ESCP ALUMNI magazine - #196 - Hiver 2021 - 20

Dossier ❙ Tribune
Par Dounia Ammor
Le Coaching bio-inspiré
Dounia AMMOR (97) est coach certifiée ICF. Depuis qu'elle a découvert le biomimétisme lors
d'une formation, elle développe sa propre approche de coaching bio-inspiré. Une méthode qui
pourrait bien favoriser l'émergence d'un véritable éco-management. Introduction à la bio-inspiration.
Dounia AMMOR (97)
coach certifiée ICF
V
oilà encore une idée qui ne casse
pas trois pattes à un canard. Que
diable vient faire la nature dans le
monde des affaires ? Vous vous dites peutêtre
« Si je fais appel à un coach, ce serait pour
m'améliorer ou favoriser l'efficacité de mes
équipes, pas pour discuter des plantes et des
océans ! ». Et pourtant...
Au sein des entreprises, plus que jamais,
chacun est confronté au défi permanent
de s'adapter au changement, d'ajuster sa
place au sein d'un écosystème mouvant et
incertain. L'on y recherche régulièrement
des solutions pour pérenniser son activité,
innover et se développer, pour résoudre
des conflits ou mieux collaborer autour
d'un projet commun. Or, c'est ce que
font les êtres vivants depuis 3,8 milliards
d'années ! Une immense bibliothèque de
savoirs est là sous nos yeux, avec en bonus
la sélection naturelle de ce qui marche. Et
une discipline transversale s'attache depuis
peu à l'explorer plus systématiquement au
service d'un développement humain plus
durable : le biomimétisme.
Si l'Homme s'est toujours inspiré de
la nature, pour créer des machines
extraordinaires comme de magnifiques
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œuvres d'art, la notion de biomimétisme
(biomimicry en anglais) n'a été théorisée
qu'en 1998 par la scientifique américaine
Janine BENYUS. Le biomimétisme consiste
à s'inspirer de propriétés observées sur
des organismes vivants pour créer des
conceptions performantes et durables. Il
s'appuie sur des principes communs à tous
les êtres vivants (les 16 lois du vivant selon
Hoagland et Dodson) ainsi que sur une
démarche scientifique structurée. Dès lors, à
partir de la traduction d'une problématique
humaine (technique, environnementale,
sociale), il est possible de rechercher dans
le monde du vivant comment d'autres êtres
ont apporté des solutions ingénieuses à
cette question, puis expérimenter leur
transposition dans le contexte souhaité,
tout en gardant pour guides l'efficacité et
la soutenabilité des solutions retenues.
Des applications passionnantes existent
déjà dans de nombreux domaines, allant
de l'énergie aux biomatériaux, en passant
par l'architecture ou le design. Prenons
l'exemple du Shinkansen, l'équivalent
japonais du TGV. En observant un martinpêcheur,
l'ingénieur japonais Eiki Nakatsu
s'interroge : pourquoi ce train est aussi
bruyant quand il pénètre dans un tunnel,
alors que l'oiseau parvient à plonger dans
l'eau sans aucune éclaboussure. Les deux
phénomènes sont comparables : le train
comme l'oiseau rencontrent brusquement
une forte résistance. Mais le martin-pêcheur
traverse l'eau comme une fleur grâce à son
bec tranchant. Nakatsu repense donc le
design du Shinkansen en s'inspirant du bec
long et tranchant de cet oiseau. À l'image
de Japan Railways , de grandes entreprises
intègrent désormais le biomimétisme dans
leur stratégie pour innover et se transformer
(L'Oréal, Safran, Engie, Yves Rocher...).
ESCP Alumni Magazine numéro 196 ❙ HIVER 2021
Mais l'idée de biomimétisme ne se limite
pas à l'innovation industrielle, et il m'a
semblé intéressant de regarder comment la
bio-inspiration peut servir à accompagner
l'évolution d'un individu ou d'une
organisation. L'être humain fait partie du
vivant, il rencontre des problématiques
similaires et son fonctionnement répond,
par essence, aux mêmes principes.
Durant un coaching, utiliser avec mon
client une métaphore naturelle favorise
l'expression de sa problématique, permet de
débusquer des croyances ou des aspirations
sous-jacentes. Choisir un ou deux principes
parmi les Lois du vivant pour guider nos
échanges (la vie se crée par essais-erreurs,
le vivant est interdépendant) ou la citation
de Hoagland & Dodson «À partir de
Si je fais appel
à un coach,
ce serait pour
m'améliorer
ou favoriser
l'efficacité de
mes équipes, pas
pour discuter
des plantes et des
océans !

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