ESCP ALUMNI magazine - #195 - Automne 2021 - 28

Carrière ❙ La grande interview
un coup de main pour lever de l'argent.
Nous avons réussi à faire entrer au capital
un fonds d'investissement, ce qui nous a
permis d'envisager un développement.
Ensuite nous avons complètement réorienté
la stratégie du groupe. Nous nous sommes
dit que les boites de nuit nous donnaient
un ADN festif et qu'il fallait les garder
mais qu'en revanche on devait se mettre à
faire de l'évènementiel corpo, des salles de
concert et surtout de la restauration. Nous
avons donc amorcé un virage et transformé
le groupe.
Comment vous répartissez-vous les
tâches avec votre associé ?
En grossissant un peu le trait, Laurent
s'occupe du développement, de la
communication et de l'exploitation sur
certains métiers, et moi je m'occupe
de la stratégie, la structuration, des
actionnaires et du M&A. Nous n'aimons
pas les mêmes choses et nous ne
faisons pas les mêmes choses. Nous
sommes hyper complémentaires, c'est une
vraie force.
Aujourd'hui comment définiriezvous
l'ADN de Paris Society
Je dirais que c'est un ADN qui marche
sur deux jambes. Un ADN chic et festif.
Nous avons un côté très high end, le beau,
et le souci du détail sont importants pour
nous. Mais nous avons aussi un côté très
festif. Un endroit comme le Piaf qui est un
restaurant festif avec un pianiste est un peu
la synthèse de ces deux aspects de notre
ADN. L'idée dans cet endroit était de créer
un concept destiné à la génération des
personnes de 35 à 50 ans qui ne veulent
pas sortir en boite de nuit mais souhaitent
s'amuser jusqu'à 2 heures du matin.
Ce côté festif, il fait partie intégrante
de l'histoire du groupe. On imagine
dès lors que vous êtes de gros fêtards ?
Laurent a acheté sa première boite de nuit
à 18 ans. Cet ADN de la nuit, c'est la raison
d'être originelle de Noctis. Nous en sommes
venus à la restauration mais nous venons de
la nuit. En revanche, Laurent n'a jamais bu
une goutte d'alcool de sa vie. C'est ingérable
de faire ce métier, d'évoluer dans ce monde,
si on est fêtard. Pour autant, il nous arrive
de profiter des lieux de temps en temps, on
n'est pas chiants à mourir (rires) !
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Girafe
Vous avez décidé il y a quelques
années de renommer Noctis en Paris
Society, pourquoi ?
Je me suis tout simplement dit que Paris
était le meilleur nom au monde ! Paris, c'est
une marque très attractive notamment pour
les étrangers. En raison de notre ancrage
et de nos valeurs il fallait capitaliser sur ce
nom en pensant déjà à une future expansion
internationale.
Quelle est votre ambition quand vous
lancez un nouveau lieu et y a-t-il une
recette du succès ?
Nous essayons de créer une marque et une
identité forte en investissant beaucoup dans
la décoration et la création du concept.
Notre positionnement au départ, il est
assez bourgeois et parisien. Nous aimons
faire la fête et nous aimons les belles
choses. C'est ainsi qu'on a construit nos
premiers restos. Il y a l'idée que les clients
de nos clubs deviendraient les clients de
nos restaurants. En fait nous imaginons
des lieux qui pourraient plaire à nos amis
et on se dit que si cela plait à nos amis c'est
gagné. Il n'y a pas de raison que cela ne
plaise pas au public. Ça, c'est le point de
départ, et nous avons poussé dans ce sens
quand nous avons vu que ça prenait.
A quel moment justement il y a eu un
point d'inflexion et vous vous êtes dit
que « ça prenait » ?
Au moment du lancement de Monsieur Bleu
en 2014, nous avons réalisé que l'on cassait
ESCP Alumni Magazine numéro 195 ❙ AUTOMNE 2021
les codes de la restauration traditionnelle,
que peu de personnes faisaient cela. Ça
a été un succès immédiat, il s'est passé
quelque chose. Très vite, nous avons
gagné de nombreux prix architecturaux,
nous étions dans tous les magazines de
monde. Des clients comme Chanel ou
Hermès ont fait appel à nous pour leurs
événements pendant la fashion week. Nous
avons compris que nous avions touché
quelque chose d'un peu différent. Peu de
restaurateurs mettent autant d'énergie
et de précision dans le détail, le décor,
la scénographie du service. Et y ajoutent une
touche festive avec un bar. Nous avons très
Nous imaginons
des lieux qui
pourraient plaire
à nos amis. Si cela
plaît à nos amis, il
n'y a pas de raison
que cela ne plaise
pas au public.
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