Repères - n°30 / Juillet 2016 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 6

2 Fukushima, l'impact sanitaire d'une catastrophe Surveillance sanitaire. Cinq ans après l'accident, les études sur la santé des personnes exposées aux rejets de Fukushima révèlent que les déplacements des populations auraient, pour le moment, plus d'impacts psychosociaux et sanitaires que les rayonnements. U n séisme, un tsunami, un accident nucléaire, suivis d'une évacuation, ou non, puis d'un retour, ou non. Ce qu'ont subi les habitants de la région et les travailleurs de la centrale de Fukushima-Daiichi depuis cinq ans revêt de multiples facettes. À ce stade, on ne peut ni affirmer, ni réfuter l'apparition de cancers radio-induits à l'heure actuelle ou dans les prochaines années. Les doses reçues par les personnes ayant séjourné dans la province pendant les quatre mois suivant l'accident ont été estimées à l'aide d'un questionnaire "Basic Survey". Suivi thyroïdien des enfants Les autorités japonaises ont mis en place un dépistage des cancers de la thyroïde chez les enfants. Cette glande endocrine, située à la base du cou, fixe l'iode radioactif rejeté lors d'un accident nucléaire. Les plus jeunes - dont la thyroïde est en 6 I Repères N°30 I Juillet 2016 pleine croissance - sont davantage sensibles à cette contamination. Cette pathologie avait augmenté de manière significative dans la région de Tchernobyl (lire encadré p. 8). De 2011 à 2014, 300 000 enfants japonais - sur quelque 360 000 présents dans la préfecture de Fukushima au moment de l'accident - ont bénéficié d'une échographie de la thyroïde. Des analyses biologiques et des ponctions (biopsies) en cas d'anomalie détectée ont ensuite été prescrites : 99 cas ont été diagnostiqués, opérés et confirmés. Cela correspond à une incidence de 11 cas pour 100 000 enfants par an. Ce chiffre est similaire aux observations lors de dépistages dans des zones non touchées par les retombées de l'accident. Il constitue une référence. À mi-chemin de la deuxième campagne, 39 cas suspects ont été identifiés, dont 15 déjà opérés et confirmés. L'occurrence est comprise entre 6 et 15 pour 100 000. Aucun effet ne peut pour le moment être attribué avec certitude aux rayonnements. Ce type de pathologie peut se déclarer des années après l'exposition. Des bilans thyroïdiens seront réalisés tous les deux ans jusqu'à ce que les enfants aient atteint l'âge de 20 ans, puis tous les cinq ans au-delà. Les conclusions de ces prochaines campagnes seront déterminantes pour évoquer un lien éventuel avec la catastrophe. Les femmes enceintes au moment de l'accident Autre population qui bénéficie d'un suivi spécifique : les femmes enceintes au moment de l'accident, ou qui ont déclaré une grossesse depuis. Selon un rapport de l'Université médicale de Fukushima (FMU), l'année de l'accident, de légères hausses des avortements pour les grossesses déclarées entre août 2010 et juillet 2011 (+0,02 %) et des prématurités (+0,99 %) ont été enregistrées. Les chiffres semblent se normaliser l'année suivante, pour les grossesses déclarées entre août 2011 et juillet 2012. Le taux de malformations n'a pas montré d'augmentation par HAP/Quirky China News//REX/SIMPA 1 Ryu Hayano FAITS & PERSPECTIVES

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