ESCP ALUMNI magazine - #201 - Mars 2023 - 26

Dossier ❙ Interview Expert
Propos recueillis par Adrien Candeau
« Il y a beaucoup de choses
à faire pour enrichir
l'expérience sportive »
Comment dépoussiérer la marque d'une institution sportive centenaire, sans la déraciner de ses
bases historiques et identitaires ? Une question délicate à laquelle Jacques D'ARRIGO (ESCP 01),
Directeur Commercial et Développement des Girondins de Bordeaux de 2018 à 2020 - peut apporter
quelques éléments de réponse. Entretien avec un alumni qui a tenté de faire bouger les lignes, au
sein d'un football hexagonal pas toujours très à l'aise avec le concept de changement.
Jacques D'ARRIGO (ESCP 01),
Co-Founder & CBO - Footbar
Ex Directeur Commercial et
Développement des Girondins
de Bordeaux
Jacques, pourriez‑vous d'abord
nous expliquer comment vous avez
intégré la direction des Girondins de
Bordeaux en 2018 ?
Jacques D'ARRIGO : Bien sûr. Je venais
d'avoir 40 ans et j'achevais un cycle de 3 ans
chez Nike. J'aurais pu continuer là-bas, mais
j'ai appris qu'un club de Ligue 1 recrutait. En
l'occurrence, Bordeaux.
J'ai fini par rencontrer Nicolas de Tavernost -
le patron de M6 - qui était à l'époque
propriétaire du club. J'ai été assez séduit par
le personnage, donc j'ai choisi de prendre
mon destin en main, en débarquant au
Haillan (NDLR, le siège du club girondin).
Les instances et gestionnaires du
foot professionnel sont souvent
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décrits comme conservateurs. Vous,
vous n'êtes pas du sérail. Ça a pu
vous poser des problèmes ?
J.D'A. : En réalité, le monde du foot
professionnel est surprenant, parce qu'il
n'a de professionnel que le nom. Son
fonctionnement - comme celui du sport
français dans son ensemble à mon sens -
reste très amateur. Par exemple, en 2018,
j'arrive dans un club où il n'y a pas de wifi
dans les bureaux. Je débarquais aussi du
privé, avec une certaine considération pour
les sujets e-commerce et retail...Mais à
Bordeaux, la boutique du club n'avait même
pas d'objectif de chiffre d'affaires. J'ai aussi
assisté à des réunions lunaires à la LFP (la
Ligue de football professionnel, l'instance
qui assure l'organisation du championnat
de France de football, NDLR), où les divers
participants n'avaient pas du tout les mêmes
priorités. Par exemple, à la Ligue, on parlait
de sujets comme le développement des droits
à l'international, qui est un enjeu majeur.
Sauf que ça n'intéressait pas tout le monde.
En substance, certains clubs bretons - que
je ne vais pas citer - nous disaient qu'ils ne
se préoccupaient pas de ça. Ils voulaient
plutôt parler du prix des billets au Parc des
Princes, que leurs supporters en déplacement
trouvaient trop élevé. Il y a un football à deux
vitesses, qu'il n'est pas toujours aisé de gérer
et de faire évoluer dans sa globalité.
ESCP Alumni Magazine numéro 201 ❙ MARS 2023
Le sport européen
peut s'inspirer
des américains
mais on ne peut
pas simplement
photocopier ce
qu'ils font. Le sport
y est vécu très
différemment. A
certains matchs
de basket, des gens
peuvent passer 30%
de leur temps
à acheter du
popcorn.

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