à Paris - n°54 - Printemps 2015 - (Page 28)

balade Patrick Modiano, une écriture en capitale J 28 de l'Occupation que Modiano grandit et partage son enfance entre les pensionnats, les tournées de sa mère comédienne et l'absence de son père. Encore très jeune, il arpente les rues parisiennes et s'imprègne de l'ambiance des boulevards vides et des squares fantomatiques. De ses errances se construit déjà son Paris, à la fois personnage et décor de ses romans. Très vite, l'écriture devient pour lui une échappatoire. En 1960, il fait la rencontre du romancier Raymond Queneau. Ce dernier l'introduit dans le monde de l'édition littéraire. En 1968, La Place de l'Étoile marque l'entrée de Patrick Modiano dans le monde de la littérature. Il n'a que 23 ans et offre à Paris et à l'Occupation une place de choix qu'ils garderont toujours. Le titre fait référence à l'actuelle place Charlesde-Gaulle (8e, 16e et 17e) mais aussi à l'étoile juive. Dans ce récit, le lecteur croise les fantômes des déportés, ainsi que l'ombre de son père qui s'adonnait au marché noir. « Chaque rue, chaque carrefour vous rappellent votre propre vie. Je suis prisonnier d'un Paris qui m'a frappé durant l'enfance et l'adolescence. Un Paris devenu intérieur », explique l'écrivain. © Bruno Coutier/GNO/Picturetank Printemps 2015 e suis né le 30 juillet 1945, à Boulogne-Billancourt, 11 allée Marguerite, d'un juif et d'une Flamande qui s'étaient connus à Paris sous l'Occupation. » Ainsi débute Un pedigree (2005), le roman le plus autobiographique de Patrick Modiano. Ce dernier passe une partie de son enfance au 15, quai de Conti (6e), face à la Seine. Dans Livret de famille, écrit en 1977, il se souvient des éclats de lumière que lançaient sur le mur de sa chambre les projecteurs des bateaux-mouches et des silhouettes des bouquinistes sur les quais. C'est parmi les ruines Depuis toujours, Patrick Modiano arpente Paris et s'imprègne de son atmosphère. Fantômes du passé et du présent se croisent Enfant, lors de ses promenades sur la rive droite, il avait l'habitude de rejoindre son père dans le hall de l'hôtel Claridge ou dans les bars des Champs-Élysées (8e). En tissant des liens entre passé et présent, Modiano entend ainsi renouer avec sa propre histoire. Avec son deuxième roman, La Ronde de nuit (1969), il continue de scruter et d'interroger ces années noires qu'il n'a pas connues. Ce qu'il refait également plus tard, quand il écrit Dora Bruder (1997). Dans ce récit rédigé à la manière d'une enquête, Modiano fouille l'histoire de la capitale en rassemblant les éléments liés à la disparition d'une jeune fille juive. Et cite les lieux de la Shoah oubliés à Paris, comme les camps de Bassano (16e) et de Lévitan (10e). Dora habitait avec ses parents au numéro 41 du boulevard Ornano (18e), près de la porte de Clignancourt. Ce quartier, il le connaît, du temps où il accompagnait sa mère jusqu'au marché aux puces de Saint-Ouen (Seine-SaintDenis). © Amélie Dupont/Paris Tourist Office Jeux de miroir entre mémoire et fiction, ses romans nous entraînent dans son Paris intérieur, qui est aussi le nôtre.

Table des matières de la publication à Paris - n°54 - Printemps 2015

Couverture
Sommaire
PARIS EST CHARLIE
DOSSIER - Mieux respirer à Paris
EN BREF
ÉCLAIRAGE Promenez-vous dans les jardins
INNOVATION
BUDGET
URBANISME
SÉCURITÉ
SPORT
DÉMOCRATIE
REPORTAGE - Immersion dans l’économie circulaire
CULTURE - Vos sorties de ce printemps
DÉCOUVERTE - Les coulisses de la Philharmonie
PORTRAIT Le scénario parisien de Klapisch
BALADE - Modiano : une écriture en capitale
LIVRES
ANNUAIRE
TRIBUNES
HOMMAGE À CABU
AGENDA

à Paris - n°54 - Printemps 2015