ESCP ALUMNI magazine - #195 - Automne 2021 - 68

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de la ressource humaine, salariés comme
bénévoles, que nous avons à disposition.
Tous les rapports d'enquêtes ne donnent
pas forcément lieu à une plainte, mais elles
peuvent en découler. Ça a été le cas avec
Apple. L'amende qui leur a été infligée a été
négociée en France, mais l'entreprise a eu
une sanction financière similaire en Italie.
Aux USA, des plaintes ont été déposées par
des avocats et des consommateurs et Apple
a également été condamné.
HOP reste une structure relativement
modeste. Vous vous opposez à l'action
de grandes firmes. Le combat n'est-il
pas trop déséquilibré ?
C'est sûr que nous n'avons pas les mêmes
moyens que les grosses entreprises, mais
le droit pénal nous permet d'établir des
soupçons argumentés. Après, c'est au procureur
de s'en saisir et à la Direction générale
de la Concurrence, de la Consommation
et de la Répression des fraudes (DGCCRF)
de faire l'enquête. Pouvoir compter sur les
services et moyens de l'État, qui sont neutres,
facilite notre action.
Certaines de vos plaintes ont quand
même plus de mal à aboutir. On
pense notamment à celle que vous
avez émise contre le fabricant
d'imprimantes EPSON en 2017.
Pourquoi la procédure judiciaire
est-elle aussi longue ?
Dans ce cas, on reprochait à EPSON de
réduire volontairement la durée de vie de ses
cartouches d'encre. Cette plainte est effectivement
toujours en cours de traitement.
C'est très long, car ça tient à l'écriture du
délit en tant que tel, qui, dans son interprétation,
est assez complexe à manipuler pour
les juges. Il est notamment difficile de prouver
la double intentionnalité qui caractérise
le délit.
La double intentionnalité ?
Par double intentionnalité, j' entends qu'il
faut prouver l'intention de réduire la durée
de vie d'un produit, mais aussi l'intention
de le faire pour que ça augmente les ventes.
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ESCP Alumni Magazine numéro 195 ❙ AUTOMNE 2021
Plaidez-vous pour une législation
plus punitive, pour combattre
efficacement l'obsolescence
programmée ?
Je ne sais pas si c'est le terme que j'utiliserais,
mais je vais vous donner un exemple: dernièrement,
on a déposé deux plaintes auprès
du jury de la déontologie publicitaire, pour
signaler que des publicités étaient contre les
valeurs environnementales. Concrètement,
il ne s'est rien passé, car nous ne sommes pas
assez armés juridiquement pour lutter contre
cette pratique-là. Dans le cadre de notre plaidoyer,nous
demandons de meilleurs outils
pour lutter contre l'obsolescence culturelle
L'obsolescence culturelle ?
C'est un phénomène qui accompagne l'obsolescence
programmée. Schématiquement,
l'obsolescence culturelle consiste à persuader
le consommateur via l'usage de la publicité,
du marketing, qu'il doit accélérer sa consommation
de produits neufs, renouveler des
équipements pour répondre
à des besoins de changement,
de mode...Certaines marques
envoient un message contradictoire:
on ne peut pas d'un
coté dire au client " consommez
plus responsable " , lui
fournir des indicateurs comme
l'indice de réparabilité et dans
le même temps le bombarder
d'injonctions à consommer
toujours plus. C'est antagonique,
en termes d'impact
écologique.
Dernièrement, vous aviez également
mis en avant le risque d'obsolescence
des êtres humains. Que voulez-vous
dire par là ?
Les questions de transhumanisme sont
très intéressantes. On le voit avec les objets
connectés, qui ont un pouvoir croissant
sur nous. Il y a un enjeu démocratique que
convoquent ces objets. Notamment via
le pouvoir qu'ils octroient aux entreprises,
qui ont parfois beaucoup d'informations
et de contrôle sur nous, grâce à ces produits
et sur ces produits. La question,c'est : et si
nos corps devenaient des produits, dont les
capacités seraient augmentées par la technologie
? Nos enveloppes deviendraient alors
dépendantes d'innovations techniques perpétuelles.
Je crois qu'il faudra absolument
s'interroger sur ces nouvelles formes potentielles
d'obsolescence.
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