ESCP ALUMNI magazine - #193 - 1er trimestre 2021 - 77

Campus ❙ À la rencontre d'un étudiant

Il y a des jours
où tu n'as pas
envie de regarder
combien de
personnes sont
mortes
en France.
écrit à la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal, pour lui demander de publier
ces données en open data. Je suis sûr que
si des chercheurs comme Guillaume Rozier
ou Germain Forestier avaient accès à ces
données, ils seraient capables d'en faire
des analyses et de concevoir des outils qui
permettraient d'anticiper l'évolution de
l'épidémie. La réponse du ministère ? Pour
l'instant, c'est un peu compliqué...
T u e s a u s s i à l 'o r i g i n e d ' u n
calculateur de risque d'être en
contact avec une personne contaminée, un outil que l'on retrouve
sur le site CovidTracker...
C'est Guillaume Rozier, un ingénieur, qui a
fondé le site CovidTracker. Il y a un mois et
demi, je lui ai envoyé un message pour lui
proposer que l'on travaille ensemble sur un
calculateur de risques de croiser une personne contaminée. Ça a bien marché, d'ailleurs, ensuite, on a fait un comparateur de
vagues et des effets du confinement.

nombre de cas réels ». Est-ce que
vous avez fait évoluer le calculateur ?
Effectivement, on a apporté des mises à
jour pour tendre vers le taux de prévalence.
Le taux de préva-lence, c'est le nombre de
personnes qui sont malades à un moment
donné (on ne connaît pas cette donnée, par
définition), donc c'est un taux supérieur
au taux d'incidence, qui est mesuré par les
tests. En sachant que le taux d'incidence
sous-estime peut-être de deux à trois fois
la circulation du virus, désormais, dans le
calculateur sur le site CovidTracker, quand
la personne choisit son département, elle
va voir trois résultats : le taux d'incidence ;
le corrigé fois deux ; le corrigé fois trois.
Pour autant, on n'a pas voulu imposer la
multiplication par deux ou par trois, car on
pense que le taux d'incidence est déjà surestimé étant donné qu'une personne testée
positive se sait malade et va rester chez elle
a priori. C'est un phénomène qui compense
le « sous-dépistage ».
Si les gens viennent consulter
ces données épidémiologiques
sur ton compte Twitter ou sur
CovidTracker, c'est peut-être dû
au fait que cette communication
a parfois manqué de la part du
gouvernement, non ?
Ce n'est que depuis très récemment que l'on
retrouve des graphiques dans les allocutions

du Président et du Premier ministre. Au
début, cela me faisait rire quand les gens
me disaient : « vous faites ce que le gouvernement ne fait pas ». Quand on me le redit
en décembre, cela me fait un peu moins rire.
Mais il y a une prise de conscience de la
part des autorités sur le sujet. D'ailleurs, sur
la nouvelle application Tous AntiCovid, les
chiffres clés sont disponibles.
Est-ce que tu t'attends à continuer
à faire des graphiques encore
longtemps ?
Je n'espère pas !
Et qu'est-ce qui te motive à y
consacrer tout ce temps en tant que
bénévole ?
Il y a des jours où tu n'as pas envie de regarder combien de personnes sont mortes en
France. Sauf que tu le fais et derrière, tu
reçois 15 messages de gens qui te disent :« le
confinement, c'est très dur, mais vos courbes
m'aident à comprendre la situation ». Et là,
tu te sens utile. Si ça peut être ma petite
pierre à l'édifice, il faut quand même le faire.
Pour découvrir une autre facette d'Elias,
rendez-vous avez le questionnaire de
Proust en fin de magazine

Interrogée par le site capital.fr,
l'épidémiologiste Catherine Hill
a déclaré au sujet du calcula-teur
de risque, que cet outil « n'a aucun
intérêt, car les données prises en
compte ne sont pas les bonnes ».
Elle pointe le fait que le calculateur
s'appuie sur le taux d'incidence, qui
ne re-présente que « le nombre de
nouveaux cas connus, donc testés
positifs sur une semaine, et pas le

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