ESCP ALUMNI magazine - #194 - Été 2021 - 25

Dossier ❙ La roue tourne
Le cercle n'est pas fermé ! Il s'enrichit en
permanence. Il faut créer plus de valeur
que celle qu'on vous a apportée.
mot fourre-tout ''recyclage''. Alexis Figeac
pointe du doigt les limites de ce modèle :
« Même aujourd'hui, le recyclage n'est pas
évident puisque quand vous jetez vos ordures,
vous ne faites pas la différence entre un
polyéthylène, un PCV ou un polypropylène.
Et dans les centres de tri, ce n'est pas toujours
possible de faire ces distinctions. Dans une
véritable économie circulaire, on aurait des
filières qui récupèrent elles-même ce qu'elles
mettent sur le marché. C'est la responsabilité du
producteur. Est-ce que Samsung ne concevrait
pas ses produits différemment si les gens
étaient obligés de déposer leurs vieux appareils
en magasin ? La vision, c'est de concevoir
les choses de telle sorte qu'on peut, dans le
design du produit, démonter, désassembler,
récupérer les matières premières et faire de la
re-fabrication. »
Forcer les producteurs à récupérer les
produits usagés, c'est une chose. Mais
leur faire comprendre qu'ils peuvent
encore tirer des revenus de leurs déchets
ou d'objets vétustes en est une autre. Car
une fois les nobles intentions affichées et
l'idée de recyclage à peu près acceptée,
reste cette question, fondamentale pour
un entrepreneur : comment créer de la
valeur à partir d'un modèle qui fonctionne
en circuit fermé ? Le premier coup de pied
dans la fourmilière est offert par Grégoire
Bleu (03), co- fondateur et président de
UpCycle, une PME oeuvrant à ce que les
déchets alimentaires soient compostés sur
place par les entreprises, les restaurants ou
les collectivités : « Le cercle n'est pas fermé !
Il s'enrichit en permanence. Il faut créer plus
de valeur que celle qu'on vous a apportée. »
Grégoire Bleu illustre son propos en
piochant un exemple maison, celui de son
entreprise qui récupère du marc de café
avant qu'il ne soit jeté et qui s'en sert pour
faire pousser des pleurotes, un champignon
couleur crème au goût de noisette. Bleu
conclut : « Le cercle parfait n'existe pas. Soit
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vous avez un cercle qui réduit de la valeur, c'est
le cas le beaucoup de procédés de recyclage :
vous avez un carton d'une belle facture et vous
en faites un carton mois bon. Soit vous arrivez
à apporter de la valeur au déchet qu'on va vous
donner, c'est le cas d'un biodéchet, quand vous
arrivez à le transformer en un produit haut de
gamme. Si je suis capable de prendre du marc
de café et de le livrer à Thierry Marx, c'est
que vraisemblablement, j'ai créé de la valeur.
Le cercle va de la machine à café aux tables
étoilées. » Présenté comme ça, le modèle
de l'économie circulaire apparaît comme
une évidence. Mais comme dirait l'adage,
si c'était si facile, tout le monde le ferait. Et
dans les faits, les obstacles empêchant la
démocratisation de ce schéma à une échelle
plus globale restent légion.
Changement d'ADN
Appliquer les règles de l'économie circulaire
à des produits alimentaires semble instinctif
et respecte une certaine logique, puisque le
cycle de la matière existe dans la nature. En
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