COMMISSION DU VIEUX PARIS - Actes du colloque du 12 octobre 2011 - (Page 58)
Maisons parisiennes préindustrielles
[ M. Jacques Fredet / Architecte DPLG, ancien professeur à l’ENSA de Paris-Belleville ]
Caractéristiques techniques de leurs enveloppes
Lorsqu’on examine en détail les caractères d’un bâtiment ancien parisien, construit par exemple avant la Première Guerre mondiale et a fortiori un ou deux siècles plus tôt, on est amené à le comparer avec son équivalent d’aujourd’hui — ne serait-ce que pour mieux comprendre ses traits spécifiques. Qu’on le veuille ou non, on s’inscrit alors dans une controverse qui consiste à « comparer » deux mentalités, l’une qualifiée de « préindustrielle », l’autre appartenant effectivement à la « société industrielle ». Mais le mot comparer est ici insuffisant, voire inadéquat : « être capable de se placer dans chacune de ces façons de penser et de construire des bâtiments d’habitation » serait plus approprié. Il nous faut d’abord préciser les limites temporelles des bâtiments dont nous allons parler : ils sont construits avant la Seconde Guerre mondiale, sans y inclure ceux qui comportent des ossatures en béton armé ou en métal, en composition ou derrière des façades en maçonnerie de brique voire de pierre de taille, massive ou plaquée, ce qui renvoie aussi bien aux HBM, ILM, HLM, etc., ainsi qu’aux immeubles dits « de standing » construits par des architectes tels que Guimard, Lavirotte, Sauvage, Jourdain, Perret, Roux-Spitz, et d’autres moins célèbres, mais néanmoins dignes d’intérêt…. Ils ont été mis en œuvre de façon « traditionnelle », ce qui veut dire sans grands changements pendant près de mille ans. Bien qu’ils incorporent peu à peu au XIXe siècle quelques produits industriels (poutrelles en fer, colonnes en fonte, verrières pour cours couvertes), ils ne sont pas conçus ni produits selon un processus industriel (en termes de capital investi, de division du travail, de marché élargi, etc.) et cela jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Ce qui est vrai pour la France ne l’est pas pour l’Allemagne, la Hollande, l’Italie ou la Grande-Bretagne. Dans la construction résidentielle et jusqu’à cette date, le béton armé par exemple, vieux de plus d’un siècle, a été mis en œuvre en France de façon artisanale (voir par exemple le cas de Perret et de ses coffrages pour ainsi dire d’ébénistes). Nous excluons ici de grands ouvrages de génie civil, tel que le mur de l’Atlantique, coulé avec du béton authentiquement français et une organisation entièrement allemande… Voyons comment ces bâtiments que l’on doit qualifier de « préindustriels » sont faits. Pour simplifier nous allons les appeler dans ce qui suit « anciens », en considérant d’abord leurs caractères généraux (il y en a cinq), puis leurs propriétés particulières (une douzaine) visà-vis des échanges hygrothermiques. 1) Ils sont composites quant aux matériaux et à la morphologie de leur structure (surfaces porteuses et ossatures). On y trouve de la pierre calcaire, de la meulière, du bois de chêne, de la chaux, du plâtre sous toutes ses formes, de la brique, de la tuile, de l’ardoise, du fer, de la fonte, du zinc, du plomb, du verre, entre autres matières quasi naturelles, la plupart étant utilisées depuis la nuit des temps. À l’opposé, la structure du bâtiment de logement collectif d’aujourd’hui est entièrement homogène depuis les fondations jusqu’au « toitterrasse » : béton armé en dalles pleines dans les planchers, fondations, avec une dominante de voiles porteurs dans les refends et les façades, sauf parfois en rez-de-chaussée et en sous-sols, lorsqu’il y a stockage et circulation d’automobiles. À ce béton armé « à la française », on ajoute un certain nombre de produits industriels de second œuvre, disponibles sur le catalogue des trois ou quatre producteurs ou distributeurs de matériaux qui se partagent le marché. 2) Ils sont adaptables quant à la distribution des pièces et adaptés par les habitants de toutes époques au fur et à mesure de l’évolution de leurs besoins particuliers. Les « besoins » des habitants d’autrefois ne sont pas assimilables à ceux issus de la menta-
58 Actes du colloque patrimoine architectural parisien & développement durable du 12 octobre 2011
Table des matières de la publication COMMISSION DU VIEUX PARIS - Actes du colloque du 12 octobre 2011
Couverture
Sommaire
Avant-propos
PREMIERE TABLE RONDE
- Les leviers d’action : comprendre les règles, les pratiquer et les adapter au contexte parisien
- Mme Élisabeth Borne [Directrice de l’Urbanisme, Ville de Paris] : règles, principes et pratiques à Paris, évolutions souhaitables
- Jean-Marc Blanchecotte [Chef du STAP de Paris] : enjeux énergétiques versus procédures patrimoniales ?
DEUXIEME TABLE RONDE
- De Paris et d’ailleurs : programmes collectifs passés ou en cours
- Mme Isabelle Petitperrin [Directrice du Développement, SGIM ] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences ; réhabilitation énergétique du parc immobilier en brique des années Trente
- Mme Marine Maire [Chargée d’opérations, SGIM ] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences ; réhabilitation d’un immeuble pour la création de sept logements sociaux et un local d’activité
- M. SergeContat [Directeur Général de la RIVP] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences
- Mme Sylvie Laget [Chef de projet, PACT de Paris ] : opération programmée d’amélioration thermique et énergétique des bâtiments du 13e arrondissement
- M. Arnaud Segon [Directeur technique, Agence locale de l’énergie et du climat de l’agglomération grenobloise (ALEc) ] : OPATB en Rhône-Alpes, cas de bâti de l’Ancien Régime aux Trente Glorieuses ; programmes collectifs dans l’agglomération grenobloise
- Mme Sylvie Amselem [Chef du Service réhabilitation et patrimoine urbain de la Ville de Grenoble ] : OPATB en Rhône-Alpes, cas de bâtis de l’Ancien Régime aux Trente Glorieuses ; l’audit architectural et énergétique
TROISIEME TABLE RONDE
- Connaissance matérielle du bâti ancien parisien et enjeux énergétiques : Identifier ses potentiels et caractéristiques pour mieux le transformer
- M. Julien Bigorgne [Ingénieur environnement, Atelier parisien d’urbanisme (APUR) ] : analyse et cartographie de la performance thermique du bâti parisien
- M. Jacques Fredet [Architecte DPLG, ancien professeur à l’ENSA de Paris-Belleville ] : maisons parisiennes préindustrielles ; caractéristiques techniques de leurs enveloppes
- Mme Morgane Colombert [Enseignante chercheur, École des Ingénieurs de la Ville de Paris ] : qualité architecturale et qualité énergétique ; des programmes de recherche pour des solutions innovantes
- M. André Pouget [Ingénieur en physique « physique de l’habitat », Bureau d’Études Thermiques POUGET Consultants ] : le parc existant, une chance pour rénover de manière performante et durable
QUATRIEME TABLE RONDE
- L’architecture parisienne renouvelée par les enjeux énergétiques : démarches de projet et prospectives
- M. Marc Benard [Architecte DPLG, SAS Equateur ] : projets parisiens de réhabilitation ; exemples et prospectives
- M. Christophe Amsler [Architecte EPFL ] : énergétique du patrimoine et projet architectural contemporain
CONCLUSION
Table des illustrations et crédits
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