ESCP ALUMNI magazine - #199 - Septembre 2022 - 29

Carrière ❙ La grande interview
te drive, c'est la clé de la réussite. J'ai senti
cette passion chez William,
WD : C'était l'une des décisions les plus
game changing de ma vie mais aussi les plus
rapides. Quand j'ai pris une décision, je ne
tergiverse pas. Il faut que ça aille vite. Gaurav
est venu me voir en janvier 2021, en avril
je démissionnais pour rejoindre l'aventure
Staytouch.
Un an plus tard, comment définiriezvous
Staytouch ?
GG : Aujourd'hui Staytouch c'est un réseau
social privé.
qu'une affaire de temps, c'est ce à quoi j'aspire
depuis mon enfance. Mais auparavant, je voulais
suivre un parcours d'excellence, étudier
dans les meilleures écoles et travailler dans
les meilleures banques pour être armé. J'ai
étudié à l'IIT à New Dehli, une des meilleures
universités en Inde puis à ESCP. La recherche
de l'excellence m'a toujours guidé. C'est aussi
pour cela que j'ai travaillé pendant 7 ans chez
Goldman Sachs.
C'est ainsi que vous avez rencontré
William ?
GG : J'ai rencontré William en 2010. Il était
mon stagiaire chez Goldman Sachs.
WD : C'était pendant mon stage de césure.
Nous travaillions sur la cession d'un parc
de magasins pour Carrefour en Thaïlande.
Gaurav travaillait énormément et moi je l'accompagnais
sur cette mission. J'étais encore
en phase d'apprentissage
GG : On a créé une relation forte de respect.
On travaillait très bien ensemble.
WD : C'est une époque marquante de ma vie.
J'ai rencontré ma femme alors que j'étais en
stage chez Goldman, Gaurav m'a aidé lors de
mes premières rencontres en m'autorisant à
m'absenter un moment pour aller prendre un
café avec elle au Parc Montceau.
GG : On a créé un lien fort.
Pourtant ce n'est que quelques
années plus tard que vous vous
retrouvez pour une nouvelle
aventure chez Stay Touch ?
GG : Oui et pourtant à l'origine, je me suis
lancé tout seul. Les VC ont tendance à penser
que pour faire de l'entrepreneuriat, il faut être
deux personnes. Moi je ne voulais pas rester
bloqué sur ce présupposé. Quand j'ai quitté
la finance pour créer Staytouch, je savais que
c'était le bon moment. Je ne pense pas qu'il
faille trouver un associé avant de se lancer.
Le plus important, c'est ton produit et ton
marché. Si ces deux facteurs sont réunis, il
n'y aura pas de problèmes pour ensuite trouver
le financement et l'équipe. Et puis début
2021 alors que les solutions BtoB et BtoC de
Staytouch étaient développées, j'ai contacté
William qui travaillait en private equity car je
cherchais à lever des fonds.
WD : Il faut être prêt pour l'entrepreneuriat.
Certaines personnes sont des entrepreneurs
nés et montent des boites à la sortie de l'école.
J'en aurais été incapable. Il a fallu que je fasse
mes armes et que j'ai une certaine sécurité
financière avant de prendre des risques.
Quand Gaurav est venu me voir pour me parler
de son projet, cela faisait 7 ans et demi que
je faisais du private equity et j'avais envie de
m'émanciper du salariat. J'étais prêt. Quand
il m'a parlé de Staytouch, j'ai adoré, je me suis
retrouvé dans les frustrations professionnelles
et personnelles auxquelles répondait l'application.
Le soir en rentrant à la maison, j'ai dit à
ma femme, je vais aider Gaurav à faire la levée
de fonds, mais je vais aussi lui proposer que
l'on s'associe et que je devienne le cofondateur
de Staytouch. La confiance que j'avais en
Gaurav et le fait que j'ai adoré le projet m'ont
convaincu. Les planètes étaient alignées.
GG : Mais William a aussi une âme d'entrepreneur.
Quand le projet lui a plu, il était
tellement emballé qu'il ne dormait pas. Il
m'envoyait des messages à 5 heures du matin.
Quand t'es entrepreneur c'est la passion qui
ESCP Alumni Magazine numéro 199 ❙ SEPTEMBRE 2022
WD : Avant d'en arriver à la promesse d'aujourd'hui.
Il faut que l'on parle de la transition.
Lorsque j'arrive, on se dit dans un premier
temps que notre solution B to B est plus facilement
déployable, parce que notre promesse
est très forte pour les sociétés, que cela soit
en termes de RSE, de gain de temps ou de
CRM augmenté. Alors on commence à attaquer
le marché, à discuter avec des grands
groupes, d'autres plus petits. On commence
à déployer la solution. Des entreprises nous
font confiance pour leurs équipes de commerciaux
qui veulent gagner du temps en
remplaçant les cartes de visite. On était plutôt
satisfaits de ce décollage, mais ça n'était pas
exceptionnel non plus.
C'est une visite à ESCP Business
School qui a fait pivoter votre
modèle ?
WD : Lorsque j'ai présenté Staytouch à
l'école, les retours ont été très positifs. Et
notre rencontre avec les étudiants nous a en
quelque sorte permis de finir d'affiner notre
business model. Le message qu'ils nous ont
adressé c'était en substance : on trouve ça
super, mais on pense pour que cela fonctionne
encore mieux, il faudrait rajouter une
fonction. C'est ainsi qu'on a identifié un nouveau
besoin. Aujourd'hui pour animer une
communauté, Facebook est le réseau le plus
utile, mais les jeunes ne l'utilisent pas. On
s'est dit que si l'on arrivait à créer un module
communauté dans Staytouch, cela changeait
la donne. Aujourd'hui quand Gaurav dit que
Staytouch est un réseau social privé, c'est un
peu grâce à l'école et aux interactions avec
les étudiants qui nous ont mis sur la piste
de la dimension communautaire comme go
to market.
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