ESCP ALUMNI magazine - #193 - 1er trimestre 2021 - 32

Dossier  ❙ Tribune

Par Arnaud MOUROT (99), VP Ashoka

Quelles compétences pour
comprendre et agir dans
un monde incertain ?
Chez Ashoka, nous accompagnons depuis près de 40 ans
quelque 4 000 Entrepreneurs Sociaux, partout dans le monde,
et nous avons pu observer comment ces derniers ont semblé
mieux résister à la crise que nombre de leurs homologues de
la sphère « business ».

Arnaud MOUROT (99)
VP Ashoka

L

e monde a découvert avec sidération comment, en
dépit de tous nos moyens sanitaires, de nos systèmes
sophistiqués de santé et de protection, un simple virus
pouvait en quelques semaines tout faire vaciller, et nous faire
prendre conscience de notre condition de géant aux pieds
d'argile. Pour les leaders, managers et collaborateurs cette
crise inédite a mis en évidence notre difficulté à accueillir le
changement, à nous adapter et trouver des solutions concrètes
à un monde en pleine mutation. Cette situation nous a renvoyé
à notre condition d'êtres vulnérables, interdépendants alors
que nos sociétés modernes s'étaient jusque-là construites sur
un narratif de maitrise du risque et de sécurité.

Une catégorie d'Entrepreneurs, cependant, a moins subi cette
crise que les autres : ce sont les Entrepreneurs Sociaux. Ces
femmes et ces hommes, dont le but viscéral est de trouver
des solutions innovantes aux grands défis de notre société,
n'ont pas chômé. Cette crise sanitaire a révélé et accru les
disparités déjà très fortes entre les différentes composantes
de notre société, et mis en lumière à quel point nous avions
besoin de ces acteurs jusque-là invisibles. Ils étaient aussi en
première ligne : pour prendre en charge ceux (plus d'un million
en France uniquement) tombés dans la pauvreté durant cette
sinistre période, accompagner les parents totalement perdus
par l'école à la maison, garder le lien avec les plus isolés, permettre aux plus fragiles de passer la tempête...

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Ce qui les rend différents ? L'humilité et l'acceptation d'être
vulnérable, l'empathie, la frugalité, la capacité à prendre des
risques calculés et à faire du test and learn permanent, à pivoter rapidement, et surtout, à impliquer toutes leurs parties
prenantes- à commencer par leurs bénéficiaires - à toutes les
étapes.
A ce socle de soft skills et cette façon de travailler, s'ajoute
une dimension de plus en plus importante : le sens. Ce sens
qui fait cruellement défaut dans nombre d'organisations et
auquel on se rattache comme à une étoile du nord lorsqu'on
est totalement perdu, face à l'immensité des défis qui nous
dépassent. Le fait de savoir communiquer à leurs équipes et
partenaires la raison d'être de leur travail et leur utilité sociale a
largement contribué à les garder focalisés, tournés vers l'avenir
et engagés.
La bonne nouvelle? C'est que ce manque compétences particulières, tout comme le manque de sens peuvent être surmontés!
Certains Entrepreneurs Sociaux de notre réseau accompagnent
même désormais des entreprises, grandes ou petites, désireuses de développer une nouvelle culture d'entreprise et de
remettre le sens au cœur de leurs activités.
Arnoud Raskin est un l'un d'eux. Designer de formation, il se
passionna rapidement pour le sujet de l'éducation des enfants
des rues et décida de mettre ses compétences au service de
la conception et de la distribution d'écoles mobiles capables
d'aller au-devant des enfants, afin de leur permettre de grandir
grâce à des méthodes pédagogiques innovantes. Rapidement il
s'intéressa aux « outperformers », ces enfants qui s'en sortaient
mieux que les autres, et analysa que ces derniers partageaient
4 grandes familles de compétences :

ESCP Alumni Magazine numéro 193  ❙  1er TRIMESTRE 2021
ESCP ALUMNI magazine - #193 - 1er trimestre 2021

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