ESCP ALUMNI magazine - #197 - Février 2022 - 74

Culture ❙ Interview
Comment se décompose l'espace ?
Il y a cinq univers. « La forêt des sons » est
l'approche la plus scientifique sur qu'est-ce
que le son ? « Machine sonore » est organisée
autour d'instruments imaginaires, des
machines géantes qui permettent d'appréhender
des familles d'instruments. Le troisième
espace est consacré à l'expérience de
la scène. Le quatrième espace est organisé
autour du corps comme instrument. Le cinquième,
qui s'appelle « Par Ici la musique »,
est consacré à l'élaboration du discours
musical. En tout, il y a plus de 200 personnes
qui ont participé à la conception de ce lieu et
l'on retrouve 32 installations.
Combien a été investi pour créer ce
lieu à La Villette ?
En tout, entre la phase de conception, de
viabilisation, c'est environ 10 millions d'euros.
Avant, c'était du béton. C'était resté une
dent creuse du bâtiment de Jean Nouvel
pendant plusieurs années, et Laurent Bayle
souhaitait dédier cet espace à un accueil permanent
pour les enfants.
Parmi les 200 concepteurs du
lieu, il y a par exemple un luthier,
un chorégraphe ou encore des
chercheurs en neurosciences.
Pourquoi des chercheurs en
neurosciences ?
C'est sûr que le chercheur en neurosciences
ne va pas aider au design d'un objet.
En revanche, il peut conforter une démarche
scientifique et pédagogique autour d'un programme.
Par exemple : en quoi le jeu est-il
un ressort d'apprentissage ? Quels sont les
effets bénéfiques de l'écoute d'une musique
enregistrée sur les compétences neuro-cognitives
d'un enfant ? Il y a des études sur
lesquelles on peut s'appuyer pour proposer
des expériences en écho avec ces éléments.
La Cité des sciences et son espace
dédié aux enfants juste à côté d'ici,
c'est une inspiration ?
La Cité des sciences, c'était un modèle
évident dont on ne s'est jamais caché. C'est
notamment en travaillant avec eux que j'ai
mis en place le processus de test and learn.
C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il y avait
une idée, un concept, on l'a fait tester. On
a fait plein d'essais avant d'aboutir à une
installation. Et aujourd'hui, même si certaines
installations sont encore en rodage,
je ne crois pas qu'il y en ait une où l'on se
soit complètement planté. C'était vraiment
important de montrer aux enfants parce
qu'ils sont toujours les meilleurs juges.
La vérité sort de l'oreille des enfants,
alors ?
De l'oreille et du geste. Le drame, ça aurait
été de concevoir ce lieu avec uniquement
des adultes spécialistes de la pédagogie.
C'était vraiment important pour nous d'aller
vers les premiers utilisateurs, les enfants
eux-mêmes. On se met à hauteur d'enfants
pour faire en sorte qu'ils nous indiquent le
chemin. Faire confiance à leur curiosité, leur
ouverture d'esprit, c'est aussi la clef. Ce qui
me frappe, souvent, c'est l'intuition d'un
enfant face à une machine pendant qu'un
adulte essaye de comprendre en lisant le
cartel.
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ESCP Alumni Magazine numéro 197 ❙ FÉVRIER 2022
© © Vincent Leroux
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