ESCP ALUMNI magazine - #198 - Mai 2022 - 74

Culture ❙ Interview
pour le périnée. C'est pour ça qu'il faut en
parler. Donc je vais essayer de me former au
maximum afin de pouvoir intervenir ensuite
auprès des plus jeunes et des entraîneurs.
La voile c'est
un monde
d'hommes. Il
y a des thèmes
comme le sujet
hormonal, qu'on
ne peut pas
aborder. J'agis
pour changer
cela.
Paris du lundi au mercredi. Le mercredi soir,
je prenais le train pour aller m'entraîner à La
Rochelle. Pendant les deux heures et demi du
trajet, je bossais sur mes travaux de groupe.
Ensuite, je m'entraînais pendant quatre jours
et je repartais à Paris le dimanche soir. Quand
je partais en compétition, par exemple à
Miami, je partais deux voire trois semaines...
Il a fallu expliquer pourquoi je partais aussi
longtemps et que j'étais sérieuse. S'il y avait
des examens pendant mes compétitions, soit
je pouvais les passer avant, soit après.
Comment tu gérais cet emploi du
temps chargé ?
C'est vraiment un équilibre de vie. Je devais
avoir une vingtaine d'heure de cours et une
trentaine d'heures de sport par semaine,
mais je m'étais bien organisée. A contrario,
une fois, je me suis fracturée le péroné au
lycée. C'est quand j'avais tout mon temps
libre pour étudier que j'ai commencé à avoir
des mauvaises notes. Moi, plus j'en fais, plus
je veux en faire !
74 ❙
Le prochain championnat du monde
aura lieu cet automne chez toi à
Brest. Tu l'attends avec impatience ?
Oui, forcément. Il y a plein de choses qui sont
déjà ancrées en moi parce que je navigue à
Brest depuis toute petite : le vent, le courant...
Pour les Jeux olympiques de 2024,
Brest a postulé mais le dossier n'était pas
assez solide. (l'épreuve olympique aura lieu
à Marseille, ndlr)
La place des femmes dans le sport
est une cause qui te tient à cœur.
De quelle manière concrétises-tu cet
engagement ?
Récemment, je me suis engagée dans une
association - Sport Spécificités féminines -
parce que la voile c'est un monde d'hommes
fait par des hommes pour des hommes. Vu
que nos entraîneurs sont uniquement masculins,
il y a des sujets comme le sujet hormonal,
qui est hyper important et qu'on ne
peut pas aborder. Par exemple, on fait des
abdos en crunch alors que c'est très mauvais
ESCP Alumni Magazine numéro 198 ❙ MAI 2022
Pour finir, en quoi l'expérience du
sport de haut niveau peut être un
atout dans ton quotidien ?
Le sport, c'est vraiment une école de vie en
termes d'ouverture d'esprit, d'autonomie, de
gestion du stress... La voile, c'est un sport
individuel, mais on s'entraîne en équipe.
C'est comme en tennis, on a besoin de
confrontation en faisant des régates. Sinon
tu ne progresses pas. Je ne m'en rends pas
forcément compte, mais je pense que j'ai
beaucoup plus d'expérience de vie que la
moyenne des personnes de mon âge.
❙
Lucie Belbeoch en 5 dates
1995 : naissance à Brest
2007 : débute la planche à voile
2019 : vice-championne de
France de planche à voile
2021 : diplômée d'un master
en management à ESCP
2021 : vainqueure d'une
régate internationale
ESCP ALUMNI magazine - #198 - Mai 2022

Table des matières de la publication ESCP ALUMNI magazine - #198 - Mai 2022
