Repères - N°38 / Juillet 2018 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 7

FAITS ET PERSPECTIVES

Paratonnerres, montres, boussoles
ou matériel médical hors d'usage...
Plusieurs dizaines d'objets au radium
sont récupérés chaque année.

PROCESS
Radium : comment se déroule une intervention de collecte ?
Le protocole garantit la sécurité des intervenants et du public, et évite toute contamination
résiduelle après l'intervention. Exemple à la station d'épuration de Wattrelos (Nord),
où un tube de radium utilisé en curiethérapie dans les années 1930 a été retrouvé.
Casque

danger immédiat pour le public, l'Agence
intervient pour extraire l'objet et le conditionner, avant de l'emporter. L'ASN se
rend, elle aussi, sur le terrain. « Nous vérifions les mesures prises par le détenteur de
l'objet suspect afin d'éviter tout risque d'irradiation ou de contamination du public,
des travailleurs et de l'environnement, précise Francis Leblanc, inspecteur de la radioprotection de l'ASN pour la division de
Bordeaux. Si ces mesures sont insuffisantes,
nous effectuons des demandes complémentaires. »

Préparation de l'intervention
En amont, les équipes de l'IRSN
élaborent un protocole d'intervention.
Ils analysent les informations
transmises pour planifier les mesures
à effectuer, évaluer les risques et
prévoir les équipements et matériels
à emporter.

Dosimètres
opérationnels
et passifs
Gants
Combinaison
de travail
Chaussures
de sécurité

Disposition de la zone de travail

Celle-ci est adaptée aux contraintes
liées à la configuration des lieux.
Des mesures radiamétriques
sont effectuées à l'aide
d'une sonde télescopique.

Les matières de curage extraites
de la fosse sont déversées dans
un bac de rétention pour
faciliter le tri.

Le sol est couvert d'une
nappe en vinyle.

Un tube de radium
dans une fosse
En mai 2012, les experts interviennent à la
station d'épuration de Wattrelos (Nord).
L'alarme du portique de détection de radioactivité se déclenche au passage d'une
benne. Les mesures réalisées par deux
spécialistes de l'IRSN mettent en évidence
une élévation de radioactivité dans l'une
des fosses, imputable à la présence de radium 226 enfoui dans les boues de curage.
Les valeurs relevées laissent suspecter un
objet de type orum. L'extraction confirme
cette supposition : il s'agit d'un tube de radium anciennement employé dans le domaine médical. Il est aussitôt conditionné
dans un château de plomb et mis en sécurité dans l'attente de sa prise en charge
(voir infographie ci-contre).
À la polyclinique de Niort, les investigations de l'IRSN conduisent à localiser la
source de radioactivité dans une gaine
technique située dans un mur. Cinq aiguilles de radium, utilisées par le passé
pour des traitements gynécologiques,
étaient stockées dans un coffre en plomb
oublié là depuis des années. Elles sont
rapidement caractérisées, conditionnées
et isolées en attendant d'être acheminées
vers l'Andra. À l'issue de l'intervention,

sur
2 Approche
le site contaminé
Les experts effectuent des
relevés radiamétriques et
mesurent la radioactivité dans
la fosse et sur l'ensemble du
site. Résultat : seule une fosse
présente une radioactivité
anormalement élevée, due à la
présence de radium 226 enfoui
dans les matières de curage.

L'objet est manipulé
avec des pinces
à distance.

Radiamètre.
Un mur de plomb
de 5 cm d'épaisseur bloque
le rayonnement.
Une règle est posée au sol pour évaluer l'activité
de l'objet à différentes distances.

Récupération de l'objet

Un contrôle de la contamination surfacique1 par frottis
est effectué. Un échantillon de
matière de curage est analysé
par spectrométrie gamma.
Des mesures radiamétriques
sont réalisées pour l'activité
en radium 2262.

L'objet est conditionné
dans un emballage
en plomb - appelé
château de plomb -
épais de 5 cm.

1. < 0,04 Bq/cm2 pour les rayonnements alpha ; < 0,4 Bq/cm2 pour bêta et gamma
2. Elle est comprise entre 200 et 300 MBq

Le tout est disposé
dans un emballage pour
transport radioactif.
Le colis est entreposé
dans un bâtiment non
utilisé et fermé à clé,
dans l'attente de son
enlèvement par l'Agence
nationale pour la gestion
des déchets.

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