ESCP ALUMNI magazine - #198 - Mai 2022 - 73

Culture ❙ Interview
Propos recueillis par Florian Lefèvre
« Je n'ai pas du tout le même
salaire que mes collègues
de promo, mais je vis
de ma passion »
Combiner le sport de haut niveau et un master en management à ESCP, c'est le pari réussi par
Lucie BELBEOCH (21). Membre de l'équipe de France de planche à voile, la Brestoise de 26 ans a
fixé les prochains Jeux olympiques dans sa ligne d'horizon.
c'était la RS:X. Il y a un an et demi, le Comité
International Olympique (CIO) a décidé
changer de support en utilisant un foil. Nous
voilà désormais sur quelque chose d'un peu
plus dynamique. (grâce à cette aile, la planche
vole au-dessus de l'eau à près d'un mètre de
hauteur et peut atteindre des vitesses de pointe
supérieures à 30 nœuds, ndlr)
Lucie BELBEOCH (21),
membre de l'équipe de France
de planche à voile
Peux-tu te présenter ?
Je m'appelle Lucie Belbeoch, j'ai 26 ans.
Je viens de Brest. J'ai été diplômée ESCP
il y a un an et demi. Je prépare les Jeux
Olympiques de Paris en 2024 en planche
à voile. J'étais remplaçante à Tokyo.
Aujourd'hui, je travaille dans une banque
à Brest avec un contrat aménagé pour athlète
de haut niveau. Cela me permet de
poursuivre les entraînements, puisque je
travaille à 25 % pour l'entreprise et c'est la
fédération qui me rémunère à 75 % quand
je m'entraîne.
Ta spécialité en planche à voile, c'est
l'iQFoil. C'est quoi ?
C'est le nom un peu barbare de la planche
à voile olympique. Jusqu'aux Jeux de Tokyo,
A quelles difficultés es-tu confrontée
en tant que professionnelle de la
voile ?
C'est vrai que la voile n'est pas du tout un
milieu professionnalisant. Ça reste un combat
de trouver des sponsors pour survivre.
Il y en a plein qui arrêtent pour des raisons
financières. C'est pour cela que j'ai fait des
études. Aujourd'hui, je n'ai pas du tout le
même salaire que mes collègues de promo,
mais je vis de ma passion.
Justement, puisque la voile n'est pas
un sport médiatisé, comment réussir
à te vendre auprès des sponsors ?
Le réseautage, c'est compliqué. La communication,
ça passe beaucoup par les réseaux
sociaux. Après, il y a les médias locaux. J'ai
aussi une agence à Lyon qui essaye de me
trouver des partenaires. Ça marche plutôt
bien cette année... En fait, c'est un travail
en soi de démarcher et d'entretenir les
partenariats.
ESCP Alumni Magazine numéro 198 ❙ MAI 2022
Qu'est-ce qui t'as particulièrement
plu quand tu as essayé la planche à
voile pour la première fois à l'âge
de 12 ans ?
C'est vraiment le fait que la voile soit un
sport en extérieur. C'est la sensation de
liberté, la sensation de glisse, l'autonomie...
C'est mon grand frère qui m'a poussé dans
ce sport. A 14 ans, toutes mes copines se
dirigeaient en lycée « classique » et tous mes
copains allaient en sport-études. Moi, j'ai
suivi les copains.
Cette liberté que tu ressentais quand
tu as débuté la planche à voile, tu la
retrouves encore aujourd'hui ?
Franchement, oui. Peut-être pas dans les
compétitions internationales qui sont très
structurées, mais dans tous les entraînements,
c'est que du bonheur ! Il n'y a pas
une journée où je ne vois pas là mer et les
éléments changent tout le temps. Même
quand on s'entraîne sous la grêle, je ne m'en
lasse pas. D'ailleurs, je ne me verrais pas
faire un sport en salle où les paramètres sont
immobiles.
Concilier ta vie d'athlète de haut
niveau et tes études à ESCP, c'était
compliqué ?
Oui, effectivement. À ESCP, je ne connaissais
pas la vie nocturne étudiante. J'étudiais à
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