ESCP ALUMNI magazine - #197 - Février 2022 - 82

Culture ❙ Regards sur le Monde
Le peuple émirati a failli disparaitre, au
début du XXe
siècle. A l'époque, sans les
technologies modernes, il était quasi-impossible
de vivre ici. Il fait 45 degrés de mai
à septembre avec un taux d'humidité très
important et un désert très hostile. Les gens
quittaient le pays, pousses par le climat et
la faim. Un jour on a découvert du pétrole à
Abu Dhabi et la donne a changé. Les dirigeants
émiratis ont fait preuve de beaucoup
de clairvoyance dans la gestion de leurs ressources
pétrolières. Ils ont effectivement eu
recours a de la main d'œuvre étrangère pour
construire leur pays, comme cela a été le cas
dans la plupart des pays comme la France..
Mais les conditions de vie sont bien meilleures
pour les travailleurs pauvres venus
aux EAU par rapport a s'ils étaient restés
au Bangladesh ou au Pakistan. En tant que
français on a tendance à dire, ça n'est pas
possible. C'est de l'exploitation. Mais les
ouvriers sont nourris, décemment logés, et
les 400 dollars par mois envoyés dans son
pays d'origine lui permettent de construire
une maison pour la famille là-bas.
Je ne dis pas que le système est parfait par
rapport au système français de protection
sociale mais il y a une vraie volonté
du peuple émirati de respecter toutes les
normes. Il n'y a pas de travail forcé à ce que
je sache, les organisations internationales
sont librement installées ici.
Cet ethnocentrisme a l'air de
t'agacer ?
Je pense qu'il y a énormément de préjugés
sur les Émirats Arabes Unis. Très souvent ce
que je lis dans la presse française est biaisé
ou inexact. Je trouve notamment incorrect
que l'on parle indistinctement des pays de la
région comme s'ils étaient interchangeables.
On fait souvent référence aux pays du Golfe,
or chaque pays est très différent. Bahreïn,
Oman, le Qatar, le Koweït, l'Arabie Saoudite
et les Émirats Arabes Unis ont plus de différences
que de similarités !
Pour le cinquantenaire du pays,
Dubaï a fait les choses en grand en
accueillant l'exposition universelle,
tu as eu l'occasion d'y aller ?
Oui, je suis allé 6 fois a l'Expo et j'ai trouvé
ça génial. Il y a beaucoup de monde malgré
le Covid. Le thème de l'exposition universelle
est opportunity, mobility, sustainability
et de nombreux pays tels que la Suède, le
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Japon ou l'Italie ont mis en place des expériences
remarquables sur leurs pavillons.
C'est une sorte de tour de monde des dernières
innovations sur ces sujets. Le pavillon
japonais qui est une sorte de démonstration
technologique en réalité augmentée
est époustouflant. Je recommande vivement
aux alumni d'y aller.
Dans quel domaine travailles-tu
actuellement ?
Je travaille sur des projets de développement
d'énergies renouvelables, d'expansion
des réseaux d'eau et d'électricité des Émirats
Arabes Unis. Je dois dire que professionnellement
et personnellement c'est très
épanouissant. Le virage des énergies vertes
a été pris de façon très rapide et très importante
par le pays. J'ai travaillé pendant 5 ans
pour l'équivalent d'EDF à Dubaï. Quand
je les ai rejoints il y avait moins de 2 % de
renouvelable, désormais on est a 10 % et
l'objectif est d'avoir atteint le seuil de 25 %
de renouvelables d'ici 2030. L'ambition est
d'être à 50 % en 2040.
C'est un pays où les choses peuvent
évoluer très vite. On peut faire
bouger les lignes plus vite qu'en
France ?
Oui car les Émirats Arabes Unis ne sont pas
une démocratie mais une dictature éclairée.
Quand la vision est claire au sommet de
l'Etat, les choses se déroulent très vite.
Quels conseils donnerais-tu aux
Alumni souhaitant travailler aux
Emirats Arabes Unis ?
Il faut tenter sa chance et ne pas avoir de
préjugés. C'est un pays où l'on peut arriver
en mode low-cost. Malgré l'image démesurée
et bling-bling véhiculée dans la presse,
il y a un éventail de choix gigantesque.
Certes, il y a un hôtel 7 étoiles comme le
Burj al Arab, mais tu peux aussi te loger
dans un studio en retrait du centre-ville
pour une somme modique. Les Chefs les
plus connus ont leur adresse à Dubai, mais
il y a aussi de nombreux établissements
plus modestes ou l'on peut très bien se
restaurer pour moins de 10 euros. Le cout
de la vie ne doit pas être un frein. Chacun
peut trouver une opportunité en fonction
de son projet. On peut venir s'installer en
tant que jeune diplômé et créer sa société
facilement. La très faible fiscalité facilite
les financements et offre de belles perspectives.
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