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CARRIÈRES

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Parcours singulier

Le joyeux bazar
Parcours

singulier
d'Alexia Sena

Il y a quelques années, Alexia SENA (06), diplômée d'un Master comptabilité et finance à
ESCP Business School, jonglait entre ses désirs d'écriture et son quotidien dans un cabinet de
conseil financier. Puis, la Franco-camerounaise a décidé de complétement basculer et de lancer
le podcast « Joyeux Bazar », dans lequel elle aborde les problématiques liées à la multi-culturalité.

Alexia SENA (06)
Journaliste et créatrice du podcast
Joyeux Bazar

lexia SENA (06) se marre
encore. Une prof de maths.
La salle de classe d'un lycée
situé entre Pau et Lourdes, à LestelleBétharram. Et la tentative de tracé
d'un destin. « Après le lycée, j'avais
prévu d'aller à la fac, un peu comme tout
le monde, rejoue aujourd'hui la trentenaire. Mais ça a eu l'air de faire beaucoup
de peine à cette prof'. Du coup, elle m'a
parlé des prépas, elle m'a aidée à remplir mes dossiers et j'ai été prise dans
une prépa HEC, à Toulouse. Puis, derrière, il y a eu les concours, ESCP Business
School, et je suis rentrée en conseil parce
que là-encore, un peu comme avec la fac,
c'était une manière pour moi de ne pas
choisir. » Alexia SENA a souvent eu du
mal à se ranger dans une case, peutêtre avant tout parce qu'elle n'a jamais
voulu le faire, la jeune femme se décrivant comme « structurellement construite

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pour être multi-activités ». C'est aussi ce
que son histoire raconte : née à Paris
de deux parents camerounais, partie
vivre au Cameroun entre ses cinq et
quinze ans, revenue en France pour
finir ses études, en permanence à cheval entre deux pays qui ont construit
sa double-identité. En 2017, elle
boucle de nouveau ses valises avec ses
deux enfants et son mari. Retour au
Cameroun pour un an avec la volonté
de « rééquilibrer les différentes parties »
de sa personnalité. « Au final, ça a été
une année très belle, mais aussi très difficile, rembobine celle qui est sortie de
ESCP en 2006. Sur certaines choses, je
me sentais très à l'aise, mais sur d'autres,
je n'avais plus les codes. Ce n'était pas
dramatique, mais je me suis dit qu'il fallait en faire quelque chose. » Ainsi Alexia
SENA a pour de bon changé de cap et
a décidé de plonger dans un monde
qu'elle ne connaissait que de loin :
celui des podcasts.

Explorer l'identité
multiculturelle
« Le podcast a explosé en France en 2017,
quand j'étais au Cameroun, resitue-telle. Je n'ai donc pas vécu le départ de
ce nouveau mouvement. Mais au même
moment, j'ai commencé à faire des chroniques radios, ce qui a été un exutoire.
J'ai pu mettre en mots mes sentiments de
femme baignée dans deux cultures, vivant
dans son pays d'origine... Quand je suis
revenue en France avec ma famille en
2018, je me suis donc dit qu'il fallait me

lancer. »Voilà comment est né le projet
« Joyeux Bazar », un podcast qui entre
dans la seconde vie d'Alexia SENA,
qui a quitté la finance il y a quelques
années pour devenir rédactrice.
Elle explique la genèse de l'affaire :
« Je vis mon identité mélangée comme
un bazar et un jour, une amie m'a soufflé ce nom, qui est devenu une évidence.
L'objectif est d'explorer l'identité multiculturelle, quelque chose que je ne trouvais pas ailleurs, mais je voulais le faire
sans restriction géographique, c'est-à-dire
sans interroger uniquement des personnes
ayant les mêmes origines que moi. Je souhaitais découvrir pleinement ce qu'est
la double culture, qu'elle soit génétique ou
culturelle. Et si cela me permet de trouver
des éléments de réponse, je me dis que ça
peut aussi en offrir aux autres... » Alexia
SENA a pour le moment dégainé
quatorze épisodes - des récits de parcours - autour de cette thématique et
a débuté la diffusion de la deuxième
saison en septembre. « Ce n'est que le
début, ça va encore grandir », sourit-elle.

" Il faut se nourrir
de nos différents courants "
Derrière ce projet se cache surtout
une volonté : « Je souhaite que ce podcast aide à faire comprendre qu'une personne n'est pas obligée de choisir entre
deux influences. Il faut se nourrir de nos
différents courants. » Derrière le désir de
quitter la finance se cachait également
le souhait de reprendre le contrôle
d'une vie où elle n'avait « plus beaucoup

ESCP Alumni Magazine numéro 192 ❙ NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2020

25/11/2020 09:23

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