ESCP ALUMNI MAGAZINE - #192 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2020 - 18

DOSSIER ❙ Décider, c'est gagné ?

Décider, c'est gagné ?
En entreprise, manager et décider sont intimement liés. Bien manager, c'est prendre
les bonnes décisions. Oui mais qu'est-ce qu'une bonne décision ? Et à défaut de
formule magique, comment aboutir à la meilleure décision possible ? À travers
différents témoignages et partages d'expérience, des dirigeants, entrepreneurs
et décideurs tentent de répondre à cette question.

Comment prendre la bonne décision ?
Tout le monde s'est un jour posé
la question. Placé face à un choix
cornélien, l'homme a tendance à
s'en remettre au ciel, au hasard ou à
espérer un miracle. Avant de réaliser
qu'il n'existe pas de solution divine,
ni de méthode infaillible. Un constat
qui vaut encore plus dans le cadre
professionnel, de nombreux décideurs
en ont fait l'expérience : « Il n'y a pas
de formule magique, sinon tout le monde
l'appliquerait » évacue d'emblée et avec
le sourire, Alexandre PEBEREAU (87),
CEO de Tofane Global. Il n'y a pas non
plus de formule scientifique : « La prise
de décision n'est pas une réaction chimique.
Elle ne répond à aucune règle physique.
Lorsqu'un manager prend une décision, il
ne s'appuie que sur sa propre conviction
qui le pousse, à ce moment précis, à faire
un choix entre différents scénarios afin
d'atteindre les objectifs fixés », explique

Aldo CARDOSO (79)
Management and Financial Consultant

Aldo CARDOSO (79), qui en sait long
sur la complexité et les conséquences de
certaines décisions, puisqu'il a dû gérer le
démantèlement d'Andersen Worldwide
suite à l'affaire ENRON au début du
millénaire. La décision est un processus
souvent lourd, devant lequel personne
n'est infaillible. Il arrive en effet, que des
dirigeants expérimentés se trompent et
prennent la mauvaise décision. Marcel
Bich, roi du stylo-bille, du rasoir et du
briquet jetables, avait d'ailleurs coutume
de dire qu'un patron, « ça prend sept
bonnes décisions pour deux foireuses et
une carrément mauvaise ».

Expérience, compréhension
du monde et courage
Difficile pour autant de jeter la pierre
aux dirigeants, tant l'exercice est
complexe. Selon une récente étude,
« Libérer la Croissance1 » , réalisée par
Oracle NetSuite auprès de plus de
1 000 cadres dirigeants au RoyaumeUni, en France, en Allemagne, dans les
Émirats-Arabes-Unis, au Benelux et dans
les Pays Nordiques, 82 % des personnes
interrogées trouvent que prendre
une décision dans le cadre professionnel
est beaucoup plus stressant et angoissant
que la prise de décision dans la sphère
privée. Les principaux facteurs de stress
mentionnés par les participants sont
la peur d'impacter négativement le
chiffre d'affaires de l'entreprise (43 %),
de nuire à leur réputation (23 %), voire
de perdre leur emploi (13 %). Dans les
organisations qui se définissent ellesmêmes comme les plus performantes,

la peur du risque est encore plus marquée
avec près de 62 % des personnes
interrogées qui admettent privilégier de
manière objective des décisions moins
risquées lorsqu'ils sont conscients
que ces décisions peuvent entraîner
une moins bonne réussite. L'étude révèle
également que près de 7 managers sur
10 reconnaissent suivre leur instinct sans
s'appuyer sur les données mises à leur
disposition.
On peut considérer que dans l'univers
professionnel, une bonne décision est
celle qui apporte une réponse efficace
pour solutionner un problème. Ou
un moyen d'atteindre les objectifs
fixés. Pour parvenir à cette bonne
décision, le dirigeant doit avoir le plus
d'informations possibles à sa disposition
« La prise en compte du contexte et des
paramètres extérieurs est essentielle. Il faut
apprécier la situation à un moment donné,
bien cerner les impacts de la décision et les
changements qu'elle va induire » explique
Aldo CARDOSO.
Pour autant malgré toutes les précautions
prises et les observations faites en
amont, difficile de préjuger de la qualité
d'une décision : « Ce n'est qu'après coup
qu'on peut apprécier si la décision prise
est la bonne et si elle a permis d'atteindre
l'objectif fixé. Au moment de la prise de
décision, le décideur n'a que sa propre
conviction, son expérience pratique, sa
compréhension du monde et son courage
et un degré d'information souvent partiel
pour l'aider à arbitrer ses choix ». Il arrive

1 Pour réaliser cette enquête, NetSuite s'est appuyé sur Raconteur qui a interrogé 1 050 salariés de niveau manager ou supérieur. Les répondants étaient
basés au Royaume-Uni (300 répondants), en France (150 répondants), en Allemagne (150 répondants), aux Emirats Arabes Unis (150 répondants), au Bénélux
(150 répondants) et dans les Pays Nordiques (150 répondants). Ils travaillaient au sein de PME de plusieurs secteurs d'activité. Les participants ont répondu à
un questionnaire en ligne en octobre et novembre 2019.

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