ESCP ALUMNI magazine - #198 - Mai 2022 - 70

Campus ❙ À la rencontre d'un étudiant
Propos recueillis par Adrien Candau
Elyze : le match présidentiel
Souvent premier parti de France, l'abstention est le grand mal hexagonal que tente de
pourfendre Grégoire CAZCARRA (22), aujourd'hui étudiant en Master 2 de Management
à ESCP. D'abord via son mouvement Les Engagés, dont les bénévoles écument les lycées
et universités pour que les jeunes ré-investissent la politique. Mais aussi grâce à Elyze, une
application qui permettait de « swiper » les propositions des candidats à la présidentielle, pour
que l'algorithme détermine lequel « match » avec l'utilisateur. Un Tinder politique qui a totalisé
deux millions de téléchargements, en seulement quatre mois.
sous toutes ses formes, qu'il soit citoyen,
entrepreneurial ou solidaire.
Grégoire CAZCARRA (22)
étudiant en Master 2 de Management
co-fondateur de l'application Elyze et
auteur
Grégoire, indépendamment de la
création d'Elyze, tu milites depuis
des années contre l'abstention des
jeunes. Pourquoi ?
Depuis tout jeune, j'ai un grand intérêt pour
la politique internationale et les enjeux géopolitiques.
Quand j'étais au lycée à Bordeaux,
je me suis engagé pour Emmaüs et la banque
alimentaire locale. Ça a renforcé ma volonté
de m'investir dans des projets solidaires. Mais
le vrai détonateur, ça a été le second tour des
législatives en 2017, où l'abstention bat tous
les records. Pour la première fois, plus d'un
français sur deux ne va pas voter, on devient
le pays européen où l'abstention est la plus
forte derrière la Roumanie. Moi, je suis passionné
par l'actualité de la campagne, mais je
constate que mes camarades de classe ne s'y
intéressent pas, ou alors sont dans une forme
de défiance vis-à-vis de la classe politique.
Donc, avec quelques amis bordelais, on décide
de se réunir en fondant Les Engagés. C'est
un mouvement qui essaie de réconcilier les
jeunes avec le débat d'idées et l'engagement
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Ta famille est très politisée ?
Pas particulièrement. Les gens pensent
souvent que mes parents ou des gens de
ma famille font ou faisaient de la politique.
Ce n'est absolument pas le cas. Quand on
lance Les Engagés, je n'ai ni réseau, ni expérience,
ni moyen. Au départ, c'était une sorte
de club de débat à Bordeaux où on se retrouvait
dans un bar, un café, pour débattre de
sujets de société. C'est uniquement au fil des
mois et des années qu'on s'est développé.
Concrètement, qu'est ce que vous
faites aujourd'hui avec les Engagés ?
On intervient dans des universités, grandes
écoles et lycées dans plusieurs villes de France.
On organise des débats, des conférences avec
des personnalités engagées, des élus de tous
bords, des entrepreneurs, des intellectuels,
des dirigeants associatifs...On met en place
des visites de lieux institutionnels comme
l'assemblée nationale. On a aussi pour vocation
de faire naître et émerger des projets fondés
par des jeunes. Le premier d'entre eux,
c'est l'application Elyze, qu'on a créé il y a
quelques mois et qui a été incubée par notre
mouvement.
Parlons d'Elyze, alors. Est ce que tu
peux nous expliquer le principe de
l'application ?
Déjà, ça faisait très longtemps qu'on voulait
mettre en place un outil pour mobiliser les
jeunes pendant cette présidentielle. A partir
d'octobre, avec François Mari, le co-créateur
de l'application, on a commencé à travailler
sur Elyze. Le principe, c'est de présenter
les propositions des candidats de manière
totalement anonymisée, pour qu'on puisse
forger son adhésion sur la seule base de leurs
projets respectifs. Si la proposition plait ou pas
ESCP Alumni Magazine numéro 198 ❙ MAI 2022

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