À PARIS - N°64 - Hiver 2017-2018 - 27

D É C O U V E R T E S * 27
HÉRITAGE

L'art du cirque,

patrimoine parisien

Depuis plusieurs années, la Ville mène une politique ambitieuse et dynamique en
faveur des arts du cirque. Retour sur l'histoire d'une discipline adoptée par les
Parisiens dès sa création, à la fin du XVIIIe siècle.

Musée Carnavalet / Roger Viollet

avec le titre de plus ancienne salle en activité au monde.
C'est là que l'on assiste au tout premier spectacle de trapèze volant. Mais c'est son concurrent, le cirque Fernando,
à Montmartre (18e), qui donne ses lettres de noblesse aux
clowns (Medrano, Fratellini, etc.). Au cours des décennies
suivantes, Paris cultive sa tradition de terre d'accueil,
attirant les troupes itinérantes de toute l'Europe.

1774. Paris entre en piste
L'invention du cirque moderne n'est pas le fait d'un clown.
Encore moins d'un prestidigitateur. C'est un officier de
cavalerie anglais qui a l'idée de créer le premier spectacle
équestre avec acrobaties en 1768. Six ans plus tard, en
1774, il entre en piste à Paris, puis ouvre le premier établissement fixe rue du Faubourg-du-Temple (11e). Le succès est immédiat. S'ensuivront rapidement d'autres structures pouvant accueillir jusqu'à plus d'un millier de
spectateurs comme le cirque olympique de la famille
Franconi (photo ci-dessus), rue Saint-Honoré (1er), inauguré en 1807. On y présente de véritables reconstitutions
de victoires napoléoniennes, de la voltige à cheval, des
dompteurs. Les artistes circassiens font alors leur numéro
au cœur de la capitale, à même les Champs-Élysées (8e)
qui voient en 1843 l'édification du cirque du même nom.

1970. Nouvelles tendances émergentes
Changement de décor dans les années 1970. Critiqué
pour l'utilisation d'animaux et perçu comme désuet, le
cirque jongle avec son histoire. Un mouvement émerge
alors à Paris mêlant les formes contemporaines d'expression artistique et un retour aux numéros des pionniers.
Silvia Monfort et Alexis Grüss redonnent naissance en
1974 aux numéros équestres anciens dans leur chapiteau
installé dans le Marais (4e). La même année, la première
école de cirque en France lève le rideau dans le 14e. Et
en 1977 a lieu la première édition du Festival du cirque
de demain (photo ci-dessous) dédié aux artistes de moins
de 25 ans. Au tournant des années 2000, la Mairie de
Paris accélère son action en faveur du cirque, à travers
l'accueil de spectacles, le soutien à la création, à la diffusion et à l'émergence de lieux de création, tels que
l'Espace périphérique (19e) qui accueille aujourd'hui en
résidence près de 35 compagnies par an. Les arts circassiens ont encore de beaux jours devant eux !

AGENDA

UN HIVER AU CIRQUE

Jusqu'au printemps, les cirques permanents
renouvellent leur spectacle : « Carnival » au
Cirque électrique, « Exploit » au Cirque d'Hiver Bouglione, « Les nomades tracent les chemins du ciel » au cirque Romanès, « La Nouvelle
Expérience » au cirque Bormann. Quant aux

Marie-Thérése et Gérard Cardoso

1852. L'âge d'or du cirque
La seconde partie du XIXe siècle marque l'âge d'or du
cirque. Symbole de cette époque, le cirque Napoléon ouvre
rue Amelot (11e) en 1852. Rebaptisé Cirque d'Hiver en
1873, il bat tous les records avec ses 3 900 places assises
et ses 40 mètres de diamètre. Son architecte, Jacques
Hittorff, fait surtout appel aux plus grands sculpteurs
pour décorer un bâtiment qui servira dès lors de modèle.
Il sera classé un siècle plus tard monument historique,

itinérants, ils prennent leur quartier d'hiver à
la pelouse de Reuilly (12e) pour la Coopérative
de rue et de cirque, Pinder, Phénix et Arlette
Gruss, et dans le bois de Boulogne (16e) pour
Alexis Gruss. À ne pas manquer, le Festival
mondial du cirque de demain, du 1er au 4 février.
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Hiver 2017-2018 - À P A R I S

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