ESCP ALUMNI magazine - #199 - Septembre 2022 - 25

Dossier ❙ Interview
On a l'impression que tu te nourris
de ces rencontres, de ces échanges
dans le travail ?
G.N : J'adore les rencontres impromptues, la
force de l'aléatoire dans les métiers créatifs.
Des projets et des collaborations peuvent
naitre d'échanges informels. J'aime les beaux
accidents. Et pour les provoquer, il faut créer
une ambiance propice. Un lieu qui rassemble.
Tu ne crois pas au télétravail à temps
plein ?
G.N : Le full remote, je n'y crois pas du tout.
Surtout quand on travaille sur des sujets
un peu créatifs. Quand tu évolues dans un
métier qui touche à l'éditorial, il faut se voir,
se parler et la discussion peut évoluer vers
un sujet dont on n'avait pas forcément prévu
de se parler mais qui peut déboucher sur de
nouvelles idées. Ceci dit, au-delà des métiers
créatifs, je suis persuadé également qu'en
termes de lien social, le bureau est un endroit
essentiel.
Quand tu travailles sur de gros
projets, le fait que ton équipe soit
au bureau est essentiel ?
G.N : En octobre et novembre passés, nous
avions énormément de travail. Et l'équipe
était au bureau tous les jours. Eh bien, on a
réalisé un mois exceptionnel et j'ai vu à quel
point l'émulation et l'énergie collective pouvaient
être fortes. Et à la fin de la journée, on
met de la musique, on débouche quelques
bouteilles de vin. Quand tu es en train de
répondre à un appel d'offres et que la moitié
des équipes est à distance c'est compliqué de
créer cette énergie collective.
Tu n'es pas pour autant opposé au
télétravail ?
G.N : Pas du tout, il faut être agile et flexible.
Si quelqu'un de mon équipe part en weekend
plus tôt parce qu'il en a besoin, aucun
souci. Quand tu recrutes une maman par
exemple, il faut prendre en compte sa réalité.
Nous avons chez nous une maman qui avait
du mal à trouver un travail justement parce
qu'elle était maman et qu'elle habite en banlieue.
Si sa fille tombe malade et qu'elle ne
peut pas venir, il faut le comprendre. Il n'y a
pas de soucis. En réalité je pense qu'il faut
poser un cadre mais être flexible. Mais surtout,
il faut faire confiance, c'est essentiel.
Les boites qui ne font pas confiance perdent
des talents.
ESCP Alumni Magazine numéro 199 ❙ SEPTEMBRE 2022
❙ 25
Comment concilier cette confiance
et le cadre général posé par
l'entreprise ?
G.N : Selon moi, Il faut savoir fonctionner
à l'instinct pour faire confiance. C'est vrai
qu'entre les règles et les exceptions, c'est
parfois cornélien comme choix. Il y a encore
pas mal d'ambiguïté à trouver le modèle
apaisant pour le collaborateur, le manager.
Dans la manière de manager
justement, les choses ont changé ces
dernières années ?
G.N : J'ai la sensation que plus qu'avant, les
collaborateurs attendent de leur manager
qu'ils comprennent leur réalité, qu'il fasse
preuve de davantage d'empathie, de bienveillance.
Les collaborateurs sont bien plus
sensibles à la mauvaise ambiance qu'avant
Pour qu'un bureau fonctionne
bien, il y a selon toi une fonction
essentielle, celle d'office manager ?
G.N : Le rôle de l'office manager n'est pas
nouveau mais il est effectivement essentiel.
Quand j'ai passé le cap des 20 employés, le
meilleur conseil qu'on m'ait donné était le
suivant : trouver un office manager. Selon
moi, avoir quelqu'un avec profil très empathique,
très solaire qui gère à la fois la vie
au bureau et une bonne partie de l'administratif,
c'est vital pour une boite. C'est clé,
parce que c'est le liant de la team dans des
moments de secousses sectorielles. Avoir
une personne qui s'assure que les gens
soient bien at work, ça n'est pas une révolution
mais c'est fondamental. Je suis persuadé
qu'un bon office manager a un vrai impact
positif dans ta boite.
Pour en revenir au management,
selon toi c'est quoi un bon manager
en 2022 ?
G.N : Pour moi c'est d'abord quelqu'un de
sincère. Le monde est de plus en plus transparent,
aujourd'hui ça n'a aucun sens de
mentir. Les collaborateurs acceptent moins
le bullshit, ils veulent que leur manager ait
la capacité de reconnaitre quand il se plante.
Ceci dit un manager doit aussi avoir de l'orgueil
et de l'égo. A un moment il faut être
capable d'emmener tes équipes et avoir la
conviction que tu peux faire un truc super.
Mais ça n'est pas contradictoire avec le fait
de savoir être humble.
Le fonctionnement d'une équipe a
selon toi beaucoup changé
G.N : Avant le manager était au-dessus, il
tirait ses équipes. Selon moi, le management
qui fonctionne le mieux ces dernières années
c'est quand le manager est « en-dessous »
et qu'il pousse ces équipes. Son rôle est
d'être en soutien de ses équipes et de leur
permettre d'être la meilleure version d'euxmêmes.
Un peu comme un coach.
❙
ESCP ALUMNI magazine - #199 - Septembre 2022

Table des matières de la publication ESCP ALUMNI magazine - #199 - Septembre 2022
