ESCP ALUMNI magazine - #196 - Hiver 2021 - 23

Carrière ❙ Alumni of the year
Par Florian Lefèvre
Pommes d'amour
Prendre soin de la peau avec des produits 100% naturels à base de pommes,
c'était le pari audacieux lancé par Aline FOULET (01) en 2011. Dix ans plus
tard : la marque Akane croque à pleines dents le marché des cosmétiques.
et produits dans l'Hérault ». Et, bien sûr, les
fruits à la base des produits sont toujours
récoltés chaque année en Corrèze, dans les
vergers de Reygades, par un certain Bernard
Trassoudaine. Cet appel improbable de
Hong Kong n'était donc pas un canular.
Aline FOULET (01)
fondatrice d'Akane
B
ernard a d'abord cru à un canular.
Nous sommes au printemps 2011,
et comme tous les jours, l'éleveur-producteur
corrézien s'occupe de ses
bêtes, quand il reçoit ce midi-là un appel
curieux. « Bonjour, je m'appelle Aline Foulet.
Je voudrais vous acheter des pommes Akane ».
Jusqu'ici, pourquoi pas ; Bernard invite son
interlocutrice à rappeler dans l'après-midi.
« Je ne peux pas, parce que je suis à Hong
Kong. Il est déjà 18h ici », reprend la voix au
bout du fil. Bernard se demande s'il a bien
entendu... Une inconnue à l'autre bout du
monde veut lui acheter des pommes, et
pas n'importe lesquelles : la variété Akane,
originaire du Japon. C'est bien ça ? « Oui,
et vous allez rigoler. C'est pour fabriquer des
cosmétiques. Et je vais même vous acheter des
feuilles... » À ce moment-là de la conversation,
Aline Foulet avait l'habitude de se faire
raccrocher au nez. Pas cette fois-ci. « OK, on
se rappelle demain », répond Bernard, mi-intrigué,
mi-amusé.
Un peu plus de dix ans plus tard, la
marque Akane fondée par Aline Foulet
génère environ un million d'euros de
chiffre d'affaires. Son entreprise de huit
collaborateurs propose une gamme de
25 soins à base de pommes, tous 100%
d'origine naturelle, « pensés à Montmartre
ESCP Alumni Magazine numéro 196 ❙ HIVER 2021
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Avant de partir en quête de pommes pour
concevoir des cosmétiques bio, Aline a vécu
une première carrière dans le marketing
chez L'Oréal. Elle se rappelle de cette
réunion avec le patron des laboratoires
comme d'un point de départ : « Il nous a
parlé des bienfaits de la pomme. ça avait l'air
de n'intéresser personne, mais moi, je me suis
dit : « en fait, c'est génial ! Il doit bien y avoir
une application pour la peau ». Donc, j'ai
fait quelques recherches... » Et il se trouve
qu'en effet, le fruit est gorgé en polyphénols,
de puissants antioxydants qui permettent
notamment de lutter contre le vieillissement
biologique.
Mais qu'est-ce qui motive à quitter le
leader mondial de la beauté ? Pour Aline,
l'envie d'entreprendre est surtout partie
d'un constat : une dissonance entre ce que
son groupe industriel vendait aux gens, et
la réalité. « J'ai bossé pour des marques qui
mettaient des ingrédients naturels sur les
packagings, alors que les formules ne l'étaient
pas. Ce n'était plus possible, pour moi, de
continuer sur cette lancée. »
Des bureaux de L'Oréal au marché
de Tokyo
Au tournant des années 2010, le green
and clean ne s'était pas encore répandu
sur la société française. Les rayons bio des
supermarchés étaient minuscules et peu de
monde s'intéressait à la composition des
produits alimentaires, encore moins des
produits de beauté. « Il n'y avait pas beaucoup
d'accès à l'information et puis, en fait, tout le
monde s'en foutait », contextualise Aline.
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