Repères - N°38 / Juillet 2018 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 8

FAITS ET PERSPECTIVES
Quels signes présents sur
un objet doivent alerter
sur le risque radiologique ?

les experts estiment les doses reçues par les
personnes qui ont pu être exposées avant
que l'alerte ne soit donnée. Parmi les scénarios d'exposition retenus (voir infographie page 6), aucun n'implique une dose
efficace supérieure à 1 mSv par an.

3 questions à...

L'uranium aussi !

Pour en savoir plus
* Radium : base de connaissance
www.irsn.fr/radium
* www.andra.fr/download/site-principal/document/editions/321.pdf
En cas de doute, contacter l'Andra.
Tél. : 01 46 11 83 27 - poleap@andra.fr

Page 8 - Repères N° 38 - juillet 2018

Dans quelles conditions
peut-on bénéficier de cette
gratuité ?

En dessous de 5 000 euros,
deux critères sont pris en
compte : la qualité du
détenteur et la nature des
objets. Les objets contenant du
radium et de l'uranium naturel
sont éligibles, tandis que les
sources scellées ne le sont pas.
L'intervention est assez rapide
- environ un mois. Au-dessus
de ce seuil, qui correspond à
un stock de plusieurs
objets, l'aide est décidée
au cas par cas par la
Cnar. L'intervention
peut alors prendre un
peu plus de temps.

Christophe Dumas

Parfois, des objets susceptibles de contenir de l'uranium sont découverts. En juillet 2017, un particulier habitant Verrièresle-Buisson (Essonne) signale la présence
dans son garage de flacons mentionnant
cet élément chimique. L'IRSN dépêche
une équipe pour en déterminer le taux
d'enrichissement. Préalablement à ces
mesures, les experts vérifient l'ambiance
radiologique du garage et en contrôlent la
non-contamination. Les objets sont conditionnés sous sacs vinyles. Bilan : les flacons
contiennent de l'uranium naturel - isotopes 235 et 238 en proportions cohérentes
avec celles d'un uranium non enrichi.
En janvier 2018, un signalement du même
type est fait par Martine Gibert, à Herblay
(Val-d'Oise). « En rangeant les affaires de
mon mari après son décès, raconte-t-elle,
j'ai découvert des flacons dont les étiquettes
m'ont inquiétée : "nitrate d'uranium", "nitrate d'uranyle"... L'équipe de l'IRSN s'est
rendue à mon domicile et m'a rassurée : il
s'agissait de sels d'uranium utilisés pour
développer des tirages photos et, tant qu'ils
étaient scellés, ce n'était pas dangereux. »
Les experts lui ont toutefois demandé de
les isoler en attendant qu'ils soient enlevés,
pour éviter tout contact accidentel lors de
visites d'amis ou d'enfants. n

Elles sont à la charge du
détenteur s'il a utilisé ou acquis
les objets pour leurs propriétés
radioactives. Pour les
particuliers, les communes
rurales, les établissements
scolaires et les services de
sécurité publique (pompiers,
gendarmerie...), la gratuité
peut être accordée sur avis
de la Commission nationale
des aides dans le domaine
radioactif (Cnar), qui
gère une
subvention
publique.

Responsable de l'instruction
des accords préalables à l'Andra

Mesure radiologique
sur une crème ophtalmique.

Pour les objets les plus récents,
le symbole du trèfle radioactif.
Pour les plus anciens, comme
beaucoup d'objets au radium,
cela peut être le nom du produit
ou sa marque comportant le
mot radium, uranium ou des
dérivés. Les objets d'horlogerie
fabriqués avant les années 1960
et qui brillent la nuit sans avoir
été exposés à la lumière depuis
au moins quarante-huit heures
sont aussi suspects. Si l'objet
est conditionné dans du béton
ou du plomb, cela doit mettre la
puce à l'oreille.

Qui paie ces interventions ?

Au Brésil, des dizaines de milliers
de paratonnerres ont été récupérés
par l'Institut de recherche énergétique
et nucléaire (Ipen).

AILLEURS

Un phénomène mondial

naugurée en France au début du
XXe siècle, l'utilisation du radium s'est
développée en Europe selon une logique
économique. « Un grand nombre de montres
et de réveils ont été fabriqués en Suisse et en
France dans les régions frontalières du Doubs
ou du Jura, explique Fabien Hubert, chef
de service à la direction des opérations
industrielles de l'Agence nationale pour la
gestion des déchets radioactifs (Andra).
Des objets ont été exportés depuis la France
vers les colonies, notamment en Afrique.
Des paratonnerres produits en Europe
occidentale ont été vendus en Turquie,

en Amérique du Sud. » Ces pays sont
aujourd'hui confrontés à la même
problématique : comment prendre en
charge ce qu'il reste de ces objets ?
Dans la plupart des États industrialisés,
les procédures d'intervention auprès des
particuliers sont les mêmes qu'en France.
Des campagnes nationales de collecte sont
organisées - objets médicaux en Belgique
et au Brésil, paratonnerres en Espagne...
La situation est plus préoccupante dans
les pays ne disposant pas de structures
de récupération de ces objets adaptées.
C'est le cas en Afrique.

http://www.irsn.fr/radium http://www.andra.fr/download/site-principal/document/editions/321.pdf

Table des matières de la publication Repères - N°38 / Juillet 2018 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire