ESCP ALUMNI magazine - #199 - Septembre 2022 - 59

Campus ❙ Green is good !
D'après les
rapports,
seulement 14%
des entreprises
ont une vraie
action sur leur
interaction avec
l'océan. Ca n'est
pas normal.
Un geste pour la mer permet de fédérer
des acteurs de terrain. On va chercher de
l'argent auprès de grosses entreprises, on
a notre plateforme, et les ONG de terrain
se connectent et font un appel pour payer
les sacs de ramassage, tout ce genre de
chose... On est aussi en train de fédérer les
acteurs de l'upcycling. Quand je parle à des
entreprises qui étaient mes anciens clien
ts dans la banque, ils sont tous conscients
qu'il faut récupérer le plastique. Mais il y en
a qui disent qu'il faut faire des oeuvres d'art,
d'autres qu'il faut faire des briques pour la
construction... Tout ça, il faut le diffuser en
donnant localement des centrales de transformation
du plastique.
Cela fait beaucoup de travail
pour une petite structure créée
seulement en 2015.
C.P : Oui. Je travaille autant que quand je
travaillais dans la banque. Normalement, je
travaille à mitemps. Mais en fait je travaille
beaucoup plus ! Mais c'est passionnant. Et
c'est d'autant plus chargé que comme c'est
pour faire le bien, c'est difficile de s'arrêter.
Vous lisez un article, vous dites « Ha
ces gens-là il faudrait que je les contacte. » Ça
n'a pas de fin. On fonctionne avec des stagiaires,
des mécénats de compétences... On
est douze, et à temps plein on doit avoir
quatre salariés. Pour les locaux, on fait appel
à des donateurs qui nous logent. J'ai participé
à appeler des gens en leur demandant
« Vous pouvez pas nous loger ? » C'est très
compliqué. Les gens ne disent pas oui tout
de suite.
Quel est votre rôle exact dans tout
ça ?
C.P : J'appartiens au département qui travaille
avec les entreprises et qui s'appelle le
label Ocean Approved. Pour tout ce qui est
socialement responsable, l'ONU a déterminé
seize points comme l'égalité hommes/
femmes, le respect de la planète, des minorités...
Et il y a un volet sur le respect des
océans. Sauf qu'une fois que l'ONU a dit
ça, que vont faire les entreprises pour le
respecter ?
D'après les rapports, seulement 14% des
entreprises ont une vraie action sur leur
interaction avec l'océan. On s'est dit que
ce n'était pas normal. 80% des plastiques
terrestres finissent dans les océans. Il faut
vraiment prendre ça en compte, même si
on est Michelin à Clermont-Ferrand. Donc
on a défini 44 critères pour que les entreprises
mesurent leur impact sur l'océan, ça
s'appelle un référentiel, c'est une espèce de
Bible. Si vous faites de l'aquaculture, c'est
sûr que vous prélevez dans l'océan. Si vous
faites des pneus, non. Mais par contre des
rejets sur l'océan, vous en avez beaucoup.
Parce que le pneu, c'est sur les routes, et
quand il pleut, ça va dans l'océan. Cette
cartographie des impacts, on en a fait un
référentiel qui a été validé par l'ONU. Puis
on a dit qu'il fallait aller au delà. L'entreprise
ESCP Alumni Magazine numéro 199 ❙ SEPTEMBRE 2022
ne doit pas se contenter de regarder, elle
doit aussi faire un acte volontaire avec un
plan d'action pour améliorer les choses. J'ai
rejoint cette équipe de quatre.
Notre souhait est de labelliser le plus d'entreprises
possible. Notre premier labellisé,
c'était en février, et là on discute avec une
quinzaine d'entreprises.
Ces entreprises sont-elles sincères
dans leur démarche, ou veulentelles
juste être bien vues ?
C.P : Je peux vous parler de la difficulté
qu'ont les entreprises à modifier leurs
process, leurs fournisseurs... On est un
jeune label, donc pour l'instant, les gens
avec qui on parle investissent du temps,
ils nous aident. Ceux-là sont vraiment sincères.
À terme, on va se retrouver face au
sujet dont vous parlez. Mais les premiers y
mettent vraiment du coeur. Notre objectif
maintenant, c'est de nous faire connaître au
plus grand nombre d'entreprises. De tous
secteurs et de toutes tailles, en France mais
aussi à l'international. Les PME, les patrons
d'entreprises, je pense qu'on a besoin d'eux.
Ce qu'il faut, c'est transformer les business
modèles des entreprises et encore plus que
ça. Ce n'est pas que donner de l'argent.
C'est sensibiliser les procédures de l'entreprise,
les fournisseurs... On n'est pas une
organisation qui va manifester, ou poser des
bombes. Notre esprit, c'est : tout ce qui est
fait est bien, faisons plus.
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ESCP ALUMNI magazine - #199 - Septembre 2022

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