ESCP ALUMNI magazine - #194 - Été 2021 - 44

Carrière ❙ Parcours singulier
Par Florian Lefèvre
Sortir du bois
Ancienne directrice des ressources humaines chez Alstom, Cécile Michel (MEB 98) s'est
reconvertie en 2019 dans la menuiserie en fondant Matmo & co . Avec son associé, elle fabrique
des meubles en bois en utilisant le fraisage numérique. Résultat ? Elle s'épanouit pleinement dans
sa nouvelle vie.
Cécile MICHEL (MEB 98)
Fondatrice de Matmo & Co
on retrouve, par exemple, des portes de
dressing coulissantes, un secrétaire à
abattant ou encore des panneaux pour
parcours pédagogique. Dalcio, qui est
Brésilien, s'occupe principalement de la
conception et de la fabrication, quand Cécile
gère l'aspect commercial et tout ce qui va
donner l'aspect final au produit (ponçage,
huilage...). Et si l'activité ne permet pas
encore aujourd'hui aux deux associés de se
payer, Cécile a trouvé ce qu'elle recherchait
depuis plusieurs années : l'épanouissement
dans sa vie professionnelle.
«
Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des
rendez-vous », écrivait Paul Éluard.
Encore faut-il les provoquer,
aurait pu ajouter le poète surréaliste. C'est
ce qu'a fait Cécile Michel en discutant avec
Dalcio Martinho de son projet de fabriquer
des meubles en bois lors d'une soirée en
2019. Lui est ingénieur de formation, elle,
vient de passer vingt ans dans des grands
groupes et envisage une reconversion. Après
cette rencontre fortuite, le tandem se forme
et investit une manufacture collaborative
à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. « On a
commencé à travailler en dilettante, retrace
Cécile. Ça marchait pas mal, on s'entendait
bien, alors un an et demi plus tard, on a décidé
de créer une entreprise tous les deux. »
Le concept de matmo & co (pour « matière »,
« motif » et « couleur ») ? « Au départ, c'était
de fabriquer des façades et des portes qui
s'adaptaient sur différents types de structures,
explique l'entrepreneuse. Et puis, une fois
qu'on s'est fait la main là-dessus, on a décidé
de se lancer dans des meubles complets, du
sur-mesure pour aménager des appartements,
des galeries d'exposition... » Sur leur site,
44 ❙
ESCP Alumni Magazine numéro 194 ❙ ÉTÉ 2021
Le burn‑out et l'esprit vagabond
Avant d'être artisan menuisier, la diplômée
du « Master in European Business » d'ESCP
a travaillé pour General Electric et Areva, où
elle a essentiellement fait de la gestion de
pro-jet pour créer des activités nouvelles au
sein de ces grands groupes. Ensuite, elle est
Elle bifurque ensuite chez Hello Tomorrow,
une start-up de conseil en management et
innovation. « Mais je me suis vite aperçu que
je retrouvais la même chose que ce que j'avais
voulu quitter, c'est-à-dire des grands groupes
qui dysfonctionnent et qu'il faut aider à mieux
faire fonctionner. (...) Ce n'est pas que je ne
savais pas le faire, mais ça ne m'intéressait plus.
J'avais fait ça toute ma vie. » Au tournant de
la quarantaine, Cécile dresse ce constat :
« je m'investis énormément dans des boîtes
passée chez Alstom, en tant que directrice
des ressources humaines. En 2014, la DRH
annonce un plan social au siège de la
multinationale spécialisée dans le secteur
des transports. « Là, je me suis dit : " je ne veux
plus faire ça " ». Elle fait un burn-out. « Pas
un truc grave, mais j'étais épuisée. C'était
un signe de plus qui me montrait qu'il fallait
faire autre chose. »

ESCP ALUMNI magazine - #194 - Été 2021

Table des matières de la publication ESCP ALUMNI magazine - #194 - Été 2021