ESCP ALUMNI MAGAZINE - #192 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2020 - 14

LA PERSONNALITÉ DU MOIS  ❙

attendions. Ainsi, on imagine que de
jeunes étudiants de grande école dans
des capitales européennes n'ont
comparativement pas de problème
dans une telle crise sanitaire. Or au
contraire, certains sont isolés par les
restrictions, loin de leurs familles, et
avec la disparition des petits boulots, se
retrouvent sans ressources du jour au
lendemain, ni visibilité financière pour
les échéances de la rentrée.
Face à cette situation, j'ai appelé
Franck Bournois et Christian Mouillon
(77), le  président de la  Fondation
pour leur proposer de monter ce
fonds. Avec la  volonté de créer
une dynamique. Tofane Global donne
100 000 euros (le coût des déplacements
économisés du fait de la pandémie) si
quelqu'un mettait la même somme.
Ils ont tout de suite mis en place
le dispositif ad hoc, et plusieurs Alumni
ont accepté de donner - dont JeanJacques Bienaimé (76), Marguerite
Burghardt (91), Ignacio Garcia Alves
(92), Cyrille Vigneron (82). Nous avons
pu réunir plus de 300 000 euros pour
aider les étudiants en situation difficile et
aucun n'a abandonné ses études.

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Lors de notre édition
précédente, nous demandions
aux Alumni, ce qui rendait
l'école si spéciale, avez-vous
un avis sur la question ?
Ce qui est génial, c'est que depuis ma
sortie l'école est devenue européenne

tout en restant au cœur de chaque ville.
Son développement a accompagné
la construction du Marché Unique, et de
l'Euro, mais aussi la solidarité exprimée
par l'accueil des pays de l'Est sortant de
50 années terribles. Cette dimension fait
toute la particularité de l'école

Vous êtes depuis 3 ans
à la tête de Tofane,
quelle était votre ambition
en créant cette entité ?
Tofane est la  société que j'ai créée
en 2017  en quittant Orange. Nous
sommes un  opérateur international
des opérateurs télécom - une niche
hyper spécialisée. Aujourd'hui il y a
plus de 4 000 opérateurs mobiles, fixes
ou Internet. Comme tout le monde ne
peut pas être directement connecté
avec tout le monde, l'idée est de leur
offrir des solutions d'interconnexion
fiables, alternatives à celles des grands
opérateurs qui peuvent être aussi leurs
concurrents nationaux.

C'est un métier nouveau ?
Pas vraiment ! C'est même l'un  des
plus vieux métiers du monde des
télécommunications, avec l'installation
en 1851 du premier câble sous-marin
télégraphique entre la  France et
l'Angleterre. Ce que Tofane a apporté de
nouveau est la capacité de racheter leur
filiale de connectivité internationale aux
opérateurs qui veulent sortir de ce
métier. Le métier est difficile  avec

une rentabilité insuffisante pour leurs
énormes investissements dans les
réseaux locaux. La demande était
grande : nos 2 premières acquisitions
ont été signées la  même semaine !
Et coïncidence extraordinaire  : c'est
grâce à l'aide de Xavier Weisrock (87) spécialiste de financement bancaire,
retrouvé quelques semaines avant lors
des 30 ans de notre promotion, que nous
avons pu boucler la levée de dette dans
les délais !

Aujourd'hui vous avez réussi
à faire de Tofane Global,
l'un des leaders du marché
Effectivement en un peu plus de 3 ans,
nous sommes devenus un des leaders
avec un  chiffre d'affaire 2019  pro
forma d'1  milliard de dollars après
5 acquisitions - iBasis, inc (USA, PaysBas), SFR International Carrier Services
(France), Portugal Telecom ICS, Altice
Domicana ICS, NOS ICS (Portugal).

Avant Tofane, vous étiez CEO
pendant 7 ans, d'Orange
International Carriers, les
télécommunications, c'est
un secteur qui vous passionne ?
J'ai découvert ce secteur en 2001 quand
Vivendi m'a envoyé à Rabat pour
la  privatisation de Maroc Télécom
comme directeur général et financier.
Il est en apparence peu attractif mais
une fois à l'intérieur, il devient fascinant.
A l'époque, le  business plan pour
justifier l'acquisition était considéré
comme exagéré avec son hypothèse
de 30 % de pénétration du marché en
téléphonie mobile- soit 10  millions
de personnes : c'était presque 10 fois
le nombre de lignes fixes. Stimulé par
la concurrence avec Méditel, et l'attente
des Marocains, le marché atteindra ce
seuil en 3 ans. Aujourd'hui, il est de plus
de 100 % - comme le marché mondial
qui comptent 9 milliards de terminaux,
plus que d'habitants sur la planète. Nous
sommes interconnectés à un point qui
était absolument inimaginable, c'est
enthousiasmant.
L'ouverture des pays à l'international
constitue une sorte de fil rouge dans
mon parcours. Et ce qui me motive

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ESCP Alumni Magazine numéro 192  ❙  NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2020
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