ESCP ALUMNI magazine - #195 - Automne 2021 - 67

Culture ❙ Green is good !
Propos recueillis Adrien Candau
Au top du Hip-HOP
Titulaire d'un doctorat en sciences de gestion à l'ESCP, Laetitia Vasseur (PhD 22) a fondé
l'association HOP (halte à l'obsolescence programmée) en 2015. L'objectif ? Combattre les
pratiques entrepreneuriales qui consistent à réduire artificiellement la durée de vie d'un produit,
pour forcer le consommateur à en acquérir un neuf en guise de remplacement. Une pratique antiécologique,
qu'il a fallu porter à l'attention du plus grand nombre et combattre juridiquement.
Laetitia VASSEUR (PhD 22)
fondatrice de l'association HOP
circulaire de février 2020 (NDLR : il s'agit
d'une note sur dix, obligatoire pour certains
produits électroménagers et électroniques,
qui indique s'ils sont aisément réparables
ou pas). Enfin, le troisième volet de notre
action, c'est de travailler avec les entreprises
elles-mêmes, à travers un club de la durabilité
que nous animons, et qui dessine des
solutions et objectifs pour lutter contre l'obsolescence
programmée. Nous avons déjà
25 firmes qui se sont engagées à nos côtés
à cet effet.
Laetitia, en premier lieu, pouvezvous
nous expliquer ce que fait
concrètement HOP ?
HOP agit contre l'obsolescence programmée
: un procédé qui consiste pour les
entreprises à limiter délibérément la durée
de vie d'un produit, pour en augmenter
le taux de remplacement. On combat le phénomène
à un triple niveau. D'abord, au
niveau des consommateurs, pour les fédérer
directement, les alerter et leur proposer
des solutions alternatives qui engagent des
produits et matières durables. Ensuite au
niveau politique, pour encadrer et améliorer,
à travers les lois et règlements, l'allongement
de la durée de vie des produits.
A titre d'exemple, on a obtenu la mise en
place d'un l'indice de réparabilité sur certaines
gammes de produits, introduit par
la loi anti-gaspillage pour une économie
Qu'est-ce qui vous a poussé à dédier
votre vie professionnelle à la lutte
contre l'obsolescence programmée ?
En fait, j'ai toujours été passionnée par
les enjeux de consommation. Je me suis
familiarisée avec les problématiques liées
à l'obsolescence programmée via un documentaire
et ça regroupait justement des
thématiques économiques et environnementales
qui m'intéressaient particulièrement.
A l'époque, j'étais collaboratrice
parlementaire et j'ai proposé de légiférer
sur le sujet. Mon sénateur m'a accompagnée
dans cette démarche et, en 2015,
l'amendement sur le délit d'obsolescence
programmée a été adopté. Théoriquement,
il empêche de réduire artificiellement
la durée de vie d'un produit.
C'est là que vous vous êtes décidée à
créer HOP, alors ?
D'abord, je suis partie voyager quelques
mois et, à mon retour, j'ai tout plaqué pour
créer l'association HOP. La récente introduction
du délit d'obsolescence programmée
était une opportunité pour moi de soutenir
et approfondir l'action autour de cette
ESCP Alumni Magazine numéro 195 ❙ AUTOMNE 2021
thématique, sur les plans juridiques comme
médiatiques. Au début, HOP ne devait être
qu'une initiative citoyenne que je portais,
autour de laquelle je réunissais quelques
amis compétents sur le sujet. Mais, rapidement,
on a eu plus de bénévoles et j'ai pu me
salarier pour pouvoir me consacrer à HOP
à plein temps.
Le message est passé plus vite que
prévu ?
I l n'existait pas d'association sur
le sujet et il n'en existe toujours pas vraiment,
donc je pense qu'on était précurseurs,
en fait. Assez rapidement, on a aussi
été très entendus par les médias. En 2015,
juste après la création de l'association, j'ai
publié une première tribune dans Libération
sur des thématiques liées à l'obsolescence
programmée qui expliquait comment la loi
venait d'être votée. On était en plein dans
l'actualité. On a pu tout de suite expliciter
les enjeux liés à cette thématique et l'action
de l'association.
Un des plus grands coups d'éclat
de HOP est d'avoir porté plainte
et réussi à faire condamner Apple
en février 2020, à une amende de
25 millions d'euros.
Tout à fait. La marque encourageait le téléchargement
de mises à jour qui ralentissaient
les smartphones, ce qui incitait de
nombreux utilisateurs à remplacer prématurément
leur appareil.
Comment démontrer l'irrégularité
de telles pratiques ?
Généralement, on fait d'abord un rapport
d'enquête, rapport dont le contenu dépend
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