SNCF
me permettait de rester au service du public,
elle offrait de larges possibilités de mobilité
géographique et fonctionnelle : je savais que
je pourrais m´y développer dans la durée
et faire des choses très opérationnelles. La
SNCF cochait toutes les cases.
Hélène VALENZUELA (ESCP 92)
directrice Générale de OUIGO España
Bonjour Hélène, vous avez effectué
quasiment toute votre carrière
à la SNCF, comment y êtes‑vous
arrivée ?
Hélène VALENZUELA : Je suis issue de
la promo 1992, j'avais fait mon année de
césure dans l'audit. Mon premier job en
sortant de l'école, c'était dans l'administration
publique. J'ai commencé à la DGA
(direction générale de l'armement) en tant
qu'analyste financier, je travaillais pour
le général qui représentait l'Etat dans le
conseil d'administration des grandes boites
d'armement comme Aérospatiale, Dassault
ou GIAT Industries, qui produisait le char
Leclerc. Après trois ans d´analyse financière,
je suis rentrée à la SNCF comme contrôleur
de gestion, puis comme auditeur interne. Et
là, je me suis rendu compte que je ne voulais
pas m´enfermer dans un profil d´expert et
que je souhaitais avoir une responsabilité de
management d´équipe. Le meilleur moyen
d´y arriver était d'apprendre un métier
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Et donc en 1995, vous débutez votre
aventure dans l'univers ferroviaire ?
H.V : À l'époque, la SNCF n'était pas super
à la mode ! D'autant que je suis arrivée
quelques jours avant les grandes grèves de
1995. Franchement, quand je suis arrivée, je
me suis dit : où est ce que j'ai mis les pieds ?
Enfin ça a quand même été un choc culturel.
Parce que voilà, découvrir de l'intérieur un
grand service public, c'était très différent
ce que j'avais pu connaitre auparavant.
Depuis 1995, la SNCF s'est énormément
transformée grâce au travail des différents
présidents comme Louis Gallois, AnneMarie
Idrac, Guillaume Pepy et Jean Pierre
Farandou, qui lui ont donné une raison
d´être et une vision. Aujourd'hui la SNCF
c'est une boite très moderne même si elle
n'a pas toujours bonne presse. En tout cas
à l'époque déjà, elle donnait la possibilité
aux gens de se former à des choses très
différentes. Pendant presque un an, j'ai été
formée à l'exploitation, à la circulation des
trains. J'ai tenu des postes d'aiguillage, j'ai
donné le départ à des trains, j'ai fait les trois
huit, j'ai eu une formation à la fois opérationnelle
et théorique avant de devenir chef
de gare à Hendaye !
ESCP Alumni Magazine numéro 201 ❙ MARS 2023
Concrètement, quel est le rôle d'un
chef de gare ?
H.V : Être chef de gare dans les années 90, c'est
comme être responsable d'une petite Business
Unit. Ce qui est incroyable c'est que la SNCF te
forme et te donne très vite des équipes importantes
à manager. A Hendaye, je supervisais
les postes d'aiguillage, les guichets de vente
qui à l'époque étaient encore très importants
puisque Internet en était à ses balbutiements,
la formation des trains de voyageurs, le tri des
wagons de fret. Hendaye était en effet une
grande gare de fret, qui gérait le trafic transfrontalier
avec l'Espagne : des trains entiers de
pièces de voitures, des voitures assemblées,
des containers, de la pâte à papier, des produits
métallurgiques... C'était très vivant, très varié
cela m'a permis de faire tous les métiers du
ferroviaire et c'était absolument passionnant.
On a l'impression que le service
du public est le fil rouge de votre
parcours, est‑ce pour cela que vous
avez choisi la SNCF ?
H.V : Je suis effectivement très attirée par le
service au client, le service à la population.
Alors évidemment, c'est plus difficile de dire
cela à un moment où il y a des grèves en
France (rires). Mais, je pense que j'ai été marquée
comme on l'est tous par notre environnement
familial. Mon père était médecin de
campagne. Il a été maire de sa commune pendant
50 ans. Et ma mère était très impliquée
dans la communauté locale. Pendant toute
mon enfance et en réalité toute ma vie, j'ai vu
ma famille au service des gens, Et c'est vrai
que la res publica, la chose publique, ça m'a
toujours attirée.

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