ESCP ALUMNI magazine - #194 - Été 2021 - 29

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accès à des nourritures de qualité. Début
mai, ils étaient « à fond » dans la recherche
de foncier en Seine-Saint-Denis. « Nous
avons rencontré plusieurs collectivités et nous
sommes en train de finir notre dossier pour
répondre à l'appel à projets Parisculteurs »,
précise Paul.
Pourquoi faire de l'aquaponie ? Pour s'affranchir
du sol, là où le milieu ne le permet
pas en raison de la pollution, l'aridité, du
manque de terrain disponible mais aussi
pour réduire sa consommation en eau. « On
consomme 200 m3
associé souhaitent s'inspirer. « On cherche
à construire une ferme de 2000 m2
dans une
d'eau par an. Si c'était en
pleine terre, il en faudrait 2000 », situe Thomas
Boisserie, le fondateur de la Ferme de
Pauline dans un reportage du vidéaste Pierre
Girard. Cette ferme aquaponique située près
de Bordeaux réalise un chiffre d'affaires
de 150 000 euros par an en production et
vente de maraîchage. Et l'entreprise girondine
espère multiplier le nombre par dix
en construisant actuellement une ferme
aquaponique de 5 000 m2
, la plus grande
d'Europe. « La ville n'a pas vocation à tourner
le dos à la campagne, poursuit Thomas. Au
contraire. Par la présence de structures productives
en ville, ça permet de ré-ouvrir les yeux
des urbains à une agriculture paysanne. » C'est
précisément ce modèle dont Paul et son
serre. À l'intérieur, il y aurait 80% de la surface
au sol dédiée aux plantes et 20% aux poissons,
détaille Paul. On a la volonté de produire des
plantes aromatiques, des fleurs comestibles, des
légumes feuilles (salades...), des légumes-fruits
(tomates, aubergines...). Et à côté, on va élever
de la truite. Et peut-être faire du fumage. » Le
tout, sans lumière artificielle, ni chauffage,
ni pesticides. L'ambition du projet possède
également un volet pédagogique, à travers
des ateliers de sensibilisation à l'agriculture
urbaine. Paul et Adrien se verraient à la fois
agriculteur et professeur : « On se rend compte
que peu de gens savent véritablement ce qu'ils
ont dans leur assiette : d'où ça vient ? comment
ça a été produit ?... D'où l'intérêt de faire des
ateliers de sensibilisation. »Et où pourrait-on
acheter leur production ? « Soit en allant dans
des restaurants partenaires, soit en vente directe
à la ferme, soit sur une marketplace (un marché
en ligne, type La Ruche qui dit oui, ndlr),
soit sur notre site... En tout cas, il y aura plusieurs
canaux de distribution », se projette le
Francilien. Mais avant d'en arriver là, il faut
trouver un modèle économique viable dans
un secteur où bien des ambitieux ont perdu
leurs illusions.
Pourquoi les fermes urbaines commerciales
aquaponiques échouent-elles ? C'est justement
le titre du mémoire de fin d'étude
de Paul. Dans ses recherches, il a tenté de
déterminer les obstacles qui bloquent le
développement de l'agriculture urbaine.
Verdict : « il y a des raisons liées à la création
d'entreprise et des raisons propres à l'aquaponie.
La numéro un, c'est l'implantation, pointe
Paul. Ce que j'ai identifié dans mon étude, c'est
que si tu veux être rentable un jour, tu ne peux
pas te permettre de lâcher un demi-million ou
un million d'euros sur l'achat d'un terrain -
parce que ce sont les prix du foncier en Île-deFrance.
Il faut trouver une mise à disposition,
soit à travers des partenariats publics, soit des
partenariats privés. Et nous, on préfère l'option
collectivité publique qui pourrait nous permettre
d'avoir un lieu à disposition avec un
loyer extrêmement faible. » L'aquaponie préfigure-t-elle
l'agriculture de demain à Paris ?
Le futur agriculteur se marre : « Je serais un
peu fou de répondre " non " parce que ça voudrait
dire que je ne crois pas en ce que je fais. Et
je serais un peu prétentieux de répondre " oui " .
En fait, je pense que l'aquaponie mais n'est pas
LA solution, mais fait partie des solutions pour
consommer local et sans intermédiaire. » Si en
plus, cela permet de retrouver le goût des
tomates en été...
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Paul Jamet en 5 dates :
1995 : naissance de Paul à Paris XIe
(rue des Bluets... en face de l'ESCP)
2018 : : traverse l'Atlantique
à la voile, de La Rochelle à
Saint-Martin, aux Antilles
2018-20 : master en entrepreneuriat
et innovation durable à l'ESCP sur
le campus de Berlin, rencontre avec
son futur associé Adrien Roggero
2020 : consacre son mémoire
de fin d'étude à la viabilité des
modèles aquaponiques
2021 : à la recherche de foncier pour
batir sa ferme urbaine à côté de Paris
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