Repères - n°29 / Avril 2016 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - (Page 9)
INTÉRÊT PUBLIC
Associer le public à la gestion du
risque des produits contaminés
Post-accidentel. Quelles sont les attentes du public dans la gestion des produits
contaminés après un accident nucléaire ? Des consommateurs, des associatifs
et des professionnels ont exprimé leurs attentes à l'occasion d'une recherche
participative menée dans 11 pays européens.
"D
ans les situations de crise,
tout le monde perd ses
repères, observe Anne
Legentil, conseillère technique au
sein de l'association Familles rurales.
Il faut se préparer à agir vite et efficacement, comme le font les Japonais
en cas de tremblement de terre.
L'information et la pédagogie sont
essentielles avant, pendant et après un
accident. Surtout lorsque les produits
contaminés sont aussi quotidiens que
les aliments." Anne Legentil a participé au panel "consommateurs" du
programme Prepare WP3.
Dans le cadre du projet européen
Prepare sur la gestion d'une situation post-accidentelle, Prepare WP3
a examiné le problème des produits
contaminés, alimentaires ou non.
Coordonné par l'IRSN, il a réuni
11 pays européens. Des panels de
parties prenantes - professionnels,
associatifs, pouvoirs publics - ont
travaillé sur la gestion des risques. La
France et la Suisse ont constitué deux
panels - producteurs/distributeurs et
consommateurs - et un groupe avec
les pouvoirs publics concernés.
mieux comprises par la population.
Informer afin de créer une culture de
la radioprotection avant l'accident est
un enjeu crucial.
"Les témoignages des consommateurs et des producteurs japonais
sur leur expérience de la gestion de
l'accident de Fukushima-Daiichi ont
beaucoup compté dans les échanges.
Par exemple, les pêcheurs ont été
associés au processus d'autorisation
de rejets en mer de la centrale", précise Jean-François Lecomte, expert
en radioprotection à l'IRSN.
Yomiuri
Quelles informations
donner aux citoyens ?
Des mesures
mieux comprises
Le témoignage de producteurs japonais après
Fukushima a intéressé les parties prenantes.
"Pour les produits alimentaires, les
principales questions dans ces situations complexes portent sur la notion
de seuils maximaux admissibles de
radioactivité, leur évolution dans le
temps et l'espace, l'implication participative des différents acteurs. Ou encore
sur l'appropriation des démarches
d'autoprotection, la mesure de la
radioactivité des denrées, le rôle du
marché des produits alimentaires...",
explique Sylvie Charron, adjointe au
chef du Service de l'ouverture à la
société.
Pour les associations de consommateurs, tout devrait être fait pour
éviter un accident et les citoyens
impactés devaient être considérés
comme des victimes qui ont besoin
d'un soutien. Elles ont demandé à
être associées aux décisions prises
par les autorités pour qu'elles soient
Les seuils maximaux de contamination sont des référentiels utiles.
Ils ont pour objectif de minimiser
le risque global, ce qui s'effectue
toujours avec une bonne marge de
sécurité.
Leur dépassement n'indique pas
qu'un aliment soit malsain. Une
méconnaissance de la population en
faisait un facteur de stress.
"Le problème est moins la radioactivité que la désorganisation de la vie
quotidienne, résume Jean-François
Lecomte. Les panels et le retour d'expérience japonais montrent qu'il est
préférable de traiter la situation au
cas par cas en faisant confiance aux
gens, plutôt que de les alerter sur des
seuils préétablis. Passé le moment de
sidération, les filières de production
et de distribution doivent s'engager
dans l'amélioration de la qualité des
produits mis sur le marché." n
www
Pour en savoir plus
sylvie.charron@irsn.fr
l jean-francois.lecomte@irsn.fr
l
Avril 2016 I Repères N°29 I 9
Table des matières de la publication Repères - n°29 / Avril 2016 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
Couverture
Kiosque
Sommaire & Édito
TEMPS FORTS
Une dosimétrie personnalisée pour l’alphathérapie
Comparer les modèles de simulation du comportement du corium
FAITS & PERSPECTIVES L’état de l’environnement cinq ans après Fukushima
INTÉRÊT PUBLIC Associer le public à la gestion du risque des produits contaminés
DOSSIER Radioactivité Tous exposés différemment
EN PRATIQUE Que fait le correspondant Siseri de l’employeur ?
EN DÉBAT Mieux informer le public grâce aux sciences sociales
STRATÉGIE La réforme de la GBPC, pour des dépenses publiques mieux gérées
Repères - n°29 / Avril 2016 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
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