ESCP ALUMNI magazine - #196 - Hiver 2021 - 29

Carrière ❙ Alumni of the year
certains ont fait de la pharmacie, d'autres
ont fait du marketing, d'autres encore ont
fait des lettres. Il y a des ingénieurs et des
data scientists. C'est grâce à cette richesse
que l'on crée une dynamique d'intelligence
collective qui permet d'aller plus loin. Mais,
le collaboratif n'est pas inné ; il faut créer
un environnement qui le favorise. Pour cela,
deux choses sont fondamentales pour moi.
Il s'agit de donner une vision. Mais aussi de
créer un contexte de sécurité émotionnelle
pour que les gens osent parler et innover.
C'est génial d'avoir des talents mais s'ils ne
se sentent pas légitimes pour challenger les
avis des autres, cela ne fonctionne pas. Mon
travail, c'est aussi de créer un environnement
où chacun peut exprimer sa différence.
Comment définiriez-vous l'ADN de
La Roche-Posay ?
L'obsession de cette marque, c'est d'utiliser
le meilleur de la dermatologie pour changer
la vie des gens. C'est dans nos gênes depuis
qu'une eau thérapeutique aux vertus
réparatrices a été découverte à La RochePosay.
Nous avons la responsabilité d'être
pionniers, d'innover pour développer
des choses utiles pour les gens, que cela
soit des produits qui fonctionnent encore
mieux, des services de beauty tech, des
campagnes de santé publique. En réalité,
nous nous considérons comme des skin
health activists, des activistes de la santé
de la peau. Et je crois que c'est une mission
dont nous sommes dignes puisque La
Roche-Posay est tellement utile et efficace
que c'est aujourd'hui la première marque
recommandée par les dermatologues dans
le monde.
Depuis que vous êtes à la tête de la
marque, vous avez insisté sur cette
responsabilité ?
Tout à fait. Nous ne voulons pas innover
juste pour le plaisir d'innover, mais pour être
utiles au gens. Et pour cela, il nous semble
nécessaire de travailler main dans la main
avec les dermatologues et les professionnels
de santé qui sont au plus près des patients.
D'année en année nous avons donc élargi
notre équipe médicale et mondialisé nos
relations avec les médecins pour offrir des
solutions adaptées et inclusives en fonction
des différents territoires où nous sommes
présents et des différentes couleurs de peau.
Si la marque est aujourd'hui numéro 1, c'est
qu'elle a su s'établir comme une référence
dermatologique au niveau mondial. C'est
aussi car nous avons insisté sur notre
vocation d'entreprise à mission. Encore une
fois notre vocation c'est de changer la vie des
gens qui ont des problèmes de peau.
Pour quelle raison, souhaitez-vous à
tout prix « changer la vie des gens » ?
Parce que les problèmes de peau peuvent
détruire la vie des gens. 2 milliards de
personnes souffrent de problèmes de
peau dans le monde aujourd'hui, c'est un
vrai enjeu de santé publique. En regardant
toutes les études cliniques, on constate que
les problèmes de peau ont un vrai impact
sur la qualité de vie, l'estime de soi, la santé
mentale des gens. Par exemple, 50% des
adolescents qui ont de l'acné ont tendance
à s'isoler, 79% des personnes qui souffrent
d'eczéma s'absentent régulièrement au
travail. En tant que leader du secteur
dermatologique, c'est notre rôle d'en parler
et partager des solutions. Il faut donner de la
visibilité à ce sujet qui est encore méconnu.
Votre dernier combat, vous le menez
en faveur des gens qui souffrent de
cancer.
Nous investissons effectivement beaucoup
sur l'accompagnement de patients victimes
de cancer car 80 % des patients qui ont reçu
des traitements souffrent d'effets secondaires
cutanés. Cela peut se manifester par des
brûlures, des fissures, des démangeaisons.
C'est effarant de constater cela et personne
n'est au courant. Nous souhaitons rendre
ce sujet qui est souvent tabou visible mais
aussi offrir des solutions pour y remédier.
Nous travaillons donc avec des oncologues
et des dermatologues pour proposer
des produits innovants aux patients sous
traitement. Nous avons également lancé une
campagne de sensibilisation pour dire qu'il
y a des solutions aux problèmes de peau liés
au traitement.
Quels sont les défis de la marque
pour demain ?
Ma responsabilité en tant que directrice
générale d'une marque qui réalise plus
d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires,
c'est aussi d'accomplir une mission
philanthropique et d'avoir un impact positif.
Notre volonté c'est de devenir le Patagonia
de la Peau. Patagonia est à la base une
ESCP Alumni Magazine numéro 196 ❙ HIVER 2021
marque de vêtements de sports outdoor,
dont l'ADN est l'innovation. Mais ce sont
aussi des gens très engagés qui disent : « we
are in business to save our home planet ».
Ils versent d'ailleurs 1% de leurs revenus
pour sauver la planète, nous souhaitons faire
la même chose pour soutenir les gens qui
souffrent de cancers.
Qu'est-ce qui vous rend fière quand
vous regardez dans le rétroviseur ?
D'un point de vue personnel, ce qui me rend
fière, c'est d'avoir créé une super famille,
avec mes trois enfants (19, 16 et 14 ans) et
mon mari. D'un point de vue professionnel,
au-delà de mes responsabilités
passionnantes, je suis très fière d'avoir un
impact sur le monde extérieur grâce à la
Roche Posay. Je suis également très heureuse
d'avoir pu constituer une équipe géniale de
gens venus de tous horizons qui travaillent
dur pour cracker des grands sujets.
2 milliards
de personnes
souffrent de
problèmes de peau
dans le monde
aujourd'hui, c'est
un vrai enjeu de
santé publique.
Ses conseils aux
futurs diplomés
Dream Big, dare and enjoy ! Il faut
voir grand, ne pas se fixer de limites
et prendre du plaisir. Osez faire des
choses qui vont vous épanouir et
ne faites pas de choix par défaut
pour satisfaire votre entourage. De
temps en temps, vous échouerez,
mais c'est comme au ski : quand on
veut aller chercher la médaille, il ne
faut pas avoir peur de la chute !
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